Dans cette guerre des consoles portables, un combat de titan se joue entre un Kratos survolté sur PSP et un Ryu Hayabusa au meilleur de sa forme sur DS. God of War : Chains of Olympus et Ninja Gaiden : Dragon Sword vus à la loupe…
Mais pourquoi ?
Parce que j’suis un fou, un malade, qui n’hésite pas à bousculer les règles établies quitte à me mettre à dos les plus conservateurs, voici un double test (prononcez deubeul test) de God of War : Chains of Olympus sur PSP et Ninja Gaiden Dragon Sword sur DS. Mais alors me direz-vous, pourquoi ce choix curieux et étrange ? Pourquoi risquer de me faire éviscérer par une bande de fanboys que la vue du corps à demi-nu de Kratos a rendu en chaleur ? Ben parce que, ai-je envie de vous répondre….
Du coup, pour cet exercice je ne vais pas m’essouffler à vous expliquer comment appuyer sur telle touche ou pourquoi la texture du mur de droite dans la cinquième salle du deuxième niveau est moins réussie que celle du temple au quatrième niveau. Non, je vais essayer de parler d’expérience de jeu, essayer de mettre en corrélation les deux titres, les deux univers, et tenter d’estimer non pas le meilleur des deux, mais celui qui me semble le plus abouti, le plus plaisant… bref, celui qui m’a d’avantage plu.
Une petite précision tout de même, puisque si God of War est bel et bien disponible dans toutes les bonnes boucheries de France e de Navarre (enfin surtout en France), Ninja Gaiden n’est lui pas encore arrivé dans nos vertes contrées ; c’est donc la version importée des US qui sera étudiée ici.
L’amour du risque
Tout au long de cette comparaison, il y a un point essentiel qu’il ne faudra pas oublier : God of War est une licence forte de Sony qui a fait les beaux jours de la PS2. Pour Ninja Gaiden, l’intrusion dans l’univers de Nintendo est totalement nouveau puisque le premier opus est d’abord sorti sur Xbox, avant d’être adapté l’année passée sur PS3. Pourtant, malgré cela il arrive par moment de se demander lequel des deux titres à la plus d’expérience tant la prise de risque entre les deux équipes de développement est sensiblement différente.
En effet, et c’est un premier bon point pour Ninja Gaiden, ce dernier n’est porté sur DS que pour en tirer un réel avantage. La Team Ninja n’a pas semblé bon de « porter » simplement leur titre et leur univers sur la petite tactile, en en reprenant les principes et les enchaînements au couple croix/boutons. Non, tant qu’à amener Ryu sur une console tactile, autant que la maniabilité le soit aussi. C’est là peut-être que pêche God of War, car même s’il s’agit ici d’un épisode exclusif à la PSP, le jeu reste fidèle à ses principes établis sur PS2 et ne semble jamais dévier d’un millimètre par rapport au gameplay éprouvé durant les deux précédents opus. Alors ça fonctionne très bien, mais au fil du temps passé sur sa console, on commence à se demander où est la vraie valeur ajoutée.
Beaux comme deux camions
Le second bon point, et très bon point ai-je même envie de dire, les deux titres l’ont en commun : Ils en mettent plein la gueule ! En effet, que ça soit Kratos ou Ryu, les deux larrons nous offrent chacun de leur coté ce qui est peut-être le jeu le plus abouti techniquement des deux consoles respectives. De son coté God of War fait dans le passage en force avec des environnements sublimes et des créatures immenses, le tout baigné dans un univers qui en jette dans la plus pure lignée des premiers volets. Alors on pourra regretter les voix ridicules durant les cinématiques, mais dans l’ensemble on s’en prend plein les yeux et les oreilles.
Bien sûr, Ninja Gaiden ne tient pas la comparaison pour la simple et bonne raison que la DS et la PSP sont loin d’être sur un pied d’égalité lorsqu’on parle de puissance pure. Pourtant, là encore Gaiden force le respect avec une 3D remarquable comme jamais la DS ne nous en avait offert ; le tout servi par une animation sans faille qui laisse béat d’admiration. Là encore l’univers est époustouflant et nous fait voyager dans des environnements absolument sublimes, jouant avec les angles de vue de la caméra fixe.
Fingers in the noze
Manette en main – ou plutôt console en main pour être plus précis – on s’immerge très rapidement dans les deux univers. Les deux héros répondent parfaitement aux sollicitations du joueur, même si la caméra s’avère capricieuse dans God of War et les combats un peu brouillon dans Gaiden. Pour les deux titres, la progression se fait sans trop de problèmes, la difficulté étant comme souvent, nivelée par le bas. Ainsi si pour God of War on ne sera pas surpris, du coté d’un Gaiden à la réputation hardcore gaming, on s’étonne par contre de pouvoir sauvegarder sa partie et remplir sa jauge de vie aussi souvent. Bien sûr les deux titres offrent des niveaux de difficultés variables pour les joueurs les plus aguerris, mais dans le cas de Dragon Sword, il faudra au préalable achever l’histoire en mode normal pour passer à une difficulté plus en adéquation avec les attentes des fans.
Il faut d’ailleurs savoir que même si l’aventure sur DS se corse sérieusement au fil des heures, les combats contre les différents boss ne devraient pas poser trop de problèmes ; ce qui, il faut l’avouer, est plutôt surprenant lorsqu’on se souvient des heures de galère sur Xbox.
Cette tendance à la facilité que l’on retrouve aujourd’hui dans 95% des jeux vidéo, fait payer le prix fort à la durée de vie qui, la pauvre, fera tout sont possible pour nous tirer lamentablement jusqu’à la cinquième ou sixième heure de jeu (sur l’un comme sur l’autre). Mais là encore Ninja Gaiden se démarque en proposant du ranking online pour comparer ses talents de ninja avec d’autres adeptes aux quatre coins du monde.
Avantage DS
Au final, on peut dire que les deux jeux sont réussis et représentent ce qui se fait de mieux sur leur plateforme respective. God of War : Chains of Olympus étonne par sa plastique presque parfaite et on prend un plaisir incommensurable à dessouder des colosses et autres bestioles gigantesques à coups de QTE toujours aussi efficaces. Plus bourrin que technique, le titre de la PSP se rattrape très largement par sa mise en scène hollywoodienne et l’effet Kratos qui, même au bout du troisième opus, continue d’opérer sa magie. Seulement, on sent bien que le grand spectacle qui nous est offert sert un peu de cache-misère pour dissimuler judicieusement cette répétitivité due à un manque flagrant d’innovations. Ça fonctionne à merveille, je ne prétendrais pas le contraire, mais cela montre une nouvelle fois le limites de la PSP qui, derrière des fonctionnalités multimédia ô combien appréciables, n’est finalement rien d’autre qu’une PS2 de (grande) poche.
Pour sa part, Ninja Gaiden Dragon Sword réussit quasiment un sans faute avec des environnements bluffants, que ça soit au niveau design ou technique, et un gameplay original qui sous des airs brouillons et maladroits est en véritable une perle de technicité. On aurait bien sûr aimé que les combats contre les boss mettent d’avantage nos nerfs à rude épreuve, mais on pardonne bien vite cette lacune en se focalisant sur le scoring histoire de gagner quelques places au classement en ligne. Une fois encore, la DS nous prouve qu’on peut très bien jouer autrement, sans pour autant tomber dans le casual gaming.
God of War : Chains of Olympus
Sans aucun doute un excellent jeu, God of War sur PSP manqué toutefois de cette touché d’originalité qui lui aurait permis de sortir de l’ombre de ses ainés.
Ninja Gaiden Dragon Sword
Si j’osais, je dirais qu’il s’agit là du meilleur jeu DS. Mais comme j’ose pas, je me contenterai de le définir comme un chef d’œuvre. C’est déjà pas mal, non ?