Profitons un peu de l’accalmie niveau sorties, avant la déferlante de présumés hits de fin d’année, pour revenir sur No More Heroes, une exclusivité Wii orchestrée par l’atypique Suda 51 et sa clique de Grasshopper Manufacture.
Punk’s not dead
Travis Touchdown est un otaku, sûrement puceau (en tout cas passionné par les leçons vidéos de « comment satisfaire une femme au lit ? » à en juger les messages du vidéoclub lâché sur son répondeur…), collectionnant les figurines, amateur de sappes fashion et adepte de lucha libre. Lors d’une soirée trop arrosée il rencontre Sylvia Christel, belle blonde, qui le convainc d’accepter un contrat d’assassin. Ca tombe bien Travis a gagné un katana laser lors d’une vente aux enchères sur internet… Nous voilà donc officiellement membre d’une organisation d’assassins, les meilleurs du monde sont 10, Sylvia a à demi mot promis une nuit d’amour à Travis s’il parvient à devenir numéro 1, de quoi se motiver…
L’ambiance, la mise en scène, les références improbables, l’humour, les dialogues, la recherche artistique, voilà ce qui fait de No More Heroes un (bon) jeu à part. Des personnages débiles (genre la sorcière avec son caddie atomique), des scènes absurdes (genre les coupures cinématiques lors du combat contre le magicien), des possibilités idiotes (genre jouer à faire grimper une petite étoile jusque tout en haut de l’écran lors des temps de chargement), circuler librement dans une ville assez vide certes mais avec une grosse moto futuriste, se servir des chiottes pour pouvoir sauvegarder, des combats contre des boss qui constituent le cœur du gameplay (et l’intérêt principal du jeu à vrai dire), des petites musiques qui restent dans la tête… Non y a pas à dire j’ai kiffé, y a pas à dire Suda 51 fait des jeux à part, en marge, y a pas à dire ça fait vraiment plaisir de le constater.
Pas toujours digne d’intérêt
Pour autant, No More Heroes est loin d’être parfait. Hors combats contre les 10 boss de la liste, il est même vite chiant avec son aspect ultra répétitif. Pour débloquer chaque combat on doit disposer de telle somme d’argent, argent qui s’obtient en faisant des petits jobs à la con (amusant une fois mais juste une fois…) ou en accomplissant des sous missions (qui se ressemblent vraiment toutes, en gros on doit marraver tant de mecs sous une limite de temps imposée). Et puis la ville de Santa Destroy dans laquelle on circule librement (GTA style) est atrocement vide, mais vraiment. C’est même pénible d’avoir à traverser toute la ville pour enclencher une sous mission que l’on vient d’accepter et d’avoir à se retaper tout le chemin si on la rate et qu’on veut la recommencer…
Même pour le gameplay des combats, il n’y a que contre les boss qu’il prend vraiment un minimum de poids, à part ça c’est du martelage de bouton basique suivi d’un fouettage de Wiimote bateau pour la fatality. Peut-être est-ce parce que je n’ai pas joué aux innombrables merdes mal pensées que la Wii compte, où il faut à contrario agiter son pad dans tous les sens comme un demeuré pour chaque coup, que je ne trouve rien de génial ou de particulièrement intelligent à ça… Les coups et combo de Travis restent peu variés et auraient été pointés du doigt par tous si le jeu était sorti sur PS360 et leurs pads « traditionnels » plutôt que sur Wii… Ceci dit, à la charge des développeurs, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de solution de gameplay pas trop chiante pour un beat’em all avec la Wiimote… Allez j’ose le dire, si No More Heroes était sorti sur PS360 il aurait probablement pu disposer d’une profondeur bien supérieure dans les combats… D’un autre côté l’aspect vide de la ville (par exemple) est beaucoup plus pardonnable sur Wii que sur PS360…
Pas du tout exempt de reproches (assurément dû à un manque de budget, peut-être aussi au choix de la plate-forme), No More Heroes vaut surtout son pesant d’or grâce à l’ambiance générale instaurée par Suda 51, définitivement créateur atypique.