La Dame en Noir, la nalyse

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Parfois il suffit de peu de choses pour susciter ma curiosité au cinéma. Par exemple, sortir un film produit par la Hammer…

La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime. (Un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)

Je vous l’introduis tout entier

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Tu sais pas où tu poses tes valoches l’ami, tu ferais mieux de rentrer chez toi.
La Hammer est une maison de production de cinéma mythique qui a fait dans les années 50 et 60 des films d’épouvante (ou bis) magistralement ambiancés (Le Cauchemar de Dracula, La Revanche de Frankenstein, Le chien des Baskerville, Les Deux visages du Docteur Jekyll etc) avant de s’écrouler dans les années 70 suite au renouveau du film d’horreur (majoritairement gore) qu’ils n’ont pas suivi. A l’heure où l’épouvante truste le box-office avec bien souvent de la grosse merde mal fagotée, ils ressuscitent en 2010 avec Laisse-moi entrer qui est passé inaperçu mais surtout La Dame en Noir sorti il y a quelques jours au cinéma…

Le pitch dans ta potch

Etre notaire dans l’Angleterre de l’époque Victorienne, c’est pas tous les jours facile. C’est le cas d’Arthur Kipps, qui doit se rendre dans un tout petit bled paumé pour régler la succession d’une vieille bicoque pourrie dont la proprio est récemment décédée… La Hammer revisite ici le principe de la maison hantée.

Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)

La Dame en Noir n’invente rien et ne réinvente rien. Seulement, face à une concurrence qui torche ses films sans y mettre le savoir faire et/ou qui se ridiculise dans des débauches de gore inutile, donner à son long métrage une ambiance travaillée, de bons acteurs et un bon réalisateur suffit à remettre les choses à leur place…

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Cette scène que j’appelle  »touchpad » est ma préférée du film.

Pour faire peur il y a plusieurs écoles, la plus répandue (et la plus facile mais généralement aussi la plus efficace) est celle du sursaut. Pour une maison hantée c’est plutôt logique après tout, mais il n’y a vraiment rien d’original là-dedans. Depuis tout petit on s’amuse à foutre la trouille en se cachant dans un coin puis au moment où la grand-mère arrive (j’aimais bien faire peur aux grand-mères, ça a le cœur fragile, succès assuré) hop on surgit en hurlant. Au cinéma le procédé est quasiment le même à savoir « je fais surgir une image flippante tout à coup à l’écran en foutant au même moment le son à fond », moi ça fait bien longtemps que je ne sursaute plus à ça, mais force est de constater que j’ai rarement vu une salle de cinoche aussi réceptive (dans le bon sens du terme) à un film d’épouvante qu’en allant voir La Dame en Noir. Ca ne trompe pas quant à la qualité de l’ambiance d’un film qui d’ailleurs fonctionne très bien au box-office. La première bonne idée de la Hammer a été d’aller chercher un acteur bankable mais qui a encore des choses à prouver, à savoir Daniel Radcliffe (Harry Potter, que je n’ai jamais aimé, le film pas l’acteur). Le bonhomme est très bon et tout le casting dans la même lignée, ça fait déjà beaucoup pour correctement faire ressentir des émotions. On est bien plus impliqué quand on croit vraiment au personnage qui avance à pas de loup la peur au ventre que lorsqu’on se fout de la gueule des cons qui jouent comme des moules.

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La photo, du film, pas juste celle-ci en particulier, est superbe.
La seconde bonne idée a été d’aller chercher un réalisateur qui n’allait pas faire chier et qui ferait tout pour bien travailler : James Watkins (qui, coup de bol, avait jusqu’ici fait un peu de la merde, surtout en tant que scénariste). Parce que si je n’ai pas sursauté, j’ai énormément apprécié le boulot qui a été fait sur l’image et sur le décor victorien. Le côté bouseux ignares et superstitieux des villageois rappelle un peu Lovecraft d’ailleurs (ajoutez une pluie battante tout le long du métrage), tandis que mettre le manoir abandonné au milieu de nulle part et le rendre inaccessible (ou empêcher de s’en échapper surtout…) selon divers créneaux horaires à cause d’une marée est parfaitement judicieux…

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Forcément un film d’épouvante ne serait pas un film d’épouvante sans son lot de personnages fous.
Vous ajoutez à ça une histoire de fantôme, des enfants qui meurent à la pelle, un côté huis clos volontaire, un maquillage sobre et efficace, et oui, comme des cons, vous allez être plein à sursauter toutes les 3 secondes ou au moins apprécier le boulot. J’étais dedans tout du long, rien ne m’a sorti du film, pas le moindre détail, et c’est sans aucun doute ce qui fait qu’un film d’épouvante est bon ou non, une totale immersion est suffisamment rare pour être signalée. Le seul souci vient probablement du côté « basique » du procédé du sursaut. Non pas pour son manque d’originalité puisqu’il est bien maîtrisé (l’important c’est souvent ce qu’on en fait), mais si ça passe comme un zboub sous lubrifiant au cinoche, c’est justement parce que c’est un film de cinéma… Si vous n’allez pas le voir en salles et que votre équipement est parfaitement basique chez vous (comprendre pas de home cinéma ni de TV géante) vous n’apprécierez sans doute pas La Dame en Noir comme il mériterait qu’on l’apprécie. En tout cas, la Hammer est visiblement bel et bien de retour et ça, c’est bien.

https://youtube.com/watch?v=hL17hmRJDWk%3Fversion%3D3%26hl%3Dfr_FR%26rel%3D0

Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix

La Dame en Noir est adapté d’un roman de Susan Hill.
– Il y a eu une version TV du film en 1989. C’est Adrian Rawlins qui tenait le rôle titre d’Arthur Kipps. Adrian Rawlins qui joue dans Harry Potter le rôle de… James Potter, père de Harry Potter/Daniel Radcliffe… Ca pour une coïncidence !
– Les décors sont tous naturels, si vous voulez vous retrouver dans un authentique village de bouseux Anglais, rendez-vous donc à Halton Gill, dans la région des Yorkshire Dales, où toutes les maisons ont plus de 400 ans…

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