Si la série Dragon Age a toujours eu du mal à se trouver, cette fois-ci c’est sûr : Elle s’est définitivement perdue.

Quand on parle de Bioware, j’ai des étoiles qui s’allument dans les yeux : Baldur’s Gate I & II, Neverwinter Nights, KotOR, Jade Empire, Mass Effect et, bien sûr, Dragon Age. Même Anthem, malgré son échec cuisant avait des qualités. Mass Effect est pour moi l’une des meilleures séries du jeu vidéo et nombre de leurs autres productions trôneraient en bonnes places dans un Top 50 des plus grands jeux de l’histoire, et notamment Dragon Age: Inquisition. Dès lors, je fondais beaucoup d’espoirs dans The Veilguard. Et même après le tollé retentissant que sa sortie a déclenché sur les réseaux sociaux et les sites/chaines de jeux vidéo, je gardais espoir. Après tout, ce qui revenait un peu trop régulièrement dans les critiques, c’était une sombre histoire autour d’un personnage androgyne et le côté « woke » du scénario, comme si les joueurs étaient touchés dans leur masculinité qu’un personnage secondaire puisse être différent et aux antipodes de leurs idéaux vomitifs. Triste époque…
Bref, je gardais espoir car à part quelques critiques sur le côté sac à PV des ennemis et le retour au mode couloir (après le semi-open world d’Inquisition), le jeu n’était finalement pas trop descendu sur son gameplay ou ses graphismes. J’ai même entendu certains dire que le jeu était beau… sérieusement ? Beau ?

Alors je vais mettre les choses au clair de suite : Je n’ai pas été jusqu’au bout du jeu. J’ai abandonné après un peu plus de 7h, donc n’espérez pas une critique constructive et objective sur les tenants et les aboutissants du scénario ou sur la pertinence des conséquences narratives de vos choix en jeu. J’avais beau être curieux et motivé, continuer le jeu est au-delà de mes forces car, clairement, il s’agit là du pire AAA auquel j’ai joué depuis bien longtemps.
Je ne ferais pas non plus de comparaison avec les précédents Dragon Age, très inégaux d’un épisode à l’autre d’ailleurs : Ma désillusion est certes grande, mais ce n’est pas ce qui motive mon aversion pour ce jeu. J’aurai pu pardonner qu’on foule du pied l’univers de la licence, qu’on trahisse son état d’esprit, et je me fous complètement que le jeu ne soit plus qu’un simple jeu d’action au détriment de tous les éléments RPG des précédentes productions du studio. Après tout, Bioware a toujours cherché à tendre leurs RPG toujours plus vers action.
D.A. Déplorable

D’ailleurs quand on abandonne le monde ouvert (ou presque) pour un enchaînement de couloirs, quand on abandonne le RPG pour le jeu purement action, on s’attend à faire un bond en avant graphiquement, à envoyer du pâté comme on dit dans le jargon. Et pourtant, Dragon Age The Veilguard est moche, mais vraiment moche. Je ne parle pas de textures. De ce côté là c’est plutôt correct, même si j’avoue que je m’attendais à mieux : J’imagine que c’est une déformation due au fait que j’y jouais sur Xbox alors que je suis passé sur PC Master Race depuis quelques temps. Non, quand je dis qu’il est moche, je parle d’ambiance, d’univers, de direction artistique et de level design. L’environnement est désespérément vide, l’ambiance générale est triste sans imagination et le level design nous ramène 20 ans en arrière tant la construction des niveaux est déplorable, avec tous les poncifs du genre. Il n’y a guère que les alliés qui nous accompagnent qui sont plutôt réussis (et encore, pas tous).

Du coup, arpenter les niveaux de The Veilguard est une véritable souffrance. Il n’y a rien qui nous motive à avancer, à monter cette énième échelle, à ramasser ce douzemillième item qui brille au sol (avec la même touche que pour sauter d’ailleurs. Bien joué Einstein !), à briser ce 800ème cristal pour dissiper une barrière qui mène vers un autre lieu insipide. Quand on arrive dans un nouveau niveau, la caméra s’éloigne pour vous faire apprécier le paysage, comme on peut le voir dans bien des jeux. Sauf qu’il n’y a rien à voir. C’est d’un classicisme sans nom. C’est laid et pas inspiré. N’importe quel studio indé aujourd’hui, fait mieux avec les items préfabriqués de l’Unreal Engine 5. Alors comment des vétérans de l’industrie peuvent encore pondre ça en 2024 ?
Bref, le jeu est moche, ok. J’en fais mon deuil et je me dis que tant pis, ça ne va pas m’empêcher de vivre une aventure épique comme Bioware sait le faire. Malheureusement, si le jeu est laid, le pire est encore à venir. : Les combats ! Oh putain, les combats…
Vaincu par KO

Bon, on va passer sur le fait que chaque affrontement est une épreuve d’endurance, tant les ennemis sont des sacs à PV (et encore je n’ai joué que 7h. Il paraît que c’est pire ensuite). N’espérez pas lancer le jeu pour y jouer une petite heure, vous aurez tout juste le temps d’occire trois-quatre pauvres mobs. Bon ok, j’exagère un peu mais vraiment, c’est débile. Je comprends l’idée de faire durer un combat de boss, mais des mobs… Pour te faire ressentir la montée en puissance, je pense qu’il n’y a pas pire idée. Non, le problème n’est pas leur durée de vie déraisonnable, mais le gameplay et l’absence d’archétype cohérent de son personnage. En effet, lorsque vous débuterez le jeu vous aurez à choisir parmi trois classes distinctes : Le guerrier, le voleur ou le mage (et leur pendant féminin). Trois classes seulement pour un RPG, ça fait un peu chiche. Mais qu’à cela ne tienne, on se dit que c’est juste la classe de départ et que par la suite, l’arbre de compétence va nous orienter vers de nouvelles sous-classes pour nous permettre de nous spécialiser. Mais non, bien au contraire. L’arbre de compétence est une sorte de touche à tout, où votre personnage va faire et devenir n’importe quoi dans une sorte de Gloubi-boulga de coups spéciaux tous plus ratés les uns que les autres.

La maniabilité du personnage est atroce, la gestion des coéquipiers est absurde. Pour ma part j’ai voulu créer un guerrier, une fois n’est pas coutume. Malheureusement je ne ressens ni la puissance d’un chevalier, ni la robustesse d’un tank, lorsque je combats au corps à corps. Les coups n’ont aucun impact et on tape jusqu’à obtenir suffisamment de puissance pour lâcher un coup spécial absolument ridicule qui tend à transformer votre guerrier en mage (si j’avais voulu faire un mage, j’aurai choisi mage comme classe…), tout ça afin de tenter désespérément de raccourcir ces interminables combats sans saveur. Il n’y a pas si longtemps, je critiquais le gameplay bourrin de God of War (le faux vrai reboot qui est en fait une suite) et sa propension à vous sortir de la quête principale pour choper tout un tas de collectibles et d’éléments de progression RPGiste, façon Assassin’s Creed. Mais bordel, qu’est-ce que je le regrette là. C’était une petite rhinite à côté de cette peste bubonique qu’est le gameplay de The Veilguard. Transformer un RPG en jeu d’action ok, mais du coup les références et les attentes en terme de gameplay ne sont plus les mêmes. Et là où on pouvait pardonner à Inquisition son gameplay un peu approximatif, parce que l’intérêt était ailleurs. Ici l’intérêt est nulle part.
Du lore pour les braves

A côté de ça, j’avais lu des avis plutôt négatifs concernant l’histoire et les dialogues, notamment avec nos coéquipiers. L’histoire en elle même, difficile de la juger compte tenu du peu de temps que j’ai accordé au jeu, mais si elle ne semble pas avoir une grande originalité, elle me paraît tout à fait correcte et semble respecter un minimum le lore et le passif d’anciens personnages, à commencer par Solas. Bon, la demeure dans l’immatériel où on peut tailler le bout de gras avec ses sidekicks entre deux missions, a des faux airs du château d’Inquisition mais, en tout cas au stade où j’en étais, en bien moins réussi et impactant sur l’aventure. C’est juste un lobby pour chiller, quoi. Quant aux dialogues, certes ils ne décollent pas vraiment pour le moment, mais c’était déjà le cas avec la précédente itération ou même certains personnages des Mass Effect. Du coup, je me focalise pas trop dessus car très souvent, c’est au fil du temps que les relations s’étoffent et que les équipiers vous marquent et vous émeuvent. De plus, je ne les ai pas encore tous rencontrés donc là encore, difficile de me faire un avis sur eux. Disons juste que ça ne me semble pas être la partie la moins réussie du jeu.

Il en va de même pour les choix laissés aux joueurs dans les dialogues, où certains critiquaient le fait de ne pas pouvoir totalement incarner un salaud. Alors oui, les choix sont globalement positifs et laissent entendre que Rook, le héros du jeu, est un mec bien (ou une meuf sympa, si vous jouez une femme). Mais c’est un peu toujours le cas avec les jeux de Bioware. Certes, il y a régulièrement des situations où on peut être purement pragmatique, mais jamais véritablement un connard invétéré. Après tout, on incarne tout de même un sauveur de l’humanité, on ne peut pas être totalement mauvais. De mémoire, le seul jeu qui permettait d’avoir un véritable côté obscur, comme son nom l’indique, c’était Star Wars Knights of the Old Republic. Mais ça va de pair avec la licence et, en plus, il y avait ce revirement soudain assez mal foutu à la fin du 2 je crois (qui n’était pas de Bioware d’ailleurs), où on pouvait soudainement choisir d’incarner le bien (alors qu’on a joué les fils de pute tout du long) ou le mal (alors qu’on a joué les Télétubbies tout du long). Bref, s’il n’y a rien dans l’écriture qui puisse me motiver à subir la plaie béante et purulente formée par le gameplay et le level design du jeu, il n’y a rien de spécialement scandaleux non plus.

Alors je sais qu’il faut de tout pour faire un monde, qu’on n’a pas besoin d’avoir les mêmes goûts. Mais définitivement, je n’arrive pas à comprendre comment certains ont pu être positifs vis-à-vis de ce jeu tant il représente à lui seul, tout ce qui se fait de pire dans les productions actuelles. Comment ont-ils pu l’aimer ? Ne serait-ce que le finir… J’ai déjà souffert plus que de raison pour tenir 7h, alors le terminer ça me paraît irréaliste, surhumain. Je ne comprends pas non plus ceux qui se plaignent de la non-binarité d’un personnage en occultant tout le reste. Qu’ils soient fachos passe encore, c’est la mode en ce moment de parler de wokisme en citant ces grands philosophes et leaders de la pensée que sont Jordan Bardella et Cyril Hanouna. Mais que ça ne t’empêche pas d’avoir un minimum de goût en matière de jeux vidéo, merde !
Jeu malheureusement acheté en promo sur Xbox alors que les 40 euros auraient pu être mieux investis : En cigarettes, CD de Mariah Carey, livres de Guillaume Musso ou cagettes d’endives.