Après le meurtre brutal de leur père, Tyler, Bode et Kinsey découvrent leur nouvelle demeure, croyant y trouver le refuge dont ils ont besoin pour panser leurs plaies. Mais une ténébreuse créature les y attend pour ouvrir la plus terrifiante de toutes les portes…
Parfois en flânant dans les allées d’une obscure boutique spécialisée on tombe sur une couverture qui attire l’œil. Machinalement on prend la BD et on commence par lire un pitch fort alléchant. Puis on jette un petit coup d’œil à l’intérieur histoire de voir si graphiquement la chose va nous plaire. Il arrive parfois qu’on lâche un « bof j’accroche pas trop aux dessins » mais, pour une raison inexplicable, on la sent quand même bien cette petite BD et on va se forcer et passer outre ce petit détail au risque de rater quelque chose. Pour moi, ce fut le cas avec la série Locke & Key… Et pour être tout à fait honnête je ne remercierai jamais assez mon instinct et mon vendeur préféré (on ne les remercie jamais assez ces gens là). C’est bien simple, je n’avais pas autant aimé et accroché une BD (enfin un comic dans ce cas précis) depuis la découverte du 1er tome de Walking Dead.
Bienvenue dans mon humble demeure
Locke & Key est un comic écrit par Joe Hill qui n’est autre que le fils de Stephen King. On retrouve d’ailleurs un peu la patte du papa dans ce récit fantastique mettant en scène des enfants et ados face au surnaturel. Ici c’est la famille Locke, meurtrie par la mort du paternel, qui essaie de se reconstruire en emménageant dans la petite ville de Lovecraft dans le Massachusetts où se trouve la vieille demeure familiale portant l’évocateur nom de Keyhouse. Quelle drôle d’idée que d’élire domicile dans une ville portant le nom d’un célèbre écrivain aimant jouer avec la santé mentale des protagonistes de ses romans (H.P Lovecraft). C’était couru d’avance que la bâtisse renfermerait de sombres secrets et que ça allait partir en sucette. Avec un tel postulat de départ on pourrait s’attendre à un énième scénario à base de fantômes hantant les lieux. Heureusement, et même s’il en sera un petit peu question au départ, le scénario tourne principalement autour d’étranges clés magiques ainsi que sur le passé de la famille Locke en ces lieux.
La narration est un modèle de fluidité et de clarté. A mi-chemin entre fantastique et thriller, bien rythmé et sans temps mort, on est happé par l’histoire et il est difficile de décrocher. On suit l’intrigue en alternant entre différents protagonistes et par le biais de flashbacks sans jamais perdre le fil. Les personnages sont également très bien écrits. Les enfants Locke par exemple sont crédibles, humains, avec leurs doutes et leurs faiblesses. On s’identifie et s’attache facilement à eux. On arrive même à avoir de l’empathie pour le « serial killer » au détour d’un flashback. Paumé et manipulé, on est bien loin de l’image clichée du tueur sanguinaire décérébré. Les fameuse clés quand à elles promettent de nombreuses surprises en proposant des pouvoirs plus originaux les uns que les autres.
Scooby-Doo au Chili
Un bon scénario c’est bien beau mais encore faut-il s’associer à un illustrateur dont le style graphique colle parfaitement au ton du récit. Et là je dois avouer que le premier contact avec le style du chilien Gabriel Rodriguez fut assez déstabilisant. Comment peut-on coller à un récit fantastique adulte avec un graphisme cartoon et « enfantin » ? Scooby-Doo chez Stephen King c’est juste pas possible (j’exagère hein, c’est quand même plus chiadé que ça). Finalement, une fois les deux ou trois premières pages passées on se rend compte que le dessin se révèle être pile dans le ton. Le coté cartoon ne dénature absolument pas l’ambiance sombre et inquiétante de l’histoire. Au contraire les expressions faciales et l’encrage épais donnent à certaines scènes un coté réaliste, malsain et violent. Car oui Locke and Key est parfois violent et brutal mais l’illustrateur a eu la bonne idée de ne pas tomber dans le gore craspec gratuit et trash que l’on voit trop souvent ailleurs. Après lecture des deux premiers tomes je suis totalement conquis par les dessins. Certaines planches ont véritablement de la gueule et le découpage des scènes est parfois très original sans pour autant tomber dans le brouillon.
Locke & Key est donc une série à suivre de près. Les 2 premiers tomes se dévorent sans déplaisir et à la fin de chaque volume on a qu’une envie : lire la suite (en général c’est plutôt bon signe) ! Si la série a reçu de nombreux prix ce n’est pas pour rien non plus. Il est également important de souligner que la série devrait être courte. A priori celle-ci devrait être bouclée au bout du 6ème tome. C’est une plutôt bonne nouvelle quand on voit certaines séries (Walking Dead ?) s’étirer en longueur au risque de lasser. Le 3ème tome vient de sortir et le 4ème devrait être en boutique pour le mois de juin.
Bonus Polygamer
Vous pouvez vous faire un premier avis en allant jeter un coup d’œil aux 25 premières pages du tome 1 en cliquant ici.
S. Spielberg a acheté les droits du comic afin de produire une série. Un pilote a déjà été tourné pour le compte de la chaine Fox. Pilote a priori non apprécié par la chaine qui n’a pas souhaité commander la suite de la série. A priori le projet n’est pas mort et pourrait voir le jour grâce à MTV. Affaire à suivre donc. En attendant vous pouvez regarder le trailer de l’épisode pilote (attention ça spoile un peu).
https://youtube.com/watch?v=_-sZKbG8-2g%3Fversion%3D3%26hl%3Dfr_FR
3 Commentaires
Locke & Key, la clé du succès
« Mais une ténébreuse créature les y attend pour ouvrir la plus terrifiante de toutes les portes… » > On dirait la 4ème de couv’ d’un livre Chair de Poule lol
Sinon ouais le dessin a l’air assez original avec les traits ronds et épais assez cartoon mais un peu trashouille quand même.
Locke & Key, la clé du succès
C’est vrai que comme ça, de prime abord, je n’irai pas vivre dans une maison qui s’appelle Keyhouse (surtout quand on s’appelle soi-même Locke), située dans une ville du nom de Lovecraft. 😀
Locke & Key, la clé du succès
Je viens de finir le tome 3. C’est toujours aussi bon !