Harmonies, communions avec la nature

Si vous êtes férus de jeux de société et naviguez un peu dans la sphère JDS, vous n’avez pas pu passer à côté d’Harmonies, ce jeu édité par Libellud dont tout le monde parlait en 2024. Créé par Johan Benvenuto, Harmonies me fait un peu penser à une version physique de Preserve, le jeu vidéo de Bitmap Galaxy, actuellement disponible en early access sur Steam et dont j’ai prévu de vous parler un jour (quand j’arrêterai d’avoir la flemme de finir mon article). En effet, dans Harmonies (tout comme dans Preserve) vous allez devoir créer un écosystème propice à la vie, en associant différents éléments entre eux : l’Eau, le Bois, la Pierre, l’Herbe, les Champs (ouais, c’est un élément !) et… l’Argile (?)

Animal Kingdom

Jouable jusqu’à 4 joueurs, Harmonies est de ce genre de jeux plutôt simples à comprendre, mais qui ne manquent pas de vous faire des nœuds au cerveau en cours de partie. En effet, chacun(e) des joueurs et joueuses autour de la table va, à son tour, récupérer un groupe de trois éléments sur le plateau central (aka des ronds en bois colorés), un peu à la manière d’un Azul, et les disposer comme il l’entend sur son plateau individuel. En sus de cette action principale, deux actions optionnelles sont possibles : Récupérer une carte Animal sur la river commune de 5 cartes et/ou poser un animal depuis l’une de ses cartes ainsi obtenue, sur son plateau individuel.

Les règles de poses sont relativement souples puisqu’on peut poser ses petits ronds de bois à peu près n’importe où sur son plateau et même les superposer selon la règle suivante :

• Les rouges sont toujours sur un rouge, un gris ou un marron et ne peuvent dépasser deux étages,
• les gris sont toujours sur des gris et peuvent atteindre jusqu’à trois étages,
• les marrons ne peuvent se superposer qu’aux marrons, sur deux étages max,
• les verts ne peuvent se poser que sur un marron (ou directement sur le plateau).

Mais pouvoir les poser à peu près n’importe où ne veut pas dire qu’il faut les poser n’importe où. En effet, pour marquer des points il est nécessaire de respecter certaines règles de pose. Ainsi, les gris doivent aller au minimum par deux (pour créer une chaîne montagneuse), les marrons doivent obligatoirement être surmontés d’un vert (les arbres), les jaunes doivent aller par groupes de deux, les rouges doivent être entourés d’au moins trois couleurs et les bleus doivent soit se suivre pour créer une rivière (sur le plateau A) soit diviser le plateau B en plusieurs zones et ainsi créer des îles.

A cela s’ajoute donc les cartes Animal, qui représentent un écosystème particulier pour chaque race, et demandera alors de reproduire sur son plateau des formes distinctes type un arbre (marron + vert) entouré de deux champs (jaune), ou une montagne (deux gris superposés) au bout d’un ruisseau (deux bleus). A chaque fois que l’on reproduit cette forme, on récupère un animal (un petit cube) de sa carte éponyme, et on vient le placer sur le jeton de bois, comme indiqué sur cette dernière. Plus on sera en capacité de reproduire cet écosystème, plus on placera d’animaux et plus on marquera des points. A cela s’ajoute une carte Esprit de la Forêt, distribuée en début de partie, qui n’est ni plus ni moins qu’une sorte de super carte Animal permettant aux joueurs et aux joueuses d’orienter (ou non) leur stratégie en fonction des bonus associés.

Naturopathe

Harmonies est typiquement le genre de jeu que j’affectionne : Un jeu simple à sortir, pas trop long à jouer ni même à mettre en place, mais qui demande de pas mal se triturer les méninges pour essayer d’optimiser son plateau et scorer au maximum. Certains regretteront sans doute le manque d’interactions entre les joueurs et les joueuses, car même s’il est possible de bloquer les autres en récupérant les jetons que l’on pense qu’ils ou elles visent, ça reste un choix relativement rare car souvent trop handicapant pour soi-même. On finit donc par jouer dans son coin, en bloquant de temps en temps les coups un peu trop « obvious », et c’est encore plus vrai à 4 joueurs qu’à 2 (la meilleure configuration selon moi).

Ceci étant, ça l’est un peu moins pour les cartes, qu’on peut assez aisément récupérer quand on pense qu’elles synergisent trop avec celles des adversaires, puisque même si on est limité à seulement 4 cartes Animal en simultané, celles-ci n’apportent aucun malus en fin de partie, si on ne les a pas achevées. De plus, un peu comme pour Azul et d’autres jeux du genre, le jeu est quand même pas mal soumis au hasard, puisqu’on peut très bien se retrouver avec des parties où certains types de pions ont du mal à sortir ; ce qui peut mettre à mal toute notre stratégie.

Avant de conclure, un dernier mot sur le matos car il est vraiment de qualité avec ses petits jetons de bois, ses grandes cartes joliment illustrées et le petit sac de jute pour mélanger les jetons à l’aveugle. Du bel ouvrage comme on en voit trop peu à mon goût, pour un tarif qui reste on ne peut plus abordable (une trentaine d’euros).

Bref, même si quelques points seront soumis à discussion par certains joueurs, Harmonies est pour moi une franche réussite, à la croisée des chemins entre un Akropolis et un Azul (deux jeux que j’aime déjà beaucoup). Il demandera toutefois peut-être une ou deux extensions pour atteindre la perfection, et notamment des cartes Esprit qui soient un peu plus marquantes et marquées, car à l’heure actuelle, leur impact n’est pas forcément aussi important qu’on aimerait le penser. Idem pour les deux faces du plateau qui, in fine, ne changent pas tant que ça l’expérience de jeu.

Jeu acheté à l’arrache entre midi et deux un jour de taf, afin de pouvoir l’amener en week-end à la campagne… Bref, un achat compulsif de plus à mettre à mon crédit.