Dans notre société, l’homme cultive une certaine aversion pour le cafard, cet insecte répugnant qu’il n’hésite pas à piétiner dès que l’occasion se présente. Ce qu’on n’avait pas prévu par contre, c’est que nos rapports s’inversent et que ça soit nos viscères qu’on retrouve désormais sous la botte du cancrelat.
Avant toute chose, notez que cette critique porte sur les trois premiers volumes de la série
Mars Attack
Extinction des ressources naturelles, surpopulation, inégalités sociales, l’humanité vit ses heures les plus sombres. La seule alternative pour sa survie, s’expatrier. Mais où ? Point convergent de tous les fantasmes et rêves d’espace depuis des décennies, Mars semble être le candidat idéal à l’exode. D’autant plus qu’après des années de recherches, les scientifiques ont découvert du CO² gelé sous sa surface. En y répandant du lichen et des cafards, le parasite ultime, ils ont alors inventé un processus de terraformation rapide et efficace. Seulement, après plusieurs millions d’années sans n’avoir jamais évolué, le cafard a dû s’adapter à ce nouvel environnement à une vitesse phénoménale pour survivre. 500 ans après avoir posé les pattes sur Mars, le voilà désormais au sommet de la chaîne alimentaire. Bipède et humanoïde, conservant qui plus est ses capacités originelles (force, résistance, vitesse…), il est devenu un prédateur redoutable pour les astronautes envoyés sur l’ex-planète rouge. Afin de remédier à cet épineux problème, une quinzaine d’hommes et de femmes issus des milieux défavorisés, criminels notoires ou simples losers sociaux, y sont envoyés pour une mission d’extermination. Toutefois, pour faire face à la terrible menace martienne, on leur injecte les gènes de différents insectes, afin de décupler leurs forces et leur offrir des compétences uniques. Mais cela sera-t-il suffisant ?
Très vite, le parallèle avec Starship Troopers saute aux yeux. Des insectes hostiles dans l’espace, qui déciment des hommes trop confiants, nous ramènent inexorablement vers l’excellent film de Verhoeven. D’autant plus qu’on y retrouve le même goût pour la violence et les corps mutilés. Toutefois, il est dommage de voir Terra Formars se perdre un peu dans ce travers typique de certains mangas et animes : De trop longues et récurrentes descriptions, notamment de chacun des insectes qui ont servi de base pour les modifications génétiques. L’œuvre aurait clairement gagné en rythme et en clarté si elle ne s’était pas attardée là-dessus. D’autant plus qu’on a parfois droit à deux cases d’explications, pour décrire les capacités d’un personnage qui se fait buter en moitié moins de temps. C’est complètement con. Heureusement, l’histoire gagne en intérêt au fil de son développement, et même si elle n’évite pas certaines longueurs, ses séquences de baston particulièrement bien construites tiennent en haleine. De plus, s’il s’agit d’un manga d’action avant tout, le récit n’en oublie pas pour autant de développer une trame politique en toile de fond, ni de s’attarder sur les relations entre les différents protagonistes à grand renfort d’humour et de romance. Rien de bien original ou transcendant, mais suffisamment plaisant pour éviter la lassitude et la redondance.
Le dessin quant à lui est une franche réussite. Les personnages sont identifiables au premier coup d’œil et les combats sont parfaitement lisibles. De plus, le charadesign des combattants, une fois transformés, est plutôt classe ; tout comme celui des cafards (même s’ils n’ont plus grand-chose à voir avec ceux que nous connaissons). Attention toutefois, les éviscérations, démembrements et autres joyeusetés du genre sont légion et un soin tout particulier a été apporté aux détails. Ce manga n’est donc pas à mettre entre toutes les mains, et notamment celle des plus jeunes. Ceci étant, il ne s’agit que de violence pure et dure, gore mais rarement malsaine. La lecture n’a donc rien de traumatisant ou d’écœurant. Bref, loin d’être exempte de tous défauts, cette série n’en est pas moins agréable à lire pour autant, si tant est qu’on sait où on met les pieds. En effet, il s’agit d’une œuvre qui fleure bon la testostérone. Il n’y a guère de place pour la dentelle et les théories conspirationnistes complexes. Il va de soi qu’après trois volumes, nous n’en sommes sans doute qu’aux balbutiements (au Japon, elle en est au sixième et est toujours inachevée). Il sera donc intéressant de savoir comment tout cela va évoluer (et surtout finir). Mais pour le moment, c’est plutôt divertissant.
1 Commentaire
Terra Formars, le bug de l’année ?
Génial mais un peu trop de mots savants et de souvenirs,mais cool