Jennifer Blood, la nalyse

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Parfois il y a des auteurs qui vous donnent l’impression qu’ils ont écrit leur histoire juste pour vous, parce que ça vous parle particulièrement, c’est ce que vous aviez envie de lire, son humour c’est le votre. Avec Garth Ennis il m’arrive souvent de ressentir ça…

La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)

Je vous l’introduis tout entier

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Les couvertures d’épisodes (et du tome) sont des photos retouchées dans un style dessin, un peu comme le film  »A Scanner Darkly »
J’attendais un peu au tournant Garth Ennis malgré tout, Crossed qu’il a lancé il y a quelques temps ne m’a pas plu, il a pour moi voulu faire son Walking Dead à sa sauce mais ça n’a pas pris du tout dans mes chakras pour diverses raisons. Par contre, il est en train de terminer The Boys que j’aime beaucoup et dont j’attends impatiemment le dénouement sans oublier qu’il a écrit le meilleur comics de tous les temps, je le dis et je le répète, avec Preacher (un jour, une nalyse, je le dis et je le répète aussi). Donc forcément je jette toujours un oeil à ce qui sort des imprimeries concernant l’ami Garth (je pense toujours à Wayne’s World quand je dis « Garth », pas vous ?).

Le pitch dans ta potch

Jennifer Blood est un mix entre Desperate Housewives pour le côté ménagère de moins de 50 ans amerloque en banlieue tranquille, Dexter pour le côté double vie de jour et de nuit et The Punisher (dont Ennis a d’ailleurs écrit les meilleurs épisodes) pour le côté vengeance. Rien de très original mais comme on dit, l’important ce n’est pas forcément l’idée mais la façon dont elle est traitée.

Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)

Ennis a voulu s’amuser avec Jennifer Blood a-t-il dit. Et comme l’explique très bien la préface du bouquin, quand Garth Ennis entend se marrer il y a toujours une violence démentielle et du trash jouissif au programme. Mais comme d’hab’, derrière cette profusion d’hémoglobine, de membres (et toutes sortes de trucs) arrachés, transpercés, déchirés, de sexe et de situations absurdes, il y a un fond bel et bien palpable et loin d’être dénué de sens. De toute façon, comme toutes les oeuvres de l’auteur, ça ne plaira pas à tout le monde et les plus impressionnables et/ou les intello taxeront toujours la violence de gratuite. Moi j’aime bien, ça me fait rire. Je vous disais qu’avec lui j’ai toujours l’impression qu’il écrit des trucs juste pour moi. Ce mec, je le comprend.

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Jennifer Blood c’est ça…
Ce premier tome de Jennifer Blood est un one shot (comprendre avec un début et une fin) pour Garth Ennis, il est indépendant de ce qui sortira ensuite et c’est d’ailleurs un autre auteur qui sortira la suite. Le terrain de jeu du maître est donc visiblement, de ce que j’ai compris, une sorte de commande créative où il savait d’emblée qu’il était là juste pour les 6 premiers épisodes que comportent ce tome. Et je ne lui en voudrais jamais pour ça mais à la fin de la lecture je me suis dit que lire les suites n’aura aucun intérêt tant ce qui est mis en place a été fait pour ne laisser que des miettes aux auteurs suivants. L’histoire de Jennifer nous est racontée de A à Z, ses habitudes, ses proches, sa vie de jour, de nuit, pourquoi elle fait ça. Si la belle blonde est une femme au foyer modèle qui fait la lessive, le ménage, s’occupe parfaitement des enfants, prends soin d’elle et ouvre les cuisses à son mari même quand elle est crevée et que de nuit elle devient une experte en armes à feu et combat avec une perruque brune et une tenue moulante de femme fatale, ce n’est pas pour le fun. Elle a des gens à tuer, des personnes très précises, qu’elle a bien connu, pour des raisons précises qui nous sont narrées. Et elle va jusqu’au bout, le dernier des mecs qu’elle veut tuer va mourir à la dernière page, vous ne resterez pas sur votre faim.

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… mais c’est aussi ça…
Du coup, quel est l’intérêt de faire une suite sachant qu’il ne restera plus qu’à raconter – j’en suis persuadé – de banales histoires de chasses aux criminels sans raisons apparentes si ce n’est le plaisir de voir une femme à gros nichons flinguer des gens (oui bon, c’est un bel argument) et que l’éditeur va étirer ça jusqu’aux albums de trop telle la dernière saison de Dexter strictement inutile (à part pour ses dernière secondes) ? Bof, après tout on s’en fout, l’important c’est que ce Jennifer Blood – Une femme ne s’arrête jamais est parfaitement convenable et se suffit à lui-même (rien ne nous oblige à acheter les suites qui seront sans doute de la grosse merde après tout, je me mouille). Ce comic n’est tout de même pas le meilleur des Ennis parce qu’il est un peu trop court (150 pages tout de même) pour qu’il ai eu le temps de développer ses personnages comme dans une série complète, mais il va à l’essentiel en prenant le temps d’apposer sa patte. On y trouve donc de « purs moments Ennis » (le coup du Titanic et celui du voisin sont mes préférés) et le fait que Jen raconte son histoire à travers un journal intime qui sert (écriture manuscrite et fond imitation cahier) de voix off donne un véritable style.

Une bonne histoire de vengeance donc, digne de Garth Ennis, qui se lit facilement, avec une bonne traduction. Le seul bémol vient des trois dessinateurs différents qui illustrent ce premier tome. C’est moins choquant que je l’aurais pensé puisqu’ils gardent globalement le même style hormis pour quelques petits détails (le gamin, qui ne sert à rien, semble bien plus grand d’un dessinateur à l’autre par exemple) et peut-être le procédé de découpage (il faut être un vrai passionné pour faire gaffe à ce genre de trucs, ce n’est donc pas dérangeant), mais pourquoi donc l’éditeur n’a pas été foutu de trouver un mec qui resterait sur un tome entier avec ce putain de génie qu’est Garth Ennis ? C’est pas comme si c’était l’un des plus grands scénaristes de comics de ces dernières années après tout… Ah si.

Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix

Jennifer Blood est apparu pour la première fois en preview dans l’épisode #50 de The Boys.

Vous pouvez lire quelques pages du bouquin en anglais ici, ahah, pas facile à cliquer hein ? Allez essaye encore, hop, hop, hop.

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