Vous connaissez le principe des interviews, vous connaissez désormais le principe de la Nalyse, voici maintenant une fusion des deux.
La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)
Je vous l’introduis tout entier
Ah les mecs, quelle histoire ! Il y a de ça presque un an maintenant (à un trimestre près), je rencontrais un type, Johan Chiaramonte, sur un plateau TV sur lequel je faisais la promo de ma BD Polygamer. Lui, il venait parler de son bouquin, Rockyrama, un ouvrage énorme et collectif dédié à la culture populaire des années 80 pour ce premier volet. Le gars étant plutôt sympathique et son projet m’ayant intrigué, je suis allé l’acheter en mettant mes couilles en hypothèque au préalable – non pas que ça soit extrêmement cher mais surtout parce que je suis extrêmement pauvre. – J’ai lu. Ca m’a plu. Envie de partager ça avec vous et pourquoi pas par la même occasion d’interviewer le mec en même temps. Je lui envoie ma série de questions, il accepte. Après des mois de mutisme de sa part, des relances infructueuses, il se confond en excuses, à genoux parterre, et m’annonce répondre très très vite… Et puis les semaines passent et toujours rien. Bof, ça ne sera pas le premier à m’avoir mis un vent après avoir accepté une interview. Ceci dit je suis assez spécialiste dans le domaine de la relance, après avoir réussi à obtenir un nouveau dialogue au détour d’un ou deux tweets, il me dit qu’il me l’a envoyé, si si j’te jure, qu’il me dit, comme ça. Chez moi, que dalle. Du coup il me balance qu’il rentre chez lui et me renvoie ça direct. Moi à cet instant précis, je me suis dis que c’est quand même fou ces gens qui prennent les autres pour des cons aussi naturellement et avec autant de persévérance et d’application. Après plusieurs jours, voire semaines (je vous avouerai que j’ai arrêté de compter les jours assez vite dans cette histoire), dans la nuit entre jeudi et vendredi dernier, vers 00h30 du matin si j’en crois ma boîte mail, alors que j’écoutais du UB40 le vague à l’âme en train de sécher complètement sur un de mes innombrables projets, voilà Johan Chiaramonte aka Lindsay Johan qui me balance les réponses à son interview. Paf ! Finalement il avait réellement l’intention de me répondre un jour, le bougre :
Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter, raconter un peu ton parcours professionnel ?
Auteur et réalisateur de documentaires, de clips et de courts métrages depuis 10 ans en duo (http://cargocollective.com/jacandjohan) ou solo (https://vimeo.com/user10685710/videos).
Fasciné par la pop culture qui a fait, en grande partie, ce que je suis.
Au cours de mes nombreux voyages aux USA ou au Japon, pays phare dans le domaine de la pop culture, j’ai pu développer une vision juste et ludique de celle-ci.
Evidemment ma première motivation est de faire partager mes passions et proposer un univers fun qui n’oublie pas d’avoir du fond, une réflexion sur soi même à travers la grande histoire de l’entertainment en somme.
Le pitch dans ta potch
Rockyrama, c’est quoi ? Enfin moi je sais vu que je l’ai lu – et y a un sacré nombre de pages, on en a pour son argent – mais ta réponse me servira d’intro pour les lecteurs, pour une fois que quelqu’un peut faire le boulot à ma place…
Ce magazine / boom est né de la volonté de rendre hommage à la pop culture. Tout simplement. Magazine, livre, mook, appelez l’objet comme il vous convient, c’est plus qu’un livre. 300 pages par numéro, l’oeuvre annuelle d’une poignée d’inconditionnels qui s’efforcent de redorer le blason de la culture mainstream. Celle qui draine des millions de personnes à travers le monde et marque l’inconscient du monde entier. Culture bâtarde, fille de divers courants (et de tout le monde pour ses détracteurs), la pop culture est par essence la VRAIE culture populaire. Elle ne fait pas de distinction de race, d’origine, de religion, de couleur de peau, de classe sociale. Elle s’offre à tous. Ni barreaux, ni barrières, ni frontières. Michael Jackson est connu de New York à St Domingue, de Kinshasa à Tokyo. Elle transcende en définitif. Il faut donc voir dans le pop de « Pop Corn culture » la reconnaissance du peuple. Loin d’un élitisme sectaire qui fractionne et achève la recherche et l’approfondissement d’un sujet, là ou elle devrait justement commencer. Le mook, malgré une approche facile et lisible de toutes et de tous, se veut également avant-gardiste dans sa conception, dans sa façon de voir les choses à travers des points de vus pertinents, et dans son graphisme ludique et inventif. Munis d’un sérieux bagage pop et d’une longue réflexion sur cette dite culture, les contributeurs, journalistes ou graphistes, offrent un regard différent et décalé sur le monde qui nous entoure. Des plûmes acérées et assassines quand c’est nécessaire, délicates et tendres lorsqu’elles sont charmées. Qui aime bien châtie bien. Et si l’oeil et l’oreille peuvent parfois traîner leurs vices dans de vulgaires et sexy ruelles éclairées aux néons, l’esprit lui reste éveillé pour discerner le vrai du faux. Je t’aime moi non plus. N’est-ce pas justement la définition de la passion ? Cette attraction qui nous anime, cet amour inconditionnel doublé d’un sentiment un peu coupable, cette passion qui nous amène à poser nos yeux sur les pages, et replonger encore et toujours au coeur de nous même et de nos contradictions.
Tout ceci porte désormais un nom : Rockyrama !
Attardons-nous là-dessus (et cette fois, pas juste moi…)
Comment t’es venu cette idée de mook ? As-tu eu du mal à trouver des rédacteurs (même si je crois savoir qu’une bonne partie sont tes potes) ? La démarche auprès de l’éditeur s’est faite comment ? Ce fut simple ?
Je suis un vrai passionné de magazine, j’en ramène toujours trop de l’étranger, et au delà de ça je collectionne les livres depuis que je suis gamin. Trouver des rédacteurs était la chose la plus simple à faire, ce sont tous des passionnés. J’ai rencontré mon éditeur par l’intermédiaire de l’un d’entre eux.
Revenons sur les rédacteurs, qui sont-ils ? D’où viennent t-ils ? Quel est le crédit qu’ils ont pour écrire dans ce Rockyrama spécial années 80 ?
Ce sont quasi tous des potes, en tout cas depuis ils le sont tous devenus et je crois que c’est ce que j’ai préféré dans ce bouquin : les rencontres. Ils font tous des trucs différents, tu as des pro comme Moissakis ancien de chez Mad Movies et aujourd’hui à la tête de capture mag, Jerome Riera qui tenait le blog New Wave Hooker et DA dans une agence, des potes pions dans des écoles, d’autres DJ, y a de tout vraiment… Ils ont le crédit d’être passionnés et surtout de savoir de quoi ils parlent. On a tous plus de 30 piges et cette époque, les 80’s, on l’a sur analysée !
Pourquoi les années 80 en particulier ? Bon, j’imagine que c’est une manière de payer votre tribu à la décennie reine en matière de cinoche pour notre génération, mais c’est un peu particulier comme choix de thème…
Ça coulait de source, tu le dis toi même on paie notre tribu, on rend hommage, c’était notre Everest, devant tout ça on est rien. C’est beau ce que je dis non ?
Petit détail technique qui m’a surpris, j’ai su que le bouquin parlait des années 80 parce qu’on s’est vu lors d’une émission TV où on a chacun pu faire la promo de notre projet. Mais si j’avais découvert le livre de moi-même, nulle part sur la couverture ou même la tranche n’est mentionné le thème noir sur blanc. On le sait seulement en lisant ton édito – et à la limite en analysant le visuel de la couv’ vu les références dessus -. C’est une volonté de ta part ?
Rockyrama n’est pas une fille facile, faut savoir « rentrer dedans »… Un peu de mystère…
Tant qu’on est dans les détails techniques, un des principaux points noirs du livre à mon sens – je n’en ai trouvé que deux, je reviendrai sur l’autre après – vient de la maquette. Il y a des pages presque totalement illisibles genre police d’écriture bleue ciel sur fond bleu marine ou encore rouge sur noir et j’en passe… Il y a aussi sur un même article une différence de mise en page, et même une taille de police d’écriture qui varie parfois grandement selon les articles… Qu’as-tu à dire pour ta défense ?
Pas grand chose, d’énormes erreurs de débutant, si je pouvais je retirerai tous les exemplaires et retournerai en imprimerie. Rendez-vous pour le 2, on aura apprit !
Allez, histoire de s’en débarrasser, j’attaque de suite l’autre point noir. Nulle part je n’ai lu ou compris qu’il s’agit d’un bouquin dédié au cinéma, d’ailleurs même s’il y a à vue de nez un bon 90% d’articles dédié à la péloche, on a quelques trucs sur la musique, les séries TV – du moins Miami Vice, excellent article d’ailleurs – , un sur les comics avec l’inévitable Alan Moore et un seul sur les jeux vidéo. Comme je m’intéresse énormément à ce dernier média je trouve ça surprenant de votre part, les années 80 sont le berceau du jeu vidéo, il y a des tas de choses à dire dessus, pourquoi si peu d’articles à ce sujet ?
C’est un vrai choix de ma part. J’en suis forcément désolé auprès des gens comme toi. J’ai eu la NES à sa sortie, j’ai longtemps joué jusqu’à la PS2. Mais franchement le jeu vidéo ça me gonfle aujourd’hui, tout le monde me dit qu’il y a des trucs qui tuent et je les crois, vraiment. Mais le cinéma a vraiment pris le dessus sur tout le reste chez moi. J’arrive plus du tout à rester devant un jeu, alors que j’ai fait MGS2 des nuits et des nuits durant… Je peux plus jouer qu’entre potes à Capcom VS SNK 2 ou Capcom Vs Marvel 2 ou Mario Kart, faut que je rigole quoi. A ma décharge j’ai quand même fait un documentaire avec mon binôme Jac qui s’appelle Pixel Kombat et qui traite des jeux de bastons sur arcade. On est même allés au Tougeki à Tokyo avec Kenneth de l’association AH2R (http://www.ah2r.org/) qui fait un taf de fou pour maintenir en vie ce que j’aime dans ces jeux. Quel que soit le domaine je respecte les passionnés, le maraîcher fan de ses courgettes je le respecte grave.
Comme j’ai l’intention avec cette interview de mélanger ma « Nalyse » aux questions, je cherchais un moyen de vous complimenter et de souligner le super boulot sur certains de vos papiers comme sur les interviews de John Carpenter et Bob Gale, l’article sur Predator, celui sur John Hugues, sur les cascadeurs, et à vrai dire une sacrée chiée d’autres en fait. C’est à la fois globalement bien écrit (il y a plusieurs styles, on accroche ou pas, normal) et quasiment à chaque fois vraiment intéressant voire totalement passionnant. Mais je n’ai pas trouvé le moyen de poser une question au milieu de tout ça, donc tiens, prends, c’est gratuit.
BAM je prends.
Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix
John Carpenter, Bob Gale, gros morceaux. Pas trop dur à chopper ? D’ailleurs comment ça s’est passé niveau éditorial – je veux tout savoir -, tu t’es déplacé de ta poche à Los Angeles pour réaliser ces interviews ou ton éditeur à pu te défrayer ?
L’éditeur a TOUT défrayé, TOUT. Sans lui y a pas de livre c’est aussi simple que ça. Carpenter ça a été compliqué oui, j’ai un peu feinté… Pour Bob Gale, j’avais balancé un mail, et quelques jours plus tard, à l’aéroport avant de décoller, Friedkin qui était ok pour une interview à la condition que je vienne à L.A. annule… Un quart d’heure plus tard Bob Gale m’envoie un mail pour me dire qu’il est OK, je suis quand même parti, je suis allé chez lui c’était mortel, il est extrêmement gentil.
A la fin de l’interview de Bob Gale tu ajoutes une anecdote de fanboy sur le fait qu’il est parti dans sa villa quelques minutes et qu’il est revenu faire quelques clichés avec vous en compagnie de l’overboard original de Retour Vers le Futur. Tu n’as pas publié de photo à ce sujet, si c’est possible j’aimerais bien le faire ici donc balance ! Fais nous rêver !
Oui j’ai pu faire une photo avec lui, devant sa piscine avec l’overboard dans les mains. En fait j’aime pas montrer ma gueule et je suis fan de Daft Punk.
Il y a un truc qui m’a vraiment fait kiffer à la fin de Rockyrama, mais vraiment de chez vraiment, à la puissance 1000. Il s’agit de l’interview d’un certain « Ray Martinelli » et d’un certain « Vincenzo Palermo », deux Italiens scénaristes dans les 80’s de l’ultime blockbuster d’action Hollywoodien qui n’a jamais vu le jour, un certain « Bastards Rendez-vous » avec un casting de malade, des idées de barges etc, dont le script s’est paumé pour se retrouver au final – après d’intense recherches de votre part vous ayant mené à L.A. et à Hong Kong – dans les anciens locaux de Cannon France aujourd’hui habités par une agence d’assurance… Franchement tu peux la faire à qui tu veux mais pas à moi, c’est un gros fake ! Mais quel fake ! Vous vous êtes lâchés, leur façon de parler, l’endroit de la rencontre, le charisme des deux lascars, leur projet maudit et la façon dont ils l’ont amené et vécu qui symbolise un peu tout ce dont les fans des films des 80’s rêvaient… Le pied. C’est à la fois super drôle et super frustrant parce qu’on a envie que ça ait réellement existé tellement c’est trop beau. T’es fier de toi ? PS : Je te préviens si tu tente de rebondir en me disant que c’est vrai, il faut que tu ailles jusqu’au bout du mensonge en le sublimant ! En nous détaillant par exemple ce parcours autours du monde qui t’as amené jusqu’au script du film…
Je vais te dire la vérité : ce truc existe, vraiment. Je veux dire ce scénar existe pour de vrai, j’en sais quelque chose, je l’ai chez moi. C’est comme l’arche d’alliance dans Indiana Jones, un truc que tout le monde cherche mais complètement maudit. On a décidé avec Guillaume de raconter cette histoire complètement folle. Au départ l’éditeur voulait pas, notamment à cause des couts, mais surtout à cause des retombées de personnes qui souhaiterait que rien ne filtre de cette histoire. On a dit rien à foutre, j’ai profité d’un tournage d’un documentaire sur les influences du cinéma Hong Kongais sur le cinéma de Tarantino à HK donc pour enquêter. Je me suis retrouvé dans des endroits dignes de Bloodsport, je te jure, des trucs de fou, avec des mecs à qui il manque la moitié des dents ou qui ont un 3eme oeil, je me croyais dans Jack Burton dans les griffes du mandarin. Ensuite on est parti avec Guillaume donc à L.A, on est allé dans des vieilles boutiques qui ont des vieux stocks de photos de préparations de tournage, on est restés des plombes dans ces endroits, à la fin les mecs nous connaissaient, on avait les clés, c’est nous qui fermions… On a pu rencontrer des gens qui aujourd’hui sont complètement plus dans le game du cinéma. On a vite compris que l’argent ne venaient pas que des entrees. Tu me fais dire des trucs chauds là… Enfin bon, à la fin t’as cette interview réalisée en Italie dans une boite à la Scarface. On aurait pu en faire un bouquin, on aimerait d’ailleurs, on mettrait le scénar et tout. Ça serait drôle, mais je suis pas sûr que ça intéresse grand monde. Si ?
Le deuxième tome de Rockyrama aura pour thème « la post-apocalypse, le chaos et la destruction ». Une date de sortie est-elle dors et déjà prévue ?
Février, l’auront ceux qui auront survécu… (ndlr : et vous pouvez même investir dedans puisque le projet est actuellement en crowdfunding sur Kisskissbankbank)
Merci beaucoup Johan ! Ah et j’allais oublier, terminons sur une private-joke un peu obligatoire : penses-tu que Donkey Kong ferait un bon humoriste au Jamel Comedy Club ?
Il y est déjà non ?
P.S. : J’en place une pour mes frères de Shaango, soutenez, lisez, ça tue ! http://shaango.fr/
Facebook de Rockyrama : http://www.facebook.com/Rockyramamook
Twitter de Rockyrama : @rockyramacrue
1 Commentaire
Rockyrama, l’interview Nalyse
J’avais hésité à acheter ce bouquin quand il était sorti chez Black Book Edition (une boite qui fait du jeu de rôle à la base). Là pour le coup je pense que je vais craquer.