Si par le passé, les fans de Point & Click se tournaient vers LucasArts pour assouvir leur passion, aujourd’hui la valeur sûre du genre s’appelle WadjetEye Games.

Comme beaucoup de joueurs de mon âge (soit, un poil plus de 25 ans), j’ai joué à peu près à tous les jeux de LucasArts, Delphine Software et autres SierreOnline de l’époque et suis toujours pris d’un certain vague a l’âme lorsque je repense à leurs titres. Le Point & Click a bercé mon enfance, mais fort heureusement je n’ai pas besoin d’attendre qu’on invente le voyage dans le temps pour assouvir cette passion. Déjà, parce que le genre a évolué au fil des âges, se transformant notamment en jeux narratifs comme on a pu le voir dans les productions TellTale ou DONTNOD (me parlez pas de Quantic Dream, par pitié), mais aussi parce que certains continuent de résister aux sirènes de la modernité en proposant du Point & Click à l’ancienne, comme c’est généralement le cas avec Wadjet Eye Games, notamment. Oui généralement, car si le studio nous avait habitué à un certain classicisme baigné dans une D.A. tout en pixel art qui fleure bon la nostalgie, Dave Gilbert a pris une toute autre voie avec cet Old Skies.

Alors c’était peut-être déjà le cas avec leur précédent titre, Unavowed, car j’avoue que je n’avais pas retouché à l’un de leurs jeux depuis Technobabylon, il y a 10 ans (et avant cela, Resonance en 2012 et Gemini Rue en 2011). Mais avec Old Skies, Dave Gilbert a laissé tomber le sempiternel Pixel Art pour un graphisme en dessin, plus fin et plus détaillé, notamment pour les environnements (concernant les personnages, je suis moins fan du résultat). Et les graphismes ne sont pas la seule chose qu’il a bousculé, puisqu’on se retrouve désormais davantage face à un jeu narratif en 2D, que face à un Point & Click à l’ancienne, avec manipulation de l’inventaire et énigmes tordues. En effet, s’il existe bien un inventaire et quelques interactions avec les objets qui le composent, les manipulations restent relativement simples et de nombreuses énigmes se résoudront plutôt via les dialogues et l’exploration. De plus, et c’est tant mieux, tout est plutôt logique et jamais insurmontable. Il y a bien quelques moments où je me suis retrouvé bloqué quelques longues minutes, mais sitôt débloqué mon premier réflexe a été de me dire « ah mais oui bien sûr, qu’est-ce que je suis con ! ». D’ailleurs si comme moi ils vous arrive d’être con(ne), il vous suffit de discuter avec Nozzo, votre opérateur temporel, pour qu’il vous donne un indice, tel un bon GM d’Escape Game.
Putain de touristes

L’histoire nous plonge en 2062. La technologie pour voyager dans le temps a été découverte dans les années 40 et ça a foutu le bordel : Le monde est désormais en perpétuel changement, suite aux nombreuses modifications d’événements passés (le fameux effet papillon). Pour limiter cela, un protocol strict a été mis en place par le gouvernement, classant les individus du passé selon leur importance temporelle (Low, Medium, High, etc.). Ainsi, s’il n’est pas spécialement problématique de changer le destin d’une personne classée Low, il est strictement interdit d’interagir avec des individus classé High ou plus, cela pouvant affecter dangereusement l’avenir de l’humanité. Mais voilà, comme toute technologie révolutionnaire, il n’a pas fallu bien longtemps avant que le capitalisme s’en empare et en fasse un produit commercial rentable. C’est ainsi que le tourisme temporel est né.

Vous incarnez donc Fia Quinn, une employée de chez ChronoZen, société spécialisée dans ce tourisme particulièrement original et onéreux. Votre rôle est de babysitter les riches clients en les accompagnant dans le passé et en les aidant à réaliser leurs souhaits, tant qu’ils restent légaux (aka qu’ils n’interviennent pas sur un individu haut classé). Vous êtes constamment assisté de Nozzo, une sorte d’opérateur temporel resté dans le présent, mais qui peut communiquer en temps réel avec vous et s’assure tant de votre sécurité, que de surveiller les éventuelles fluctuations du temps. C’est aussi un confident qui comprend votre situation et à qui vous pouvez confier vos états d’âme, car bien évidemment, être un agent temporel n’est pas un métier comme les autres et il faut être sacrément solide psychologiquement pour supporter un monde où chaque objet, chaque personne, est interchangeable et peut disparaître d’une seconde à l’autre. Bien évidemment vous l’aurez compris (sinon y aurait pas d’histoire), Fia va s’avérer ne pas être aussi solide qu’on pourrait le croire de prime abord, malgré sa forte personnalité et son opiniâtreté…


D’ailleurs, si j’ai été séduit par la patte graphique du jeu et son gameplay, dosant à la perfection dialogues, exploration, observation et interaction, c’est surtout par son histoire que Old Skies se démarque. Alors certes, je suis assez friand des scenarii à base de voyages temporels et ne suis peut-être pas le plus objectif. Lorsqu’elles sont bien écrites, ce sont souvent des histoires à tiroirs qui nous tiennent en haleine du début à la fin, et le titre de Wadjet Eyes n’est pas en reste. En effet, les événements et les révélations s’y entrechoquent constamment, où ce que vous pensiez anodin et sans lien, vient alimenter une gigantesque toile d’araignée où chaque fil du destin est lié aux autres. Bref, j’ai trouvé ça brillant même si la fin est peut-être un peu trop abrupte ; très chouette, mais abrupte.
A l’arrivée, Old Skies est vraiment un excellent jeu, sans doute l’un des meilleurs auxquels j’ai joué cette année pourtant si riche en titres de qualité, qui m’a passionné de bout en bout tout au long des 14/15h qu’a duré l’aventure. La seule chose qui pourrait vous rebuter, c’est qu’il est intégralement en anglais (voix et textes) et qu’il vaut mieux bien comprendre la langue pour suivre correctement l’histoire et ses dialogues. C’est malheureusement souvent le prix à payer des jeux indés…
Jeux testé sur PC, acheté plein tarif sur Steam alors qu’il était en soldes quelques jours auparavant. C’est ce qu’on appelle un soutien indéfectible (ou un sens du timing merdique, au choix) !
