Prophecy T01, Twitter m’a tuer !

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Annoncé comme l’un des mangas stars de cette année, Prophecy vaut-il tout ce battage médiatique autour de lui ?

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La couv’ est classe, non ?
Difficile de passer à côté, surtout si vous êtes parisien, tant les affiches dans le métro sont omniprésentes, vantant Prophecy comme LE polar graphique de l’année. C’est d’ailleurs curieux de voir qu’une bande-dessinée (qui plus est un manga), puisse s’afficher à ce point en 4×3 dans tout Paname. Après les jeux-vidéo, c’est au tour des mangas… la société est en train de changer mes amis, j’vous le dit ! Bref, interloqué par le masque en papier journal fiché sur la tête du héros, et influencé par la publicité comme le faible consommateur que je suis, je me suis laissé tenter par ce manga. Pour l’anecdote, c’est d’ailleurs le tout premier manga que j’achète depuis Akira, au début des années 90 (vous n’étiez même pas nés bande de cloportes !). Bien sûr, avec un seul volume (six chapitres) il est difficile de se faire un avis définitif (le prochain sort en décembre). Toutefois, ces débuts sont plutôt prometteurs même si on regrettera que les ficelles soient dévoilées si rapidement (dans le dernier chapitre de ce volume).

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Oh la honte, il utilise Internet Explorer !!
Prophecy c’est l’histoire d’un justicier masqué, qui poste sur Internet des menaces par vidéos interposées, avant de les mettre à exécution dans la foulée. Par ce biais, il cherche à venger tous ceux qui subissent des brimades ou des injustices. Il va ainsi kidnapper puis sodomiser à coup de gode, un gars qui se serait moqué d’une jeune fille violée, sous prétexte qu’elle n’avait pas à suivre n’importe qui. Notez que les actes de violences sont juste évoqués ou suggérés, du coup le manga s’adresse à n’importe quelle tranche d’âge, même si le message n’est peut-être pas très kid-friendly. Pour mettre un terme à ses agissements, la toute nouvelle division de police spécialisée dans la cyber-criminalité est sollicitée. Une aubaine pour la charismatique et très abrupte inspectrice nommée à sa tête, qui jusqu’ici se contentait de poursuivre les petits pirates informatiques qui distribuaient des jeux DS sur Internet (joli clin d’œil à la R4 inside).

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Si vous vous posiez la question, le compte @genius_masuyan n’existe pas… j’ai déjà cherché.
Le gros point fort de cette œuvre à mon sens, c’est qu’il s’agit d’un seinen où les protagonistes sont des adultes. Du haut de mes trente-sept ans, c’est toujours frustrant de lire des histoires qui mettent en scène des lycéens. Du coup, lorsque les personnages principaux sont matures, ça me parle tout de suite d’avantage. De plus, ici le manga s’ancre dans une certaine réalité, particulièrement crédible. Un sentiment d’autant plus grand, que les références à notre vie de tous les jours sont nombreuses, que ça soit avec l’apparition d’une R4, ou par la mention de sites bien connus, comme Twitter ou Youtube. Dans un même ordre d’idée, l’utilisation d’iPhone par différents personnages est plus évocatrice, pour moi pauvre occidental, que les sempiternels portables à clapets qui apparaissent dans 9 mangas sur 10, alors qu’ils ont disparus des étals de nos boutiques depuis près de vingt ans. Bon, je ne critique pas les goûts japonais, sans doute que ces téléphones sont légion là-bas (J’en sais rien, je n’y ai jamais mis les pieds). Mais allez savoir pourquoi, ce détail m’a toujours dérangé.

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L’héroïne a tout de la femme fatale : Belle et insensible !
Si les dessins n’ont rien d’extraordinaires (ce n’est pas moche pour autant, rassurez-vous), le scénario, lui, se tient. L’histoire est prenante et les questions fusent. J’aurai juste préféré découvrir les ficelles en même temps que la brigade de police. Mais comme dit au préalable, tout nous est clairement expliqué à la fin du volume (et un peu spoilé dans la bande-annonce que je vous déconseille de mater). Et si j’aime beaucoup l’idée, c’est malheureusement au détriment du semblant de suspense qui se mettait en place. Dommage. Reste une approche intelligente et loin des habituels clichés, sur l’influence des réseaux sociaux et les déviances qui en découlent. On retrouve également en filigrane, une critique acerbe et relativement juste de notre société. Bien qu’il s’agisse avant tout de la société japonaise, sous des codes qui leur sont propres se cache des dérives capitalistes communes à tous les pays industrialisés. Alors pour être honnête, je ne sais pas si Prophecy vaut réellement tout ce battage médiatique. J’ai envie de dire oui, ne serait-ce parce qu’il promotionne un genre un peu trop décrié par le grand public qui, au même titre que le jeu vidéo, n’arrive pas à se dépêtrer de son image enfantine. Toutefois, je me demande comment l’auteur va réussir à nous passionner dans les prochains volumes, car j’ai un peu l’impression qu’il n’y a plus rien à dire. J’espère me tromper…

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