Sondez la galaxie pour découvrir des signes de races extra-terrestres et prouver à vos parents que oui, chercheur d’aliens est bel et bien un vrai métier !
SETI ou Search Extra-Terrestrial Intelligence, est un jeu de gestion de ressources pour 1 à 4 joueurs, créé par Thomas Holek et édité par Iello. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un jeu où on incarne une mission scientifique, explorant la galaxie en quête de signaux extra-terrestres. Alors quand je dis « explorer la galaxie » je ne parle pas d’une mission de gros bras arpentant l’espace à la ISS Vanguard, mais plutôt d’une bande de blouses blanches accrocs à la caféine, lançant des sondes depuis une base isolée sur Terre.
Jeu d’actions

Le jeu se déroule en 5 manches durant lesquelles les joueurs vont enchaîner les actions alternativement, jusqu’à ce qu’ils aient tous passés. Ces actions sont les suivantes :
- Lancer une sonde : Lancer une nouvelle sonde dans le système solaire, depuis la planète Terre ; sachant que sauf exception (technologie acquise ou carte spécifique), les joueurs ne peuvent pas avoir plus d’une sonde naviguant dans le système.
- Mettre une sonde sur Orbite : Une fois arrivée à destination (l’une des 7 autres planètes de notre système), vous pouvez choisir de retirer votre sonde du plateau principal pour la mettre en orbite autour de la planète, sur le plateau éponyme, et ainsi gagner les bonus liés à celle-ci.
- Poser une sonde : Idem que pour mettre une sonde en orbite, sauf que là vous décidez de la poser sur la planète, voire sur l’une de ses lunes si vous disposez de la technologie (ou d’une carte spécifique).
- Scanner un secteur : Scanner le secteur depuis la Terre (sachant que le plateau va tourner au fil de la partie) afin de gagner des données pour alimenter votre supercomputer.
- Analyser les données : Vous permet de dépenser vos données pour chercher des traces extra-terrestres. Cette action nécessite au préalable que votre ordinateur dispose d’au moins 6 données (aka que la partie haute soit intégralement recouverte de jetons données).
- Jouer une carte : Jouer une carte depuis sa main en payant son coût (généralement 1 à 4 crédits, mais parfois aussi de l’énergie), afin de gagner son effet. Certaines cartes sont des missions que vous pourrez accomplir en cours de partie et d’autres vous permettront de remporter des points de victoire supplémentaires à la fin.
- Rechercher une technologie : Acquérir l’une des 12 technologies disponibles pour upgrader son plateau individuel, en dépensant 6 points de couverture médiatique. Ces technologies sont classées en 3 types : Exploration (en rapport aux sondes), Observation (en rapport aux scans) et Informatique (en rapport aux données).
- Passer : Passer son tour et récupérer une carte depuis le paquet de la manche suivante (1 carte par joueur + 1). Ainsi plus on passe tôt, ou du moins avant les autres, plus on a le choix dans les cartes disponibles.

En sus de ces actions obligatoires, les joueurs peuvent à tout moment exécuter une ou plusieurs actions gratuites. A savoir :
- Défausser une carte de sa main pour obtenir son bonus d’action gratuite, en haut à gauche (un déplacement, une énergie, une donnée, un point de couverture médiatique, etc.).
- Déplacer une sonde dans le système solaire, soit en défaussant une ou plusieurs cartes dont l’action gratuite est un déplacement, soit en dépensant de l’énergie (une énergie = un déplacement d’une case, sauf champ d’astéroïdes).
- Déplacer des données depuis sa réserve, vers les emplacements dédiés sur son ordinateur
- Accomplir la mission d’une de vos cartes jouées préalablement et ainsi en gagner la récompense.
- Acheter une carte en dépensant 3 points de couverture médiatique.
- Échanger des ressources (Crédits, Énergies, Cartes) au rapport de 2 pour 1. Exemple : deux crédits pour une énergie, deux cartes pour un crédit, etc., sachant que les deux ressources « payées » doivent être identiques.
Notez que toutes ces actions gratuites peuvent être réalisées autant de fois que possible à son tour de jeu et dans l’ordre qu’on souhaite (avant, après ou pendant la résolution de son action).
Besoin d’espace

Comme vous l’aurez compris à la lecture de ces règles, il s’agit ici d’un jeu Expert destiné avant tout aux joueurs et joueuses chevronné(e)s. En soi, le déroulement d’une partie n’est pas bien compliqué, mais les très nombreuses informations à digérer et à exploiter, font qu’il est difficilement compréhensible pour des personnes peu habituées aux gros jeux. De plus, il est plutôt long, avec des débuts poussifs, notamment le temps d’appréhender les nombreux picto présents sur les cartes et les technologies qui nous ramènent toutes les 30 secondes à l’aide de jeu. Et comme si ça ne suffisait pas, la découverte des deux races extra-terrestres met le jeu en pause en plein milieu de la partie, le temps de les dévoiler et d’en lire les règles qui leur sont spécifiques. Alors rassurez-vous, après quelques parties tout devient plus fluide et rapide, mais ça reste très relatif (comptez environ 1h par personne).
En plus d’être plutôt long et complexe, le jeu est également destiné à celles et ceux qui disposent d’une grande table. Car si le plateau est plutôt joli, avec un système de rotation du système solaire aussi amusant à manipuler qu’intéressant et intelligent à jouer, il est très largement surdimensionné ; ce qui rend son utilisation sur une table modeste assez compliquée. De plus, SETI fait partie de ces jeux qui nécessite un laps de temps relativement conséquent dédié à la mise en place, entre le plateau principal en trois parties, le soleil et le système de rotation à installer, les deux plateaux aliens, les données et les technologies à disposer, etc. Rien que pour ça, il faut être motivé pour y jouer.

Une fois en jeu et dès lors qu’on a bien assimilé les règles et l’iconographie des cartes, les tours s’enchaînent de manière plutôt fluide. Je trouve toutefois que le jeu ne permet pas vraiment de mettre en place des stratégies distinctes, mais s’articule plutôt autour du principe de l’opportunité, en fonction des cartes qu’on a en mains ou dans la rivière, et de la disposition du système solaire à notre tour. Pour le coup, ça ne me dérange pas trop, mais c’est peut-être pas le cas de tout le monde. Oubliez également l’interactivité avec les autres joueurs, qui est réduite à son strict minimum. Il y a quelques incidences, comme le plateau qui tourne au plus mauvais moment, mais la grande majorité du temps, chacun joue dans son coin et c’est à peine si on surveille les coups de chacun. De plus, comme beaucoup d’autres jeux du même genre, SETI ne passe pas à côté de l’écueil du déséquilibre entre les cartes, qui nécessite de bien connaître le jeu pour optimiser au mieux ses parties.

Malgré tout, le jeu reste très plaisant à jouer de par son thème plutôt bien respecté (c’est très subjectif, mais perso ça me parle), et la diversité de ses mécaniques. J’aime aussi beaucoup cette idée de faire quasiment ce qu’on veut avec ses actions gratuites (qui ne sont pas vraiment gratuites d’ailleurs) et permet de ne pas trop se poser de questions de points de règles, et a contrario de pas mal se creuser la tête pour réaliser des combos d’actions complexes. Ça permet d’ailleurs parfois de pouvoir continuer à jouer une manche là où on aurait logiquement dû s’arrêter, faute de ressources. Par contre, on ne sent pas vraiment de montée en puissance des combinaisons, comme c’est généralement le cas dans ce type de jeux. Bien sûr, la multiplication des technologies et des cartes va nous assurer de quoi faciliter ses actions, jouer plus et plus longtemps, mais je n’ai pas ressenti ce sentiment grisant, quand tout s’imbrique au fur et à mesure que la partie avance.
Bref, même si je le critique beaucoup et que quasiment toutes les légendes des photos illustrant cet article sont négatives, SETI reste un bon jeu à la thématique assumée ; ou du moins un jeu que j’ai plutôt apprécié et que je prends plaisir à jouer. Par contre, il est délicat à sortir de par sa taille, sa (relative) complexité, son temps de mise en place et son temps de jeu plutôt conséquent. C’est peut-être moins vrai dans les foyers de gros joueurs et joueuses féru(e)s de la discipline, mais chez moi où les occasions de se réunir autour d’une table de jeu, en famille ou entre amis, ne sont plus si légion que par le passé, SETI n’est clairement pas le 1er choix lorsque l’occasion se présente (ce n’est pas pour rien que je propose ce test quasiment un an après l’avoir acheté).
Cadeau de Noël (2024) de moi à moi après avoir résisté à l’achat compulsif pendant une petite quinzaine de jours…
