Une ode à l’âge d’or du Point & Click par deux de ses plus emblématiques représentants, ça ne se refuse pas
Si Tim Schafer n’a jamais vraiment quitté la lumière, son compère de l’époque, Ron Gilbert, s’est fait bien plus discret ces dernières années. Le sympatoche DeathSpank et le remake des Monkey Island sont ce qu’il a fait de plus remarquable et remarqué depuis les années 90 et l’ère LucasArts. Ça ne fait pas bien lourd. Alors quand il décide de faire son grand retour (accompagné par Gary Winnick, de Maniac Mansion) avec un titre qui fleure bon le Point & Click à l’ancienne, difficile pour les fans de passer à côté. Comme nombre avant lui, le jeu passe donc par la case Kickstarter en 2014, où il amasse un peu plus de 600k$ (pour 375k$ demandés). Le projet est donc lancé et voit finalement le jour sur PC et Xbox One le 30 mars dernier (une version PS4 arrive en août).
L’histoire commence avec le meurtre d’un inconnu, dont le corps est retrouvé gisant dans la rivière de Thimbleweed Park peu de temps après son arrivée. Cette petite ville typique de l’Amérique profonde est peuplée d’habitants tous plus tarés les uns que les autres, dont la plupart voue un véritable culte au défunt Chuck, un génie qui a transformé toute la région avec ses inventions. Vous incarnez alors cinq personnages hauts en couleurs, forcés à travailler de concert malgré leurs motivations divergentes, pour parvenir à un but commun dont ils ne soupçonnent même pas la portée :
On retrouve ici la touche LucasArts de l’époque, à commencer par l’humour omniprésent, parfois débile, parfois subtil, et souvent blindé de références. La patte graphique, avec une pixellisation à outrance et des animations grossière, n’est pas non plus sans rappeler les Maniac Mansion, Zak McKracken et autres Day of the Tentacle. Enfin, le gameplay basé sur les classiques verbes « Parler », « Prendre », « Utiliser », etc. nous replonge irrémédiablement 30 ans en arrière sans pourtant se montrer rébarbatif. La formule n’a donc pas pris une ride et, hormis peut-être quelques incessants allers/retours un peu pénibles, on prend un réel plaisir à guider nos cinq héros dans cette aventure.
Mon seul véritable regret concerne le dernier tiers de l’histoire et le parti pris des développeurs pour amener le jeu vers son dénouement. Alors que celui-ci débute tambours battants et nous happe tant par son scénario que par les personnalités de ses héros, il finit un peu en eau de boudin en laissant bêtement et abruptement en suspens tout ce qui avait fait son sel. Dommage, car du coup Thimbleweed Park n’atteint pas selon moi l’excellence de ses illustres aînés, alors qu’il en avait clairement les moyens. Malgré tout, on peut dire que Winnick et Gilbert ont brillamment réussi leur retour aux affaires. Maintenant, il va falloir confirmer ce retour en grâce, et vite !