J’aimerai buter les gens qui disent sans cesse « j’avoue », ceux qui parlent du nombre de fps en guise de défauts dans les jeux vidéo comme s’ils les avaient calculé à l’oeil nu, ceux qui bousculent sans s’excuser, ceux qui tapent dans mon dossier de siège au cinéma, les gens qui ne répondent pas quand on les contacte etc…
La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)
Je vous l’introduis tout entier
Sorti le mois dernier dans quelques salles, God Bless America dispose d’un postulat de base assez jouissif qui aurait pu satisfaire bon nombres de personnes excédées par notre société actuelle…
Le pitch dans ta potch
Frank habite une maison où les murs sont très fins, ses voisins sont insupportables, gueulards, idiots et prétentieux, son ex femme ne la soutient pas dans son désir de pouvoir revoir un peu leur fille (capricieuse au possible), il se fait virer sans pitié de son taff pour harcèlement après 11 ans de boite alors qu’il voulait simplement être sympa avec la standardiste, et par dessus le marché il apprend qu’il a une tumeur au cerveau… Plutôt que de s’abattre, chose qu’il avait commencé par envisager, il va abattre toutes les personnes énervantes de notre société (ou plus particulièrement l’américaine, même si elles sont assez similaires), en se faisant rejoindre par une lycéenne toute aussi volontaire.
Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)
Qui n’a jamais rêvé d’éclater la tronche à toutes les personnes présentes dans les émissions d’MTV type « j’ai 16 ans, mes parents sont blindés de fric et font tout ce que je veux et je vais fêter mon anniversaire » ? Aux glands qui érigent en star des attardés qui chantent faux dans les émissions comme « La Nouvelle Star » juste pour se moquer d’eux ? Frank vomit ce nivellement par le bas de nos habitudes culturelles, il vomit aussi ses fameux voisins qu’il imagine buter au fusil à pompe (bébé gueulard compris) dès les premières minutes du film. Il en a marre. J’ai trouvé assez juste aussi ce débat qu’il a avec un de ses collègues fan de ce genre d’émissions, Frank passe pour un espèce de rabat-joie pseudo intellectuel qui se croit au-dessus des autres alors qu’il essaye juste de dire que tout ça n’est qu’un ramassis de merde racoleuses et commerciales qui atrophient la culture, tout le monde ne parle plus que de ça comme si c’était vraiment important, comme s’il n’y avait plus que ça qui existait. Tout le monde veut passer à la TV par n’importe quel moyen et la TV veut par n’importe quel moyen qu’on la regarde.
Il lui fallait un déclic pour se lâcher et partir dans une folie meurtrière, ce fut sa tumeur. Sa première victime est la lycéenne bourgeoise pourrie gâtée dont l’anniversaire est passé à la TV qu’il déglingue au révolver sous les yeux de Roxy, camarade de classe émerveillée par la scène. Alors que Frank se retrouve dans une chambre d’hôtel pour mettre fin à ses jours, Roxy le retrouve et le motive à ne pas s’arrêter là, sinon on le prendrait juste pour un pervers qui a regardé la TV et qui voulait se la faire sans avoir réussi. Par la même occasion, elle le convainc de rester avec lui et de participer à ses activités.
Très vite, et tout le long du film, ils cherchent des gens à supprimer, des gens qui « méritent de mourir ». Plusieurs scènes assez drôles, parce que je suis sûr qu’on l’a tous déjà fait, en tout cas moi c’est le cas, où ils dressent quelques portraits tels que : « les gens qui font des high five », « les gens qui disent actually tout le temps », « les gars qui portent des slims » etc. Mais ils ne dérapent tout de même pas trop dans la démesure et ne tuent concrètement que des vrais cons, type les relou au cinéma qui parlent à voix haute, qui causent au téléphone ou qui jettent du pop-corn. Ils massacrent un rassemblement de manifestants anti-juifs et anti homosexuels, ils butent un animateur radio xénophobe qui encourage la peur etc.
Sans même avoir besoin d’un long discours, le film est en soi militant tout en étant drôle. Sans concession, il fait plaisir. Du moins c’est ce qu’une bonne moitié du film laisse transparaitre à travers un road-movie décalé où les cons meurent sans discussion possible. BAM. Ferme ta gueule. Mon souci c’est que la fin tombe à plat, à cause d’un monologue de Frank qui cherche à se justifier et à expliquer ses raisons, on se vautre soudainement dans le moralisme puritain. Le même qui semblait pourtant se prendre des balles dans la tête pendant tout le long métrage. Le réalisateur aurait du se passer de venir nous tirer l’oreille avec un texte plaintif et un peu consensuel pour clore le film avant une tuerie de masse sur le plateau de « La Nouvelle Star », ça m’a gâché mon plaisir. J’étais pourtant jusque là tout à fait client de God Bless America qui, comme Le Grand Soir (que j’ai aussi vu récemment) de Delépine et Kervern chez nous, s’interroge sur notre société tout en ayant l’air d’en avoir plus rien à foutre. Il s’agit d’un genre de Tueurs Nés en moins délirant et un peu moins trash dans l’esprit (quoique) mais avec le même point de vue et dont le scénario n’a pas été écrit par Tarantino pour être massacré par Oliver Stone.
https://youtube.com/watch?v=41wE7FMH2tM%3Fversion%3D3%26hl%3Dfr_FR%26rel%3D0
Je passerais aussi sur le désir des deux personnages principaux – joués par Joel Murray et Tara Lynne Barr, très bons – de rejoindre la France, « pays qui déteste les américains » pour être tranquilles. Preuve qu’ils connaissent mal notre pays, vu qu’à la TV la plupart de nos programmes sont repris sur les leurs. Certes God Bless America ne pointe pas que les dérives abruties du petit écran, mais tout de même. Et puis visiblement le coup du « les français ne se lavent pas » est toujours une vanne efficace depuis Louis XVI de l’autre côté de l’Atlantique.
En résumé God Bless America, film de Bobcat Goldthwait, est une suffisamment belle surprise pour que j’ai eu envie d’en faire une nalyse mais il aurait pu être mieux en évitant de retomber comme un soufflet à la fin. En tout cas, ça vaut un milliard de fois tous les Transformers du monde.
Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix
– Darko Entertainment, avec la fameuse tête de lapin, orne le générique de début du film. Si vous vous demandez de quoi il s’agit, c’est une société qui vient financièrement en aide à certains films indépendants, en marge, co-fondée par… Richard Kelly, réalisateur de Donnie Darko.
1 Commentaire
God Bless America, la nalyse
J’avais trop envie de le voir celui la. J’attendrai le DVD mais ça confirme ce que j’en pensais.