Testé lors de PEL 2022, le 1er jeu de l’éditeur Darucat nous avait fait une très bonne impression. Alors, cette aventure vaut-elle vraiment le coup ?
Mad Swan
Heredity est un jeu de Jérome Cance et Laurent Kobel, illustré par Tania Sanchez-Fortun et Aurélien Delauzun. De 1 à 4 joueurs et joueuses y incarnent les membres d’une famille (les parents, la fille et le fils) ayant fait le choix de vivre isolés suite au grand déclin de notre civilisation. Bien évidemment, dans un monde postapocalyptique à la Mad Max peuplé de communautés plus où moins violentes, difficile de vivre une vie paisible. Comprenez que ça va vite partir en cacahuète. Et Swan, le plus jeune fils de cette famille utopiste, sera au centre de l’histoire.
L’aventure est découpée en cinq scénarios d’environ 2h/2h30 chacun. Cinq scénarios répartis en 5 paquets composés de cartes narratives, de cartes terrain faisant office de plateau, de cartes personnages, de cartes ennemis, etc… Cinq scénarios variés où il ne sera pas uniquement question de bourriner. Difficile d’en dire trop sans spoiler, mais sachez que vous n’aurez jamais l’impression de faire la même chose. Plusieurs approches sont même parfois possibles afin d’arriver à la conclusion d’un chapitre ou d’un objectif. Des énigmes, des choix et bien évidemment de la baston seront au rendez-vous ! Le tout est enrobé d’une grosse dose de narration et d’un système de jeu simple et malin.
Karma
Trois actions, c’est tout ce qu’il est possible de faire durant un tour. Des actions de base telles que se déplacer, se battre, discuter avec un PNJ, fouiller, explorer afin de dévoiler une nouvelle zone représentée par une carte terrain. Pour réaliser une action, il suffit de poser un pion action sur un emplacement libre de la carte personnage. L’emplacement doit avoir l’icone de l’action à réaliser. Ces emplacements étant limités il n’est pas possible de faire trois fois la même action. Une fois les actions de chaque membre de la famille réalisées, vient le moment de faire avancer la « Ligne du Temps ». Cette fresque est composée de la carte famille (qui indique à quelle moment ce sera aux membres du groupe de jouer) et des diverses cartes narratives ajoutées au cours de la partie. Ce peut être des évènements ou des cartes qui activeront les ennemies voulant la peau de la pauvre famille. Les cartes sont activées une à une dans l’ordre chronologique, de la gauche vers la droite. Ce système malin participe grandement à la narration en déclenchant, par exemple, des évènements au bout d’un certain nombre de tours (ce qui met un peu la pression). Un peu de pression également lors des combats à cause des ces foutues cartes Karma. Pas de jet de dés ici. Pour déterminer le nombre de dégâts infligés à un adversaire il suffit de regarder les dégâts de l’arme utilisée et de tirer une carte karma allant de -2 à +2. Si le résultat est supérieur à l’amure de la cible (si elle en a une) celle-ci subit les dégâts restants. Si ses points de vie tombent à zéro elle passe de vie à trépas et on retire sa carte de la ligne du temps. La bonne idée avec ces cartes karma est que le paquet va évoluer en fonctions de certains choix ou même en fonctions de certains critères de fin de partie.
Et qui dit combat dit dégâts. Lorsque des dégâts sont subis par un membre de la famille, un jeton est posé sur un emplacement d’action. Cette action devient inutilisable, les personnages devenant donc de moins en moins efficaces et libres de leurs mouvements. Lorsque l’une des trois sections de la « fiche » personnage est pleine de jetons dégâts, celle-ci est retournée sur sa face blessée. Cette face contient moins d’emplacements action. Trois cartes retournées et c’est la mort. Fort heureusement de nombreux équipements viendront rendre les protagonistes de plus en plus badass ! Il y a même un système très simple de craft/amélioration de l’équipement.
Fin du monde
Heredity est dans la veine de ces jeux qui fleurissent depuis quelques années. Ces jeux narratifs et immersifs. Un genre que j’affectionne tout particulièrement. Mais en quoi la proposition de Darucat est-elle différente des autres productions ? Déjà, le jeu n’a pas besoin d’application pour raconter une vraie histoire (pas juste un scenario prétexte à dégommer du monstre ou du cultiste), permettre des interactions avec les divers autochtones ou même proposer des énigmes. Tout ça, uniquement avec de bons gros paquets de cartes. Il y a également cette bonne idée de ligne du temps qui joue beaucoup sur la narration. Revers de la médaille, on manipule énormément de cartes. La « découverte » d’un nouveau lieu peut amener, par exemple, à chercher, lire et mettre en place plusieurs cartes. Cela peut parfois ralentir le rythme de la partie. L’autre point positif du jeu est la simplicité de ses règles. La simplicité du jeu dans son ensemble même. Rares sont les points de règles qui posent question. Même lorsque les divers cartes viennent en ajouter (et ça arrive régulièrement). Tout fonctionne et s’enchaine très bien. L’univers choisi est également une très bonne idée. Dans ce genre, nous sommes plutôt habitués aux classiques médiéval fantastique, aux zombies ou aux grands anciens imaginés par Lovecraft. Le postapocalyptique à la Mad Max est plus rare pour un jeu narratif. Je n’ai pas dit original attention… Il n’y a vraiment pas grand chose à reprocher au jeu. Même au niveau matériel c’est du tout bon. Ici point d’orgie de figurines, place aux standees en carton. Un très bon choix permettant une bonne variété d’ennemis et autres créatures. D’ailleurs, chaque scénario a sa propre planche de pions. Vous ne rencontrerez donc jamais deux fois les mêmes ennemis. Variété je vous ai dit !
Pour conclure, si vous aimez le genre, et même si la campagne en cinq scénarios peut sembler courte (on n’en a jamais assez), ne vous posez pas de question et foncez ! Et si vous n’êtes pas habitué au genre, Heredity peut être une très bonne porte d’entrée dans l’univers des jeux narratifs. Et une fois terminée, si vous voulez prolonger l’aventure, sachez qu’une petite extension débarque tout bientôt (décembre 2024 si tout va bien).
Boîte envoyée par l’éditeur il y a fort longtemps. Mais comme avec mes potes nous sommes des manches pour nous organiser j’ai mis fort longtemps à rédiger cette critique…