Lorsque les créateurs de Banjo Kazooie reviennent à un genre quelque peu oublié ces dernières années, ça donne une grande bouffée de fraicheur sur les catalogues de nos consoles un peu trop centrées sur les tueries et les explosions.
Yooka-Laylee est né de la création de Playtonic Games par six ex-employés de Rare, le fameux studio derrière les Banjo-Kazooie et autres Conker. Annoncé comme la suite spirituelle des Banjo, le jeu passe d’abord par la case Kickstarter où il fait un carton (2M£ pour 175k£ initialement demandées). Il est ensuite récupéré par la Team-17 (Worms) pour l’édition. A peine deux ans plus tard, le jeu s’apprête enfin à sortir dans les bacs… Mais derrière la fibre nostalgique sur laquelle repose l’essentiel de sa communication, que cache-t-il vraiment ?
Car ça, côté nostalgie, Yooka-Laylee fait carton plein. De par son duo de héros, une sorte de Gecko et une chauve-souris, jusqu’au nom du jeu en lui-même, tout nous ramène à Banjo. Les environnements cartoons assez simplistes, aux couleurs criardes, ne sont pas non plus sans rappeler l’âge d’or de la Nintendo 64. Clairement, le titre de Playtonic est une ode au jeu de plateforme des années 2000. Et pris comme tel, il est plutôt réussi.
On y incarne donc Yooka et Laylee, tellement inséparables qu’ils ne font qu’un, en quête des pages d’un livre magique, convoité par l’ignoble Capital B et son canard de bras droit, Dr Quack. Cette quête va les pousser à visiter des tomes tout aussi magiques (des livres, pas du fromage), qui les transporteront dans des niveaux aux thèmes distincts. Ces tomes sont accessibles depuis un niveau central, QG de Capital B, baptisé La Ruche. La progression dans ce niveau se fait au moyen de nouveaux pouvoirs qui se débloquent au fil du temps, afin d’atteindre de nouveaux tomes (et donc niveaux) jusqu’ici inaccessibles. De plus, chacun des tomes déjà visités peut être amélioré. Cette amélioration relève non seulement la difficulté, mais offre aussi des challenges supplémentaires à remplir.
Ces niveaux, même s’ils sont assez peu nombreux au final (cinq), sont plutôt bien pensés. Les améliorations de gameplay sont apportées progressivement via des compétences à acheter auprès de Trowzer, le serpent à la diction zozotante, et le level design est plutôt soigné et efficace. Un peu trop classique, certes. Mais efficace.
C’est d’ailleurs le sentiment général qui se dégage de ce Yooka-Laylee. A trop vouloir rendre hommage aux Banjo des années N64, Playtonic nous a presque pondu un remake HD des Banjo de l’ère N64. A ce titre, le Nuts & Bolts de la Xbox 360 était bien plus original et novateur, même s’il a été particulièrement décrié à l’époque (injustement à mon sens d’ailleurs). De plus, des problèmes de caméra viennent régulièrement gâcher l’expérience. Et je ne parle même pas de ce doublage catastrophique à base de borborygmes inaudibles qu’on ne peut, pour la plupart, même pas zapper.
Bref, si la nostalgie et la raréfaction des titres de ce genre sur nos consoles fait que la sauce prend et qu’on s’amuse réellement à parcourir le monde de ce Yooka-Laylee, il reste néanmoins ce désagréable sentiment de rétro-gaming qui perdure. On aurait aimé d’avantage de prise de risque, plus de modernité, et que ces développeurs qui ont jadis défini les codes du genre, soient en mesure de les bousculer pour le réinventer. Ce n’est pas le cas et c’est dommage. Mais que ça ne les arrête pas sur leur lancée pour autant. D’ailleurs, s’ils veulent désormais s’attaquer à un Conker-like, le chèque est prêt. Dites-moi juste où je dois l’envoyer !!