Ouvrez un hôtel-restaurant dans le Vienne du début du XXème siècle et attirez les plus grandes personnalités pour en faire l’un des établissements les plus prisés du Gotha autrichien.
Quoi de mieux, en cette période de vacances estivales, que de se mettre dans la peau du gérant d’un hôtel-restaurant ? C’est le moment idéal pour s’intéresser à ces histoires de taux de remplissage et de satisfaction client qui taraudent la profession. Fort heureusement, ici nul risque de se faire dégommer sur Google et autres Trip Advisor puisque, à l’aube du XXème siècle, Internet n’était pas encore très répandu en Autriche. Ne partez pas confiant pour autant, car à cette époque Vienne était au carrefour de l’Europe, et tout le gratin de la politique et du monde artistique s’y donnait rendez-vous. Et si le bouche à oreille est capable de vous mener au panthéon de la restauration, il est également implacable lorsqu’il s’agit de détruire une réputation. Veillez donc à satisfaire au mieux votre clientèle, en honorant leurs commandes à table, puis en leur préparant la chambre qui leur correspond le mieux, afin de rendre leur séjour le plus agréable possible.
Le jeu se présente sous la forme de deux plateaux distincts, que chaque joueur aura en commun, ainsi qu’un plateau individuel pour chacun d’entre eux. Ce dernier représente leur hôtel de quatre étages où figurent les chambres à préparer, avec la salle du restaurant en rez-de-chaussée. Sur le plateau principal, on trouve la piste de score, la piste de l’empereur à qui les joueurs devront rendre régulièrement hommage pour ne pas tomber en disgrâce, les cartes politiques et leurs bonus de points conséquents et, surtout, les potentiels clients à attirer dans votre établissement. Enfin, le plateau action représentent les différentes démarches qu’il est possible d’entreprendre en fonction de la face de chacun des dés.
Une partie se déroule en sept tours et la première étape consiste à jeter un certain nombre de dés, en fonction du nombre de joueurs (10 dés à deux, jusqu’à 14 dés à quatre). Ces dés représentent les actions qui pourront être entreprises durant ce tour de jeu et sont alors disposés sur le plateau éponyme. En tant que gérant, vous allez devoir jongler avec ces dés pour satisfaire votre clientèle. Dans un premier temps, vous devez honorer leurs commandes en leur apportant les petits cubes en bois indiqués sur leur carte respective, représentant café, vin, gâteau et strudel. Sitôt repus, ces clients doivent être logés dans l’une de vos chambres préparée pour l’occasion. Les autrichiens étant très à cheval sur les règles de l’hospitalité, ils ne quitteront pas la table tant que leur chambre ne sera pas prête, occupant ainsi l’une des trois seules places de votre restaurant. Ce n’est qu’une fois logés qu’ils consentiront à vous payer, en points de victoire et autres bonus bienvenus.
La réussite de votre enseigne réside donc dans une gestion habile des plats, des clients et des chambres, tout en gardant un œil du côté de l’empereur. En effet, celui-ci va vous demander à trois reprises (aux tours 3, 5 et 7), de prouver la bonne santé de votre établissement, sous peine d’être sévèrement mis à l’amende. Heureusement, pour vous aider dans votre tâche, vous pourrez compter sur des employés aux capacités uniques, diverses et variées. Sauf que tout cela va vous coûter un sacré paquet de couronnes (la monnaie autrichienne de l’époque). Il faudra donc faire des choix drastiques et cornéliens, et prier pour que ce soit les bons.
Car il a beau se dérouler en Autriche, Grand Austria Hotel est un bon gros jeu à l’allemande, où il est nécessaire de préparer ses coups à l’avance et de gérer l’ensemble des ressources et paramètres en mains. Le fait qu’on ne dispose que de trois tables dans notre restaurant pousse à la prudence, car tout client encore attablé en fin de partie coûtera un malus de 5 points. Il faut donc être sûr de pouvoir honorer sa commande ET de le loger. Les employés sont particulièrement pratiques et souvent salvateurs, mais leur coût n’est pas négligeable et l’argent vient souvent à manquer. Enfin, il faut constamment garder en tête les bonus/malus de la piste de l’empereur ainsi que les bonus des trois cartes politiques, qui peuvent rapporter jusqu’à 15 points. Idem pour les combos des groupes de chambres de même couleur particulièrement pratiques, notamment pour faire des bonds de géant sur la piste de l’empereur (groupe de chambres jaunes) ou celle de la monnaie (groupe de chambres rouges).
Bref, s’il reste relativement simple à expliquer et n’est pas aussi tortueux qu’un Mombasa (pour ne citer que lui), Grand Austria Hotel reste un jeu complexe avec nombre de paramètres à gérer en simultané. Son esthétisme colle plutôt bien avec le thème de l’hôtellerie autrichienne du siècle dernier, même si le style très caractéristique de Klemens Franz (Agricola, Isle of Skye, etc.) ne ravira pas forcément tout le monde. Certes, Grand Austria Hotel n’est peut-être pas le hit de l’année (en même temps, quand on voit que Unlock est As d’Or…), mais il s’agit tout de même d’un très bon jeu, sans défaut majeur, si ce n’est peut-être sa piste de score imbitable (faire le tour à 75, sérieusement ?) ou son alternance entre les joueurs un peu particulière et parfois très frustrante (surtout quand un tour s’éternise).
1 Commentaire
Grand Austria Hotel, les valises de Vienne
Première partie et très bonnes mécaniques de jeu. Il mérite vraiment d’être approfondi.