Comme si nous étions en 1990, j’enchaîne les Point & Click et retrouve la passion qui m’animait à l’époque pour ce genre définitivement à part dans mon cœur de gamer.
Après le passionnant Old Skies de WadjetEyes Game, je ne me sentais pas rassasié en jeux d’aventures. Et toujours dans ma logique de fuir les grosses productions AAA (crise de la cinquantaine oblige), j’ai profité des soldes Steam pour jeter mon dévolu sur The Drifter, un Point & Click en pixel art développé par le petit studio australien, Powerhoof.

L’histoire est celle de Mick Carter, revenant dans la ville qu’il a quitté 5 ans auparavant, pour assister aux funérailles de sa mère récemment décédée. Mick semble être ce qu’on pourrait appeler un loser, n’en témoigne son arrivée clandestine dans un train de marchandise ou son look débraillé qui ne ferait pas tâche dans un foyer de sans abris. Bref, le genre de mec qui n’intéresse personne, et pourtant il est accueilli à la descente du train par des hommes armés qui n’hésitent pas à lui tirer dessus sans sommation, avant d’être jeté dans le fleuve, un bloc de bétons aux pieds, quelques instants plus tard. Mort dans ce fleuve, assassiné par une mystérieuse unité spéciale de commandos, Mick va alors se découvrir une capacité aussi surnaturelle qu’unique : La résurrection. En effet, tel Lazare, Mick va revenir d’entre les morts, quelques instants avant celle-ci, à chaque fois qu’il passera de vie à trépas tout au long de l’aventure. Et c’est autour de cette boucle d’ailleurs que va s’articuler une bonne partie de la mécanique de gameplay du jeu.

En effet, le titre est un Point & Click tout ce qu’il y a de plus classique. On clique à un endroit pour déplacer le personnage et sur un objet pour interagir avec, l’icône changeant de forme de manière contextuelle. Un inventaire permet d’interagir avec certains éléments du décor ou des personnages, et des bulles de dialogue permettent de converser sur les différents sujets qu’on découvre au fur et à mesure. Rien de bien neuf donc, mais l’originalité ici c’est qu’on se trouve face à une sorte de Point & Click Die & Retry, où une mauvaise action peut amener à la mort. Parfois c’est parce qu’on s’est trompé ou qu’on n’a pas été assez rapide, et à d’autres moments la mort servira d’expérience pour s’en servir dans sa prochaine vie. Alors il ne s’agit pas non plus de tout reprendre du début, on n’est pas dans un rogue, mais juste de rewind de quelques minutes.


La grande force de ce jeu c’est donc son scénario, certes très linéaire mais riche en rebondissements, axé autour de cette capacité développée par son personnage principal. Le jeu est porté par une réalisation graphique tout en pixel art plutôt réussie, même s’il faut bien reconnaître qu’elle ne restera pas dans les anales non plus. Mais même si on a déjà vu mieux dans le genre, elle est suffisamment soignée pour que l’aventure soit lisible et qu’on développe de l’empathie et de la sympathie pour ses personnages. Ces derniers sont d’ailleurs intégralement doublés en anglais, et c’est assez remarquable de voir comme un petit studio avec un budget restreint peut arriver à obtenir un doublage aussi qualitatif quand on voit le désastre de certaines grosses productions dans ce domaine. Par contre, les anglophobes resteront encore sur le carreau puisque le jeu ne bénéficie pas d’une traduction française et que les dialogues sont parfois touchy à parfaitement appréhender quand on n’est pas bilingue. Après, je ne le suis pas et si j’ai sans doute raté quelques subtilités, j’ai parfaitement compris l’essentiel et ne me suis jamais senti largué par l’histoire. Sachez d’ailleurs que si vous êtes plus à l’aise avec l’allemand, le jeu est traduit dans cette langue.

Si The Drifter n’est pas spécialement long (comptez une grosse dizaine d’heures environ), il n’est pas non plus très difficile. Les énigmes ne sont jamais tordues et plutôt intuitives, et ne donneront jamais (ou très peu) de fil à retordre à un habitué du genre. Elles demandent tout de même un minimum de réflexion et les séquences de Die & Retry offrent cette agréable et inhabituelle sensation pour ce genre, d’être mis sous pression. Le jeu reste très classique dans son gameplay, mais en soi ça ne m’a pas dérangé. Le principe de rewind temporel n’est pas non plus nouveau, mais il est suffisamment bien traité et intelligemment utilisé pour faire son effet. Le seul véritable défaut que je lui trouve en réalité, c’est d’être un brin fainéant par moment (trop souvent même), en passant par des écrans noirs et une voix off pour décrire une action ou une situation qui n’aurait pas été si compliqué que ça à illustrer, je pense. Mais ce petit détail mis à part, The Drifter est une franche réussite que je ne peux que conseiller aux fans du genre.
Jeu joué grâce à un code généreusement offert par Steam en échange de mon numéro de carte bleue