Un puzzle game. Un premier jeu du studio californien Dogubomb. Un protagoniste muet, sans jambe et qui ne sait ni sauter ni vraiment courir. Ça fait beaucoup… et pourtant, nous avons dégoté la petite perle dont vous allez bientôt entendre parler partout.
En avant première mondiale, c’est bien votre site préféré de jeux vidéo avec un singe en slip comme mascotte qui a été choisi pour sa rapidité à tester un jeu et sa réactivité à sortir son article. Voici donc LE tout premier test de Blue Prince par Polygamer.
Par ordre d’entrée dans le manoir… (attention le 3e va vous surprendre)
L’avis de Toma021
La frénésie du départ
Stoppé dans mon élan
Ma save est donc restée bloquée au jour 108 avec le fameux bug PS5 des sauvegardes. Il aura fallu 2, 3 ? semaines avant de pouvoir rejouer. Félicitations au passage au studio qui a su résoudre la chose sans perdre les sauvegardes (pas de second degré ici, c’est sincère). L’occasion de repartir dans ma folie pour un second tour. J’arrive tout de même sur des énigmes de plus en plus complexes et un peu fumeuses de temps en temps. Je sais pas si c’est la coupure mais j’ai plus de mal à me remettre dedans. Après avoir appri une langue, travaillé l’histoire-géo d’un royaume imaginaire, bossé sur des feuilles pendant des heures (réellement des heures) pour résoudre des énigmes qui collaient pas, je trouve un peu répétitif et hasardeux ma façon de tenter les dernières énigmes. Heureusement quelques éléments restent géniaux et donnent une dimension incroyable au jeu. J’alterne entre passages frénétiques et découragement.
Le plaisir jusqu’au bout
Finalement il m’aura fallu 26 jours pour atteindre la chambre 46 et pas moins de 142 (pour 150h de jeu) pour atteindre la vraie fin du jeu. Blue Prince est une petite merveille qui n’arrivera pas à séduire tout le monde. Déjà parce que les rogues ont toujours leurs opposants, à cause de la répétitivité des évènements et de par ses hauts et ses bas. Les énigmes sont vraiment hallucinantes, nous faisant des effets wahou à plusieurs reprises et à plusieurs stades. Comme des couches superposées qui ne se dévoilent qu’au fur et à mesure de notre compréhension. La profondeur est grandiose, avec comme je le disais, une histoire-géographie complète et un lot de mystères rattachés à l’histoire du jeu. Chaque petit détail est pensé et quasi rien n’arrive au hasard. Le travail minutieux de Dogubomb est stupéfiant, surtout quand on sait que c’est leur premier jeu. J’espère qu’ils auront les moyens de laisser autant de temps à leur prochain projet et qu’il ne tomberont pas dans les travers de l’industrie d’aujourd’hui. Pour revenir sur les bas, il faut bien avouer que plus l’on creuse et plus cela devient obscur. Certaines énigmes sont quand même super compliquées, non pas au niveau de la difficulté mais sur « comment arriver à comprendre ce qu’il faut faire ? » Moi chercher ça m’embête pas mais quand faut deviner un peu au pif ce qu’ils pourraient attendre, ça devient plus ennuyeux. Mais bon je parle vraiment de 2-3 points sur 150h de jeu.
L’année va être riche avec 2-3 gros jeux à venir comme Death Stranding 2 ou Tsushima 2 pour ne citer qu’eux et certains déjà passés comme Kingdom Come 2, AC Shadows ou Expedition 33 qui a l’air de tout emporter sur son passage mais ça n’empêche que Blue Prince sera dans sans doute mon favori pour le GOTY.
L’avis de Fylodindon
Bon alors, testons ce jeu dont tout le monde parle. Il est dans le gamepass, ça ne va pas me coûter trop cher ; au pire quelques minutes de ma vie, tout au plus une heure. C’est pas comme si j’étais connu (et reconnu) pour ma propension à abandonner les jeux avant la fin du tuto.
Ok, donc je dois choisir une pièce parmi trois. Ah, mais elles ne pivotent pas ces connes, faut que je choisisse judicieusement pour bien remplir ma grille…
Ah mais attend, mais ça veut dire que ça c’est une énigme alors ? Mais faut pas juste atteindre le bout de la grille ? Bon, faut que je parle de ça à Toma, vu qu’il y joue également.
Ahahahahah, je vais envoyer ce screen à Toma aussi, pour le narguer. Ce con n’a toujours pas trouvé le code du jardin… quel tocard !
Attends, mais comment il a fait pour comprendre ça, lui ? Quel bâtard, il a trouvé ce truc lui.
Ah mais putain, ça fait 40 fois que je passe devant ce machin et je viens seulement de comprendre. Bon, a priori je ne suis pas le seul.
Ah, ce truc je sais que je l’ai vu quelque part, j’ai dû faire un screen. Merde, j’ai 248 screens, faut que je fasse un tri.
Putain, mais j’ai fait 328 captures et j’ai oublié de faire celle-là ? Comme par hasard…
Putain de jeu, t’as pas bientôt fini de me troller comme ça ?
Enfin, la pièce 45 !
Hein ? Quoi ? Comment ? Tu te fous de ma gueule, con de jeu !
C’est bon, va te faire foutre. Tu m’as saoulé !
Uninstall in progress
………………….
[Jeu désinstallé et supprimé de votre bibliothèque]
L’avis de Smy
Le premier jour…
Je n’aime pas les rogues et seuls certains puzzle games me plaisent, comme Chants of Sennaar et pas du tout comme The Witness. Blue Prince est donc un pari pour moi et si j’avais prévu de résister à la hype et d’attendre quelques mois, je craque finalement au bout d’une semaine. Mon setup * est un peu tordu (je le détaille en fin d’article si ça vous intéresse), mais il me permet de me concentrer et m’organiser. Je suis conquis dès le premier run, par l’ambiance, les graphismes, la musique et par le draft et le rogue ! Pourtant je viens juste d’écrire que je n’aime pas les rogues.

Le manoir se dévoile…
Les runs (ou jours dans la terminologie de Blue Prince) s’accumulent et la pièce tout en haut m’obsède. Je ne débloque rien de permanent pour le moment, mais ma connaissance des lieux, ou des pièces, me permet d’améliorer mes runs. Je ne sais plus où j’ai lu que Blue Prince était un « Knowledge Mania », chez Exserv je crois, mais c’est exactement ça, la connaissance acquise prime sur le reste. En tous cas c’est mon ressenti à ce moment du jeu.
Au 12ème jour je débloque enfin quelque chose de permanent, cela change pas mal ma vision du jeu. Le manoir est bien plus grand que je ne l’imaginais. Je ne cherche plus forcément à monter vers ce que je crois être le but ultime, tout en haut, mais plutôt à découvrir de nouvelles pièces et en apprendre plus sur le Lore et les énigmes. Au 23ème jour le jeu s’ouvre encore plus et je suis émerveillé par les implications de ce que je viens de découvrir. Je comprends de plus en plus l’engouement général sur ce jeu. Chaque énigme réussie fait raisonner un petit Eureka dans ma tête.
La pièce 46…
Il me faut une vingtaine d’heures et 36 runs pour ouvrir la fameuse porte de la pièce 46 et voir le générique de fin. La cinématique me touche particulièrement, j’ai l’impression d’avoir tout donné, comme si j’avais passé des centaines d’heures et des combats épiques alors que je n’ai fait que poser des pièces sur un plan et ouvrir des portes. Cette idée de mélange rogue, draft et énigmes est sublime, GOTY !
Et après…
Le studio Dogubomb nous présente dans ses trailers la pièce 46 comme le but ultime, et se garde bien de dévoiler tout le « end game ». Mais au moment d’ouvrir sa porte, tant d’énigmes sont encore irrésolues et tant de lieux inexplorés qu’il est impossible de s’arrêter là. Je suis à 80 runs et plus de 40 heures et j’ai l’impression de n’avoir touché qu’une partie du jeu. Tout est de plus en plus cryptique, j’ai plus de 50 pages de notes sous Word, des centaines de captures et je joue encore et encore…
L’avis de Tsokoa
J’ai commencé à jouer à Blue Prince sur téléphone, sur Whatsapp, en coop. Oui je parle bien du vrai Blue Prince, j’ai juste prêté assistance à Toma021 sur une série d’énigmes en anglais dans un revival de quand on était au lycée. Cela a été mon introduction au jeu dont j’avais forcément entendu parler, mais dont j’avais du mal à visualiser ce en quoi il consistait vraiment. Quelques captures écrans de tableaux reste une introduction limitée, mais avec le fait que tout le monde jouait et parlait du jeu, je me suis dit qu’il fallait bien que j’aille voir à quoi ça ressemble, le jeu n’étant en plus qu’à une mise à niveau de mon compte PS+ de moi.
En mec à l’instinct de contradiction surdéveloppé, j’ai commencé par émettre quelques réserves sur le jeu ce qui m’a valu mains quolibets parce que : c’est le GOTY, ça a été décidé, il a 114 sur Metacritic, on a pas le droit de critiquer… Au fil des heures et et des runs, j’ai été assez happé par le concept du jeu, mais mon impression initiale est quand même revenue au final.
Le principe du Blue Prince est hyper bien trouvé et je ne sais pas à quel point c’était volontaire ou pas, mais on joue là à un jeu qui se joue de nous. Blue Prince nous manipule en effet par des biais cognitifs et neurologiques assez profonds et fondamentaux en jouant sur les mécanismes de frustration et de récompense. Fondamentalement, Blue Prince c’est un jeu de lootbox gratuit avec des énigmes. La construction du jeu en mode rogue et avec le draft des pièces est assez addictif avec son côté (partiellement) aléatoire qui crée une tension palpable chez le joueur. Combien de fois avons nous pu rager devant tel choix ou absence de choix pour quelques plus rares fois où on est ravi de la pièce parfaite qui tombe.
Cet équilibre entre frustration et gratification est pour moi une notion centrale de game design, mais aussi de la vie au sens large et Blue Prince arrive sûrement mieux qu’aucun autre à jouer de ça pour toujours pousser le joueur à la limite du ragequit et du nouveau run. Le souci pour moi, c’est que la frustration était quand même assez largement supérieure à la gratification. Beaucoup de très bonnes idées, mais aussi beaucoup de déception quand une énigme enfin résolue amène juste sur un nouvelle énigme plus cryptique ou quand LA pièce qu’on veut ne tombe jamais. Tout ça aussi pour une histoire qui reste trop en filigrane à mon goût. Avec son côté mystérieux et sa construction singulière à la profondeur insoupçonnée, Blue Prince est un jeu culte c’est sûr, mais un jeu que j’ai lâché à force d’avoir l’impression d’une frustration quasi constante pour une éventuelle récompense toujours repoussée au point d’avoir fini par ne plus y croire.
Tests réalisés avec les versions incluses dans le Game Pass, le Playstation Plus Extra, et même achetée par Smy qui ne fait rien comme les autres.
* Le setup de Smy : Je n’arrive pas à jouer à des puzzle games sur la Play, c’est sans doute lié à mon environnement de jeu et à la distance de la télé, mais il faut que je sois proche de l’écran pour réfléchir. Je joue donc généralement à ces jeux sur Switch, et plus rarement sur Mac.
Pour Blue Prince, je joue en Remote Play de ma PS5 sur mon Mac, c’est donc l’écran du Mac qui affiche le jeu. Word est ouvert en arrière-plan et j’y note des infos sur les pièces, les livres, etc. Les captures sont réalisées sur le Mac et non la PS5, ce qui me permet de tout classer jour par jour. Et enfin j’extrais les textes importants des captures pour les coller dans Word.