Oubliées les premières infos sur le très sanglant Gears of War 2. Oublié le premier contact avec l’ultra-violent Ninja Gaiden 2. Oubliés les caleçons souillés avec Condemned 2. Place au potager, à la tonte des moutons et aux idylles innocentes avec Harvest Moon : Magical Melody.
Pose ton gun
Il y a des moments dans la vie d’un gamer, où on aspire à la tranquillité. Des moments où égorger des aliens et faire sauter la tête de ces salopards de nazis ne nous font plus jubiler. Mais malgré tout, le gamer reste un gamer et parce qu’il se refuse à mater Cauet sur TF1 ou à payer une fortune pour voir The Transformers au cinéma, son passe-temps favori reste le jeu vidéo. Mais alors que faire de son temps libre quand 9/10ème de la production vidéoludique d’aujourd’hui nous met toutes sortes d’armes dans les mains ou nous place au volant de bolides surpuissants qui n’ont cure de la sécurité routière ? La solution est toute trouvée : Harvest Moon Magical Melody !
Dans ce titre, point de fusil à pompe, mais une bèche pour planter fruits et légumes. Dans ce titre pas d’aliens belliqueux au tempérament aussi féroce que leur physique est ingrat, mais des agneaux, des juments ou des poules. Dans ce titre, pas l’impatience des combos furieux à enchainer à la vitesse de la lumière, mais la sérénité du travail de la terre long et laborieux. Pourtant, malgré l’absence de tout ce qui semble indispensable au jeu vidéo selon bon nombre d’éditeurs, la magie d’Harvest Moon opère. Et si au début on a tendance à se demander ce qui a bien pu nous passer par la tête pour s’essayer à ce jeu, par la suite on oublie tout simplement pourquoi on était là et on se contente de sourire bêtement en faisant preuve d’une empathie insoupçonnée dès lors qu’une vache, judicieusement baptisée meuhmeuh, se voit atteint par un virus.
Débuts difficiles
Pourtant au début, c’était loin d’être gagné. Il faut dire que le jeu est spécialement moche… même pour un jeu Wii. Les contrôles sont mal pensés, les boutons mal agencés et la sélection au stick dans les menus est un exemple de maniabilité chaotique. Adapté du jeu GameCube du même nom (sorti uniquement au Japon), le titre de Rising Star s’offre même le luxe de supprimer purement et simplement la possibilité de choisir le sexe de son personnage (alors que la notice y fait allusion) ainsi que d’oublier quelques traductions au passage. De plus, il faut bien reconnaitre que tout le début de l’aventure est long et fastidieux. Les dialogues nunuches n’en finissent plus, les possibilités sont relativement restreintes et la progression est terriblement lente. Forcément donc, au début on se dit qu’on touche le fond. Et pourtant…
Pourtant, si on a suffisamment de ressources pour persévérer, on découvre alors toute la richesse d’Harvest Moon. Et quand je parle de richesse, le mot est bien faible. Fraichement débarqué dans votre nouveau village, vous allez devoir choisir votre terrain parmi trois disponibles. Chacun des trois a ses propres caractéristiques et permettra de mettre l’accent d’avantage sur le travail de la terre, l’élevage ou l’extraction des richesses minières. Et vous voilà parti pour plusieurs années à cultiver et vendre vos légumes, à faire du commerce d’or, d’argent ou toutes autres pierres précieuses, à élever vaches, chevaux, moutons et poules, à pêcher, explorer, bucheronner, jardiner et même à développer vos relations humaines pour vous trouver la petite femme qui vous rendra heureux.
Renouvellement
Dès lors, une fois que la partie est suffisamment avancée et que vos occupations sont nombreuses et variées, le temps défile à une vitesse inimaginable et on passe toute son après-midi à développer son poulailler en plaçant ses œufs en couveuse ou à cultiver les plus belles fleurs pour séduire la jeune fille du marchand de graines. Plus on avance dans la partie et plus on découvre de nouvelles possibilités : Des personnages font leur apparition, des mini-jeux se débloquent, de nouveaux outils également, les saisons défilent avec chacune leurs avantages et leurs problèmes inhérents au climat. Bref, on ne s’ennuie jamais et on a toujours dix milliards de projets en cours.
Du coup, on en oublie les nombreux, très nombreux défauts du titre. Car l’important ce n’est pas toujours d’avoir des graphismes qui claquent pour en mettre plein la vue à vos potes lorsqu’ils passent à la maison. L’important, ce n’est pas toujours de se la jouer hardcore gamer qui enchaine les combos à une main sans regarder l’écran. Non, l’important c’est juste de passer du bon temps, si possible pour de longues, longues heures. Et justement, c’est précisément ce qu’apporte ce titre. Alors si vous cherchez un jeu qui vous bouffera tous vos week-ends et vous rendra tout guimauve, alors n’hésitez plus et foncez sur Harvest Moon : Magical Melody.
Blindé de défauts, long à démarrer et sans doute terriblement ennuyeux pour une grande majorité d’entre vous. Pourtant Harvest Moon est un petit bijou d’une profondeur rarement égalée qui a le mérite d’enjoliver notre quotidien de gamer avide de sang et de tripes séchées…