Fluorescent Black, la nalyse

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Les histoires d’anticipation proposent souvent le même schéma « utopique ou dystopique » selon le scénariste du comic book Fluorescent Black. Raison pour laquelle il voulait construire un monde où il y a les deux.

La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)

Je vous l’introduis tout entier

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La superbe couverture de l’intégrale, chez nous en France.
Entre 2008 et 2010 a été publié aux USA dans Heavy Metal Magazine cette histoire, rassemblée en un gros et joli tome intégrale hardcover grand format de 200 pages sorti fin 2011 chez nous. Je suis tombé dessus complètement par hasard en me baladant dans une boutique. Bing, ce fut le coup de foudre entre nous.

Le pitch dans ta potch

2085, Singapour. La ville est divisée en deux. D’un côté l’ordre, le calme, les riches et la propreté des gens saints d’esprit et de santé, de l’autre les rebus, les fous, les malades, les crades, tous ceux qui ont des gènes qui ne sont pas parfaits et qui n’ont pas l’argent pour les améliorer (là comme ça, j’ai l’impression de décrire les Etats-Unis…). On a décelé chez Max une dystonie lors de son enfance, sa mère et sa sœur ont donc émigrés (de force) avec lui du mauvais côté. Vu que ça arrive très tôt je ne vais pas vous spoiler en vous disant que leur mère se fait buter et que Max et Blue ont du grandir et apprendre à survivre seuls dans un environnement pour le moins violent (et en plus, ils sont roux). Ils feront vite parti d’un gang qui se serre les coudes dans le trafique de cadavres et d’organes (et pour avoir ces précieuses denrées, faut aller les chercher à la source : tuer, dépecer, désosser etc). Un jour, ils se retrouvent avec une gonzesse fuyarde dans les pattes que des gens hauts placés recherchent, il s’agit d’un prototype génétique inédit…

Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)

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L’univers est gore, crade, mais aussi tropical.

MF Wilson a écrit une histoire assez classique de survival-action, mais dans un univers très fouillé où la génétique est le point central. J’ai envie de croire que si son monde est extrêmement violent, il est dans le vrai. Car si le moment où la génétique sera complètement accessible à la médecine et parfaitement manipulable arrivera forcément un jour, sa commercialisation créera forcément des différences supplémentaires entre les classes sociales. Je n’espère pas qu’il en résultera un écart aussi dégueulasse et violent mais en tout cas l’évolution scientifique et sociétale montrée dans cette BD me parait réellement crédible. Et d’un point de vue artistique, on se tape trop souvent des univers futuristes à la Blade Runner, très proprets, épurés, où la technologie a une place primordiale, où les gens sont incapables de vivre sans 1000 gadgets avec eux… Alors voir ce Fluorescent Black tout de même avant tout très coloré, tropical, bestial et sensuel à la fois, trash, puant, gore, où la technologie est très secondaire tout en restant futuriste, c’est bien cool. L’auteur appelle ça du « biopunk », une définition qui colle plutôt pas mal.

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Dans Fluorescent Black, personne n’est épargné…

Le trait de Nathan Fox soulève bien ce côté sale, un peu trop même. Certaines cases sont très brouillonnes au point qu’on arrive difficilement à comprendre ce qu’on a sous les yeux. Ce n’est pas, heureusement, le cas sur toute la BD mais ça m’a parfois gêné à la compréhension, dommage. D’autant que le bougre est capable de faire des putains de planches, notamment celle qui sert à la couverture. L’occasion de saluer le très bon travail du coloriste Jeromy Cox, non seulement c’est joli mais en plus c’est très utile, je n’ose même pas imaginer le bordel que ça aurait été pour biter les cases du dessinateur si ça avait été en noir et blanc…

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Faites pas gaffe à l’anglais, c’est juste pour vous montrer le côté un peu faune et flore de la BD…

Enfin, c’est important, la traduction de l’Anglais est excellente et ce n’était pas forcément facile puisque l’auteur utilise du « singlish », un mélange argotique de plusieurs langues, très imagé. On arrive à percevoir cet argot original en français, mais en plus l’éditeur a eu l’excellente idée et l’honnêteté d’ajouter en fin de livre un paragraphe (en plus d’un glossaire avec toutes les définitions des mots zarbi) où on nous explique que certaines expressions étaient assez difficiles à reproduire dans notre langue. De ce fait ils ont inscrit l’originale en « singlish », la traduction choisie pour nous, et la page où elle est inscrite. Chapeau bas. Surtout quand la trad’ nous laisse savourer l’amour de l’auteur pour les injures sans rien édulcorer. « Je fuis comme la vieille bite de mon oncle » : encore un truc qui fait que je ne pouvais qu’aimer Fluorescent Black.

Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix

– La dystonie, dont est atteint Max, est un trouble de l’activité musculaire. Je le précise car les seules personnes étant des dico médicaux ambulants sont ceux travaillant dans le domaine, ou les petits vieux. Soit 0, 00001% de notre lectorat.
– Biopolis, le centre scientifique international de recherche et développement biomédical présent dans la BD (et qui est le point de départ de la démocratisation de la modification et de l’analyse des gènes dans le bouquin) existe réellement. Il est également basé à Singapour.

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