George Romero peut dormir tranquille, la relève est assurée et elle est coréenne.
Présenté au Festival de Cannes, hors compétition, Dernier Train pour Busan avait fait sensation sur la croisette au printemps dernier. Il faut dire aussi que ces dernières années, le cinéma coréen semble avoir le vent en poupe et apporte avec lui une légère bise des plus rafraichissante dans la lourdeur caniculaire d’un Hollywood devenu rance. Le film de Sang-ho Yeon nous conte l’histoire d’un père divorcé, obnubilé par son travail, qui en délaisse sa petite et unique fille. Le jour de son anniversaire, après l’avoir une énième fois déçue, il finit par céder devant son insistance à rejoindre sa mère, et l’accompagne donc jusqu’à Busan où celle-ci vit désormais. Ils prennent alors le train au moment même où un étrange virus, issue d’une pollution industrielle, change la population en monstres affamées, particulièrement hostiles. Complètement isolés de ce drame à l’échelle nationale, les passagers de ce TGV coréen vont peu à peu découvrir l’ampleur du désastre avant de se retrouver à leur tour confrontés à ces hordes de zombies, investissant les wagons du train.
Sur le papier, Dernier Train pour Busan n’a rien d’exceptionnel. Des films de zombies, il en existe sans doute plus que de fausses notes dans un album de Lara Fabian. Des histoires de pères délaissant leurs familles également. La seule originalité semble donc, à première vue, de transposer un scénario classique de films de zomblards dans l’espace confiné d’un train, décidemment très à la mode chez les coréens après l’excellent Snowpiercer. Même l’idée d’infectés plus véloces que les zombies de Romero a déjà été vu dans 28 Jours plus tard et sa suite. Alors pourquoi ce film est considéré par tous comme LE blockbuster de cet été, devant les Independance Day 2, Suicide Squad, Ghostbuster et autres Jason Bourne ? Déjà parce que tous ces films ont comme dénominateur commun leur médiocrité (à part peut-être Bourne, qui s’en sort finalement pas si mal). Mais aussi et surtout parce que Sang-ho Yeon ne nous livre pas un simple film de mort-vivants.
D’ailleurs, Dernier Train pour Busan n’est même pas un film d’horreur. Si votre intérêt pour le genre se calcule en longueur de viscères arrachés, vous risquez d’être déçu. Du sang il y en a, ça c’est certain. Mais vous ne verrez pas ici des lambeaux de chair dévorés et autres cadavres putréfiés ou amputés, se mouvoir dans un amas de tripes et de trucs anatomiques indescriptibles bien dégueulasses. En réalité, cette œuvre tient plus du film catastrophe que du film d’horreur, même si la présence de zombies en fait un long métrage non recommandable pour les enfants et les personnes sensibles. Situé entre Walking Dead et les films de George Romero, Dernier Train pour Busan ferait presque passer les zombies au second plan en s’attardant d’avantage sur les rapports humains, bons comme mauvais, et sur les problèmes sociétaux de notre époque. De plus, le jeu d’acteurs est épatant, et notamment celui de la petite fille, incarnée par une Kim Soo-Ahn absolument phénoménale de justesse pour son âge. Bref, si vous ne deviez voir qu’un seul film cette année, allez voir celui-là ! Sans doute le meilleur film de zombies de ces dernières années, dont le seul défaut notable serait d’être un peu trop moralisateur.
1 Commentaire
Dernier Train pour Busan, embarquement immédiat
J’ai maté il y 1 ou 2 semaines et effectivement j’ai vraiment bien aimé. Je pensais pas que ça serait « autant » un film de zombie (je pensais que ça serait plus lent à venir et moins axé action), mais bonne variation sur le thème avec un bon équilibre de « clichés » du genre et de spécificités du cinéma asiatique. Quelques effets spéciaux font un peu trop World War Z, mais à part ça très bon film avec même une petite histoire sympa autour des personnages principaux. Mention spéciale à la gamine qui joue très bien le petit chien battu.