Première extension pour le superbe Abyss de Bruno Cathala, Kraken était attendu comme le messie, pour renouveler un jeu dont on se lasse malheureusement bien trop vite. Objectif réussi ?
C’est quoi ce jeu ?
Abyss Kraken est la première extension pour Abyss, sorti l’année dernière. Bruno Cathala et Charles Chevallier en sont toujours les auteurs, Xavier Collette toujours l’illustrateur… et quelles illustrations, mes amis ! Quelles illustrations ! L’idée est toujours de prendre le contrôle des profondeurs océaniques grâce à notre influence, mais cette extension nous propose d’ajouter une nouvelle corde à notre arc ; une corde bien connu de nos amis politiciens : La corruption ! Mais attention, s’il n’existe pas ici de juge Van Ruymbeke pour vous faire tomber, l’art de la corruption n’en reste pas moins sans conséquence si on n’assure pas un minimum ses arrières…
Dans la boite
Dans la boite, on retrouve plein de nouvelles cartes, que ça soit pour illustrer les 18 nouveaux Seigneurs (huit contrebandiers + deux nouveaux seigneurs par guilde), les 7 nouveaux alliés (les Kraken) ou encore les 25 cartes « butin », un trésor à découvrir grâce aux épaves, quatre des six nouveaux lieux proposés dans cette extension. On y trouve également de nouvelles perles, les Nebulis, que j’ai toujours pensé noires alors qu’elles sont finalement argentées, ainsi qu’une figurine de Kraken pour identifier le plus corrompus des joueurs de la partie. Une boite bien fournie donc, qu’on ne peut malheureusement intégrer à la boite originelle, qu’en forçant un peu et en optimisant le moindre espace laissé. Bon, d’un côté on peut louer le fait que Bruno Cathala n’avait sans doute pas encore imaginé l’extension. On ne peut donc pas l’accuser d’avoir amputé volontairement le jeu originel (comme ça peut se faire régulièrement dans le jeu vidéo, et dans une moindre mesure, le jeu de société). Mais d’un autre, ça nous oblige à bourrer la boite ras-la-gueule ou sortir systématiquement celle de l’extension.
Comment on joue ?
Kraken ne modifie en rien les mécaniques de base d’Abyss, elle ajoute surtout une méthode détournée pour recruter des seigneurs, à savoir la corruption. Ces malversations sont ici symbolisées par les Nebulis, des perles argentées (et non noires, comme pressenties… dommage) servant de monnaie parallèle, qu’on gagne au fur et à mesure de la partie par le biais de nouveaux alliés : Les Krakens. Ces alliés, de valeurs 2 à 4, sont des jokers pouvant remplacer n’importe quel autre peuple afin de recruter des seigneurs. Ces alliés ont plusieurs particularités : La première c’est que n’ayant pas de couleur, ils ne peuvent être fédérés. C’est parfois pénalisant, mais c’est aussi et surtout bénéfique, notamment lorsqu’on les associe à un allié fort (qu’on peut alors fédérer sans problème, l’allié Kraken étant défaussé). Par contre, dès que vous utilisez un allié Kraken, vous gagnez autant de Nebulis qu’indiqué sur la carte (1 à 3 en fonction de son niveau), que vous devrez absolument écouler avant la fin de la partie (utiliser un allié kraken en fin de partie s’avère donc très dangereux).
Car certes, ces Nebulis sont elles aussi des perles Joker. Tout comme leurs homologues blanches, elles peuvent vous permettre de compléter votre main d’alliés afin d’atteindre la valeur d’achat du seigneur convoité. Seulement, il n’est possible d’en utiliser qu’une seule par recrutement, et seulement s’il ne vous reste plus de perles en banque. S’en débarrasser s’avère donc très compliqué, sans le soutien d’un ou plusieurs seigneurs Contrebandiers. Et pourtant, il faut tout faire pour s’en débarrasser en cours de partie. Car à la fin, chacune d’elles vous feront perdre 1 Point d’Influence + 5 points supplémentaires pour celui qui en possède le plus (symbolisé par la statuette de Kraken). Un malus qui peut rapidement devenir un cauchemar s’il vous reste des alliés krakens en mains à la fin. En effet, vous gagnerez alors le nombre de Nebulis figurant sur la ou les cartes restante, diminuant toujours plus votre score final.
Outres les Nebulis et les alliés Kraken, on retrouve deux autres nouveautés par rapport au jeu de base : Les sentinelles et les épaves.
Les sentinelles sont trois seigneurs, que vous pouvez recruter comme n’importe quel autre de leurs congénères, à ceci près que leurs pouvoirs vous attribueront un jeton sentinelle à leur effigie, qui vous permettra de réserver un Seigneur présent sur le plateau, une pile du conseil ou un des lieux disponibles.
Les épaves quant à elles, sont quatre lieux à ajouter à la pioche, que vous pourrez explorer à votre guise via des cartes butins. Le lieu en lui-même ne rapportera pas de points, seules les cartes le feront. Chacune d’elles disposent d’un certain nombre de Points d’Influence (entre 3 et 7) qui s’additionnent entre eux, pour un total qui ne peut excéder 25 points. En effet, à chaque carte tirée, le joueur peut choisir de s’arrêter là ou continuer à piocher. Seulement, s’il pioche une carte surmontée d’un numéro déjà pioché au préalable, l’exploration s’arrête obligatoirement et les deux cartes de même valeur s’annulent. La gourmandise peut donc vous faire atteindre les 25 points si vous avez beaucoup de chance, mais aussi vous faire tout perdre si vous tirez deux fois la même carte d’emblée.
Conclusion
Si je suis plutôt revenu de la version de base d’Abyss, que je trouve mal équilibrée et trop redondante (surtout à deux joueurs), je suis d’avantage convaincu par cette extension qui renouvelle plutôt bien les mécaniques et le plaisir de jeu. Le côté double tranchant des Nebulis est vraiment à prendre au sérieux et la possibilité de réserver cartes et lieux avec les sentinelles fout bien le boxon dans la partie des adversaires. Bref, toujours plus d’interactivité et d’agressivité avec les autres joueurs, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Toutefois, j’émettrais quelques bémols, comme l’absence inexplicable d’un nouveau scoreboard, alors que rien n’est prévu sur celui d’origine, pour le malus relatif aux Nebulis. Il y a également le problème cité plus haut, de la difficulté de tout ranger dans la boite, mais c’est secondaire. Plus ennuyeux, certaines interactions entre nouvelles et anciennes cartes/lieux, sont plutôt floues dans les règles. Le déséquilibre du jeu de base reste également de mise, même s’il est pas mal atténué avec l’apport des Nebulis et contrebandiers. Perso, j’ai tout de même retiré du jeu le lieu qui permet d’en choisir un dans la pioche par exemple. Il est beaucoup, beaucoup trop puissant. Et puis, je reste persuadé que c’est un jeu qui se bonifie avec le nombre de joueurs. A deux, ça perd beaucoup de son charme. Donc si vous jouez l’essentiel du temps avec juste Madame ou Monsieur, réfléchissez-y à deux fois…
1 Commentaire
Abyss Kraken, l’extension corrompue
Perso j’adore ce jeu et ne m’en lasse pas. Je pense clairement qu’y jouer à deux est une erreur impardonnable ! 😀
Va falloir que je me jette rapidement sur cette extension (et sur l’artbook du jeu… s’il est encore dispo quelque part…)