Vous avez toujours rêvé de vous glisser dans la peau d’un enquêteur ? Sherlock Holmes est votre idole ? David Cicurel et la team Lucky Duck Games ont pensé à vous.
Les Experts Londres
Un meurtre à élucider ? Un cambriolage a été commis dans un musée ? Une étrange disparition ? Pas de soucis, munissez vous de votre smartphone ou de votre tablette et partez à la pêche aux indices et menez des interrogatoires musclés. J’entends déjà les réfractaires aux écrans et autres intégristes du jeu de société hurler au scandale. “Quoi ?! Encore un jeu qui nous force à utiliser une application !? Encore un jeu qui nous fait passer encore plus de temps devant un écran ?!” Et bien oui, Chronicles of Crime nécessite une application. Et vous allez passer beaucoup de temps dessus. Le jeu utilise un système de QR Code. Vous voulez visiter un lieu ? Scannez-le et l’application vous décrira ce que vous y trouvez et surtout quelles sont les personnes présentes. Parfois il sera même possible de visiter virtuellement ce lieu afin d’y dénicher divers indices. Un couteau traîne au sol ? Prenez la carte arme blanche et ajoutez-là à votre tableau de preuves. Vous avez un temps limité pour fouiller un lieu. Vous pouvez y retourner autant de fois que vous le voulez mais attention, les heures défilent et il peut se passer beaucoup de choses si vous perdez trop de temps durant votre enquête. Au fur et à mesure de vos fouilles, votre tableau de preuves va se remplir. Vous voulez qu’une personne vous explique pourquoi son portefeuille se trouve chez la victime ? Scannez le personnage pour débuter une discussion puis scannez le portefeuille. Vous pouvez même demander à un personnage de vous parler d’un autre protagoniste. Et si vous voulez “pirater” un téléphone trouvé dans la poche de la victime ou retrouver le propriétaire d’un doigt coupé, il suffit de prendre contact avec l’un des quatre experts à votre disposition. Tout est possible…
2.0
L’application apporte énormément. Les possibilités de dialogues/interactions sont très nombreuses. Chronicles of Crime, grâce à cette appli’, c’est Sherlock Holmes Détective Conseil en plus poussé. En moins bien écrit, avec des enquêtes un peu plus classiques, peut être, mais avec plus de possibilités. Le jeu est plus accessible et facile à appréhender. Plus instinctif. Les sensations sont différentes également. On a ici l’impression de participer à de véritables interrogatoires à base de questions/réponses. La fouille en réalité virtuelle, en plus d’être extrêmement bien réalisée, apporte une grosse dose d’immersion même si, selon moi, elle a l’inconvénient d’isoler un joueur et de frustrer un peu les autres. A la limite à deux joueurs ça passe car il y en a un qui “fouille” le lieu pendant que l’autre cherche et installe les cartes objets. A plus, les autres joueurs font un peu office de spectateurs durant cette phase. C’est pour cette raison que je trouve le jeu plutôt taillé pour le solo ou la coopération à deux. Si vous voulez jouer à plus, je vous conseille fortement (si vous le pouvez) de « streamer » l’image de votre smartphone ou de votre tablette sur une télévision connectée (ou par tout autre moyen existant). Tout le monde participe alors aux fouilles et à la lecture. L’implication est alors la même pour tous et toutes. L’application permet également d’apporter un peu de vie et de réalisme temporel aux enquêtes. Le temps s’écoule lorsque vous effectuez des actions. Vous pouvez débuter votre enquête le matin dans un square et devoir y revenir à la nuit tombée afin de rencontrer d’autres personnages. Il se peut également que des événements inattendus interviennent car vous avez été trop lent. Il arrive également qu’une enquête doive être résolue avant une certaine heure. De quoi donner au jeu encore plus de réalisme et de crédibilité. L’univers est vivant. L’immersion n’en est que plus grande encore. Une fois que vous pensez avoir trouvé le pourquoi du comment de l’enquête en cours vous devez remettre votre rapport à votre supérieur. Vous sera alors posée une série de question. Plus vous répondez juste, plus votre score sera élevé. Plus vos réponses sont fausses… revendez votre boite, les jeux d’enquête ce n’est pas fait pour vous. Rassurez-vous, dans l’ensemble les enquêtes sont assez bien faites pour ne pas trop vous perdre (même si je dois avouer que deux d’entre elles se sont révélées plutôt coriaces). Et si vous êtes complètement perdu, un petit texte explicatif vous fera un petit résumé de l’histoire.
Enrobage graphique
Quand on parle d’immersion il est difficile de passer à cote de l’enrobage graphique (signé Katarzyna Kosobucka, Mateusz Komada, Matijos Gebreselassie). Alors je sais que les goûts et les couleurs ça ne se discute pas, mais je dois avouer être totalement insensible au style graphique de la boite de base. Si les fiches de lieu sont plutôt jolies, je trouve les cartes personnages extrêmement laides. Fades. Et si je précise boite de base, c’est parce qu’il en est tout autre pour les extensions (disponibles, pour le moment, uniquement pour celles et ceux qui ont participé aux KS). La première, Noir, avec son style vieux polar fait mouche. Idem concernant Welcom to Redview et ses illustrations BD colorées. Coté matériel, il n’y a pas grand chose à redire si ce n’est que les cartes et les divers fiches sont un poil fines. Il est à noter que le thermoformage très bien fait est déjà étudié pour accueillir les extensions. Du tout bon quoi. Du tout bon. C’est un peu mon ressenti pour ce Chronicles of Crime. On se prend vite au jeu, on se glisse en deux secondes dans notre rôle, on cogite, on fait des théories fumeuses et on ne voit pas le temps passer. Et même si je trouve les enquêtes de la boite de base un peu convenues, on sent qu’il y a matière à proposer des scénarios dingues. Les possibilités semblent très nombreuses, presque sans limites. Je pense (et j’espère) que les extensions vont nous proposer quelques surprises. Je suis également persuadé que grâce à l’éditeur de scénarios la communauté va nous proposer de vraies petites pépites. Chronicles of Crime est donc un jeu qui promet une durée de vie infinie. A moins d’être totalement réfractaire aux écrans et/ou aux appli’ trop présentes dans les jeux de société je vous recommande chaudement de vous y intéresser.
Time Stories
Après une première campagne Kickstarter réussie, Lucky Duck a remis le couvert pour une nouvelle campagne autour de trois extensions également jouables en stand alone : 1400, 1900 et 2400. A l’heure où j’écris ces lignes, seules les extensions 1400 et 1900 sont disponibles : La première nous place donc dans un Paris moyenâgeux quand la seconde nous dépeint également Paris, mais à la belle époque.
Dans 1400, on incarne Abelard Lavel, jeune chevalier en proie à des visions prophétiques, accompagné de son fidèle chien Perceval. En effet, outre le changement d’époque, ce qui permet à cette extension de se démarquer du jeu initial, c’est l’apport de Perceval, mais aussi des trois membres de votre famille, chacun étant un spécialiste dans son domaine respectif :
- Votre Frère est un espion du roi. Il connaît tout le gotha parisien et n’hésitera pas à vous révéler l’histoire des personnalités que vous rencontrerez.
- Votre Sœur est une riche marchande, qui connaît la valeur des objets mieux que quiconque et pourra, rien qu’en l’examinant, vous dire d’où il vient.
- Votre Oncle est un moine, véritable rat de bibliothèque, qui connaît aussi bien les livres que les plus sombres secrets de l’Eglise et autres cultes parisiens.
Si ces trois-là seront consultables depuis votre demeure familiale, votre chien Perceval lui, vous accompagnera dans tous vos déplacements. Son flair n’a pas son pareil pour retrouver une personne, à partir d’un objet lui ayant appartenu. Enfin, la dernière particularité de 1400 se trouve dans les visions d’Abelard. Car à chaque début d’aventures, vous révélerez 5 cartes illustrées dépeignant une scène de l’histoire que vous allez vivre. Si ces visions n’ont pas de réelles incidences dans le gameplay, elle peuvent parfois vous mettre sur la voie dans votre enquête.
Du côté scenarii, cette extension propose 4 histoires distinctes, plutôt bien écrites et retranscrivant à merveille l’époque moyenâgeuse, même si j’aurai aimé trouver une ambiance plus sombre et plus glauque inspiré du Nom de la Rose, par exemple. De plus, le fait qu’il s’agit d’un stand alone et non d’une extension à proprement parlé, fait qu’il se doit d’être accessible au néophyte. Dès lors, on retrouve à nouveau une enquête facile et deux enquêtes moyennes, pour une seule difficile. Je trouve ça un peu dommage, même si la difficulté reste secondaire dans ce jeu et que le principal intérêt réside dans l’histoire et les dialogues.
Ce constat est d’ailleurs le même pour 1900, qui propose lui aussi 4 enquêtes : une facile, deux moyennes et une difficile ; la seule différence étant que les enquêtes de difficulté moyenne sont deux chapitres d’une même histoire. Et avec cette deuxième extensions, on avance de 5 siècles dans le temps, pour y incarner Victor Lavel, un journaliste du quotidien « Les Nouvelles de Paris », spécialisé dans les articles à sensation, traitant de cambriolages, kidnappings et autres meurtres. Outre l’époque, ici la principale différence avec le jeu originel, c’est qu’il s’aventure sur les terres de l’Escape Game, en ajoutant à ses mécaniques de jeux, des cartes Enigmes. Chacune de ces cartes se découvrira au fur et à mesure de l’histoire et proposera une énigme à résoudre pour progresser dans votre aventure, mêlant observation et déduction, pour un résultat convaincant. Charlotte, la secrétaire de rédaction du journal, fera ici office de GM pour vous distiller des indices si vous bloquez sur l’une de ces énigmes. Pour le reste, c’est du classique, peut être même un peu trop, pour une extension. Mais quand on aime Chronicles of Crime, on ne boude pas son plaisir à résoudre quatre enquêtes supplémentaires, même si les nouveautés sont distillées avec trop de parcimonie…
On veut des noms !
Outre le créateur du jeu, David Cicurel, et l’illustrateur Matijos Gebreselassie, Chronicles of Crime fait aussi appel à de nombreux auteurs pour enrichir sa panoplie de scenarii.
On y retrouve notamment Fenriss, Grzegorz A. Nowak, Cornélia Rubie, Pierre Compain, Guillaume Montiage, Mark Rein-Hagen et B. Bouchard pour le jeu de base et ses scenarii supplémentaires.
Pour l’extension Noir, on retrouve Stéphane Anquetil à l’écriture et Singhooi Lim ainsi que Huan Lei à l’illustration.
Pour Welcome to Redview, Ghislain Masson est l’auteur quand Przemyslaw Stachura est l’illustrateur.
1400 est écrit par Pierre Buty et Grzegorz A. Nowak, illustré par Barbara Golebiewska, Mateusz Michalski, DaYu, Mateusz Komada et Katarzyna Kosobucka.
Enfin 1900, est écrit par Wojciech Grajkowski et Tomasz Konatkowski, illustré par Karolina Jedrzejak, Aleksandra Wojtas, Matijos Gebreselassie Mateusz Komada et Katarzyna Kosobucka.
1 Commentaire
Chronicles of Crime, Experts 2.0
J’ai enfin fait la quasi totalité des scénarii disponibles à ce jour (me reste le dernier de la campagne et le DLC) et j’ai vraiment beaucoup aimé.
On est constamment mis sous pression mais jamais pris par la main. Ce qui fait qu’on se sent véritablement maître de son enquête.
Et la VR est un joli plus qui fait son petit effet wahou.
Pas testé en grand comité, mais à deux joueurs ça marche plutôt pas mal. Le premier regarde la scène et décrit ce qu’il voit, pendant que le second chercher les indices parmi les nombreuses cartes à disposition. Puis on inverse les rôles.
Enfin, je suis moins critique que Nachcar sur la partie graphique des cartes personnages. Elle ne fera pas date dans l’histoire du chara-design, mais de là à dire qu’elles sont laides…