Développé par des anciens de TellTale Games, Dispatch reprend la célèbre et éprouvée formule du studio californien, en lui insufflant un petit vent de fraîcheur.
Contrairement à ce que pense Smy, qui est persuadé que je ne joue qu’à des FPS bourrins ou des gacha de pervers, j’ai joué et apprécié un bon paquet de jeux narratifs / films interactifs / Modern Point & Click (je ne sais même pas comment on les appelle, d’ailleurs). A savoir la plupart des TellTale (Walking Dead, Wolf Among Us, Tales from Borderlands ou même The Expanse récemment) ou les deux premiers Life is Strange. J’ai aussi joué (mais pas aimé) quelques Quantic Dream (Fahrenheit, Heavy Rain, Detroit… c’est déjà trop). Alors quand des anciens de chez TellTale montent leur propre studio pour développer un jeu narratif / film interactif / modern point & click (je ne sais toujours pas comment on les appelle), forcément ça m’intéresse. D’ailleurs, pour la blague c’est Smy qui en a parlé le 1er alors qu’on sait tous qu’il n’y jouera pas avant la sortie du remaster sur PS6…
Le Super Normal…

L’histoire de Dispatch est celle de Robert Robertson 3ème du nom qui, à l’instar de son père et son grand-père avant lui, a endossé l’armure familiale et incarné ainsi le nouveau Méca Man, le super-héros ultime dans le cœur des fans. Sauf qu’à la suite d’une rixe avec Spectre et ses sbires (l’antagoniste en chef), l’armure de Méca Man se voit détruite, Robert sombrer dans le coma et, surtout, le cœur astral qui fournissait l’énergie nécessaire à Méca Man, perdu. Totalement dénué de super-pouvoirs, et désormais privé de son armure, Robert se voit donc contraint d’abandonner la carrière de super-héros et de retourner à la vie normale. Enfin normale pas tout à fait, puisqu’on va lui confier la lourde tâche de diriger une équipe de super-héros composée d’anciens super-villains, et de les dispatcher sur les différents appels au secours recensés par le SDH (Service de Dispatching Heroïque). Et c’est d’ailleurs là toute l’originalité de Dispatch, puisque si on retrouve les marqueurs clés des productions TellTale, cette gestion de super-héros va se faire par le biais d’un mini-jeu, parfaitement intégré à l’histoire et au gameplay.

En effet, dès les premières minutes on se rend compte que le studio AdHoc est composé d’anciens de chez TellTale, tant on retrouve la patte du studio californien dans tous les compartiments du jeu. La réalisation, digne des meilleurs films d’animation, l’écriture maîtrisée pleine d’humour et de situations prompts à nous faire faire des choix cornéliens ; même la Direction Artistique nous fait irrémédiablement penser à un jeu TellTale. On retrouve les mêmes ingrédients, jusqu’aux QTE inutiles et aux choix qui nous laissent l’illusion d’être maîtres du récit alors qu’en vérité, il ne s’agit que de variations mineures et pas de véritables embranchements scénaristiques. Quoi que, si la trame scénaristique reste globalement la même du début à la fin, il semblerait que ce Dispatch propose des variations pas si mineures que ça, finalement. En tout cas, suffisamment importantes pour nous donner envie de recommencer l’aventure pour essayer de le constater par soi-même.
… et les Super Nases

Le gros de l’interaction et du gameplay, sera donc de cliquer sur un choix de dialogues pour orienter la scène qui se joue sous nos yeux, d’une manière ou d’une autre. Les QTE ont pour le coup, un impact vraiment mineurs et peu d’entre eux provoquent réellement une variation de la scène. En effet, je pense que plus de la moitié (voire 75%) peuvent être ratés sans que ça ne change quoi que ce soit. Donc pour en profiter au mieux et éviter de gâcher la lisibilité en polluant l’écran, je vous conseille de les désactiver au lancement du jeu. D’ailleurs, même les développeurs pensent que c’est inutile, puisqu’ils vous proposent de ne pas les activer d’une part, et parce qu’il se passe bien deux ou trois chapitres, sur les huit qui composent l’histoire, sans qu’il nous en soit proposé un seul. J’ai même cru à un moment que je les avais désactivé par erreur, c’est dire. Bref, pour la partie narrative on est en terrain connu, mais c’est suffisamment bien fait et bien écrit pour nous accrocher.


La véritable nouveauté de ce jeu, et ce qui va bouleverser un peu l’expérience habituelle, c’est le mini-jeu de gestion qu’il propose et dont est tiré le titre du jeu : le dispatch. En effet, en tant que super normal, ce n’est plus vous qui allez sauver la veuve et l’opprimé sur le terrain, mais une bande de bras cassés dont vous aurez la charge : la Team Z ! Comme expliqué plus haut, la Team Z est une équipe d’anciens bad guys repentis, intégrant le protocole Phénix visant à les réintégrer dans la société par le biais de leurs actions héroïques. Et le moins qu’on puisse dire c’est que diriger une telle bande n’est pas de tout repos. En effet, ici les compétences de chacune et chacun ne sont pas un problème en soi, mais leur cohésion et leur rapport à l’autorité, fait qu’on marche toujours sur le fil du rasoir lorsqu’on les envoie en mission.
Patch note

Toutes et tous ont leur propres particularités, à commencer par un score dans les 5 compétences de bases que sont le combat, la vigueur, la mobilité, le charisme et l’intelligence. Mais ils possèdent également trois pouvoirs, qu’il sera nécessaire de débloquer au fur et à mesure de leur progression (le 1er s’acquiert très rapidement, les deux autres beaucoup moins) ainsi qu’une personnalité et un passé qu’il ne faudra pas négliger, tant ces infos s’avèrent être une vraie mine d’or par moment (envoyer un ancien cocaïnomane sur un traffic de drogue peut aider, par exemple). Chaque mission réussie va leur faire gagner des points d’XP, qui se transformeront ensuite en points de compétences afin d’améliorer son héros dans la direction qu’on souhaite qu’il prenne : spécialisation, uniformisation, complémentarité… à vous de décider (et d’assumer).


Ce mini-jeu est loin d’être simple et nécessite de prendre les meilleures décisions le plus rapidement possible, sachant qu’il n’existe jamais de candidat idéal et que vous pouvez tout de même foirer une mission avec 86% de taux de réussite (ou inversement, réussir une mission avec 12% de chances). Pour vous aider, outre les profils et les compétences des différents agents, vous disposerez de trois items à usage unique qui vous permettront de soigner ou reposer immédiatement un héros. Chaque chapitre va proposer deux demie journées de dispatch et à chacune de ces sessions, vous ne bénéficierez que d’un item de chaque (et encore, les deux derniers se débloquent plus tardivement). Il vaut mieux éviter des les utiliser à tort et à travers, mais ce n’est pas non plus très malin de terminer une session avec un item inutilisé. Enfin, de temps en temps il sera proposé à Robert d’intervenir directement, en piratant des systèmes informatiques, soit depuis la map d’intervention, soit pendant les séquences narratives. Là encore, si les premiers piratages s’avèrent extrêmement simple, ça se complique considérablement par la suite, et notamment lorsqu’il s’agit d’événements facultatifs. Notez qu’au clavier, la gestion de l’AZERTY n’est pas supportée pour le ZQSD, il sera donc nécessaire de jouer au pad ou de passer votre clavier en QWERTY (Windows + Space, pour les profanes). J’entends d’ici Toma et Smy railler la complexité du PC…

Comme 2 millions de joueurs avec moi (derniers chiffres en date), j’ai donc craqué pour Dispatch et contribuerait à ce que ce succès grandisse, en vantant ses mérites à qui veut l’entendre. Car oui, à 30 balles les 8 heures de jeu ça peut sembler un poil cher (comptez grosso modo 1h par chapitre), mais l’aventure est vraiment chouette et mérite d’être jouée. En effet, le titre est porté par une histoire prenante, un casting parfaitement ficelé et des idées neuves qui rafraîchissent à merveille un genre qui a parfois tendance à s’enliser dans ses poncifs. Alors ok, je ne suis pas fan des QTE et le jeu manque parfois de cohérence, comme lorsqu’un des personnages est censé être dernier au classement alors que c’est celui que j’ai le plus envoyé en mission et qui a totalisé le plus de réussite. Mais comme je le disais en préambule, et comme beaucoup d’autres titres avant lui, l’histoire de Dispatch proposera toujours la même trame principale du début à la fin, et seule quelques variations viennent altérer le récit. Et honnêtement, ça le modifie bien davantage que ce que j’aurai pensé et ce que j’ai pu voir dans d’autres titres du genre. Bref, passez à la caisse de suite ou attendez les soldes (ou le remaster, comme Smy), mais un jour ou l’autre jouez-y, il en vaut vraiment la peine.
Jeu testé sur PC Master Race, grâce à mon super-pouvoir de Super Dépensier Man !
