Quand la série la plus controversée débarque sur la console grand public par excellence, c’est une petite révolution. Et pour leur premiers faits d’armes, Rockstar démontrent qu’ils savent déjà dompter la bête.
Quand on arrive en ville…
Un Grand Theft Auto sur DS ; on aura vraiment tout vu. Faut dire que réaliser un jeu d’action Open World sur une console portable techniquement à la rue, n’a rien d’une sinécure. D’autant plus lorsqu’on sait que Rockstar n’a pas développé un seul jeu sur cette plateforme. Et pourtant, il faut reconnaitre que ces salopiots s’en sont plutôt bien sortis. La ville de Liberty City est bien sûr moins imposante que dans GTA IV, mais suffisamment grande pour qu’il s’y passe pas mal de trucs. Et d’ailleurs, il s’en passe des choses. Rien qu’une petite balade en caisse à travers la ville suffit à être témoin de la vie qui y règne. Des poursuites de keufs, des pompiers œuvrant pour éteindre un incendie, des métros ou hélicoptères qui passent au-dessus de notre tête et toutes sortes d’événements qui nous immergent complètement dans l’atmosphère du jeu. D’autant plus que la 3D est particulièrement soignée et dépouillée, fourmillant de détails et rendant alors le tout parfaitement crédible. Bref, Rockstar a réussi ici un véritable tour de force et méritent pour cela tous les honneurs. Seulement voilà, contrairement aux épisodes de la génération passée (PS2 / Xbox) qui, techniquement, ne valaient pas un cachou mais avait une réelle profondeur scénaristique ; ici c’est tout le contraire qui s’applique. En effet, le jeu impression à chaque instant par sa maitrise technique, mais alors l’enrobage quelle plaie !
GTA Wesh Wesh
Malgré les controverses parfois justifiées le concernant, GTA s’en était toujours sorti grâce à des scénarios dignes des plus grands films de gangsters, mais aussi et surtout par les nombreux messages sociaux et politiques véhiculés par le jeu. De plus, si on reprend les derniers épisodes en date, on note que malgré l’immoralité de certaines actions possibles, les personnages principaux sont tout de même particulièrement vertueux. Ainsi, C.J. dans San Andreas n’avait au départ pas l’intention de s’impliquer dans les guerres de gangs, mais s’est vite fait rattraper par sa famille de gangstas californiens et les flics véreux qui le récupérèrent à l’aéroport. Plus flagrant encore, l’histoire de Niko Bellic venu chercher le rêve américain, lassé par la guerre et son boulot de mercenaire dans les balkans. Malheureusement, dans Chinatown Wars il n’en est rien. Le héros n’est juste que le fils d’un chef de triade assassiné qui tombe très rapidement dans la violence, la vulgarité et l’immoralité sans aucune prise de conscience ni charisme. D’ailleurs c’est un peu le cas de tous les personnages du jeu, qui n’atteignent absolument jamais le niveau de ceux crées pour les précédents volets sur d’autres machines. Et je ne parle même pas des dialogues ultra crus. Car si je n’ai rien contre la vulgarité lorsqu’elle est justifiée et crédibilisée, être vulgaire juste pour vendre des jeux à la pelle, ça fait plus wesh-wesh à la Saints Row que GTA. Ça fonctionne sûrement auprès d’ado pré-pubère qui écoutent Booba sur leur téléphone portable, mais sur un joueur averti ça fait plus ridicule qu’autre chose.
Trafic
Ceci mis à part, Rockstar a parfaitement su intégrer sa série à la console. Le jeu se joue essentiellement aux boutons et fonctionne globalement bien ; et de nombreuses petites interactions via l’écran tactile offrent confort et originalité au jeu. Toutefois j’émettrais quelques réserves compte tenu du doigté exigé pour certaines opérations qui fait qu’il est délicat de jouer au pouce ; et donc nous force à sortir et rentrer le stylet dans la console un nombre incalculable de fois. Plus anecdotique, mais néanmoins dommageable dans une série qui tend à coller si parfaitement à la réalité ; c’est le fait que notre personnage court presque plus vite que ne roule une voiture. D’ailleurs puisqu’on en est à parler voitures, j’avoue avoir beaucoup de mal à conduire sans trop d’accroc dans ce jeu, et me dis qu’un petit GPS en vignette sur l’écran supérieur aurait été bien plus judicieux qu’un gros sur l’écran inférieur. C’est un détail, mais un détail tout de même ennuyeux quand on sait qu’au moindre accrochage avec une bagnole de flic, c’est la poursuite assurée (par contre on peut renverser les passants à la pelle, ils ne broncheront jamais). Plus surprenant, mais dans le bon sens du terme cette fois ; Rockstar inclus avec ce Chinatown Wars tout un coté gestion auquel nous n’avions pas été habitué. Bon ok, il s’agit ici de vendre toutes sortes de drogues ; mais devoir traverser la ville pour acheter des taz, de la coke ou de l’herbe chez les revendeurs bons marchés et me faire du blé en les revendant aux gosses de riches ou dans les quartiers de pénurie ça m’a rappelé mes heures passées à transporter drogues et esclaves de planète en planète dans Privateer.
Oui, Chinatown Wars est techniquement exceptionnel, oui il est toujours foisonnant de détails, oui il offre des missions variées, originales et prenantes. Mais pour moi GTA c’est avant tout un bon jeu d’action immoral animé par de forts discours sociopolitiques. Or Chinatown Wars n’est juste qu’un bon jeu d’action immoral. Suffisant pour un jeu lambda, mais pour un GTA, c’est plus un aveu de faiblesse.