Démokratìa – Tome1, à l’épreuve de la majorité

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Après l’excellent Ikigami, Motorô Mase revient avec une toute nouvelle oeuvre, mettant à mal les principes démocratiques…

001-915.jpgL’un est élève en ingénierie, l’autre expert en robotique. Taku Maezawa et Hisashi Iguma sont deux génies dans leurs domaines respectifs. De leur association naîtra une expérience révolutionnaire : Un consensus démocratique de 3.000 internautes sélectionnés au hasard parmi la population japonaise, guidant une androïde en tout point semblable à une femme, immergée dans le plus grand secret, dans le monde des êtres humains. Son fonctionnement est simple : Pour chaque situation rencontrée par l’androïde (baptisée Mai), les utilisateurs font une proposition. Les trois occurrences les plus couramment citées ainsi que les deux premières propositions uniques (suggérée par un seul utilisateur), seront soumises au vote. Celle comptabilisant le plus de suffrages est alors immédiatement retranscrite, par le geste ou la parole, par Mai. De cette manière, à une situation donnée, Mai pourra réagir de manière censée ou commune (les trois propositions les plus populaires), ou réagir de façon exceptionnelle (les deux propositions singulières), si l’une d’elle convainc la majorité des internautes.

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Tout commence par une discussion anodine autour d’un verre
Dans ce premier tome, le récit se met doucement en place. En relisant mon résumé ci-dessus, je m’aperçois que c’est d’ailleurs un rythme nécessaire pour asseoir l’intrigue et expliquer correctement les principes de cette démocratie microcosmique, sans que ça ne soit rébarbatif. L’histoire n’en est qu’à ses balbutiements, mais déjà on entrevoit toute l’étendue des possibilités que ce concept offre à l’auteur pour nous maintenir sous tension. Car derrière une apparente banale oeuvre de science-fiction, Motorô Mase nous pousse déjà à la réflexion sur les limites de la démocratie, sur notre utilisation d’internet et des réseaux sociaux, et sur le potentiel extraordinaire d’un monde ultra-connecté, proportionnel aux dangers qu’il peut représenter. Ce monde qui se meut sous nos yeux, pourrait être le nôtre. On y retrouve à peu de choses près les mêmes maux, à l’échelle d’une société nippone qui, à mon sens, les exacerbe sans doute d’avantage qu’en Europe, et à fortiori qu’en France. Mais dans le fond, nous sommes tous confrontés à ces questionnements qui animent, dans ce premier tome, la poignée d’utilisateurs mis en avant.

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La sélection se fait par intrusion virale dans l’ordinateur d’utilisateurs choisis au hasard
Si j’avais été complètement conquis par Ikigami en son temps, Démokratìa est bien parti pour me tenir rivé sur le planning de sortie de ses différents volumes (malheureusement, le tome 2 semble prévu au très lointain 27 mai). L’histoire est prenante et résolument adulte. Le dessin quant à lui est soigné, détaillé, minutieux. C’est propre et sobre, sans fioriture et effets de style. Il en va de même pour la mise en page, où le découpage des cases se fait de manière presque scolaire. Ça pourrait paraître monotone aux fans de shonen, mais c’est bien moins bordélique que dans ces derniers où on finit souvent par ne plus trop savoir dans quel sens doit-on lire les pages. Alors certes, on aurait envie par moment que le récit accélère, pour arriver rapidement au point où les emmerdes commencent. Mais finalement on se fait au rythme lent et pesant, et on finit par apprécier que l’auteur ait pris son temps pour nous préparer dans les meilleures conditions. Le souci tient juste dans le fait que ces emmerdes, tant désirées mais à la fois tant redoutées, ne commencent véritablement qu’à la fin du tome (forcément). Attendre la fin du moi de mai va, du coup, m’être insupportable !

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