Ce manga au design accrocheur me faisait de l’œil depuis bien longtemps. J’ai fini par craquer. Mais ai-je vraiment bien fait ?
Six Heures, Six Personnes, Six Portes ?
Moi et mes foutus achats compulsifs influencés par la publicité ; je pourrais en écrire un bouquin ! Le dernier en date c’est Doubt. Depuis que je l’ai vu s’afficher en quatre par trois dans le métro, je n’ai plus eu qu’une seule obsession : Me l’acheter. Bon ok, ce n’était pas vraiment une obsession puisque j’ai mis plusieurs mois avant de passer à l’acte, mais tout de même. Acheter un bouquin ou un manga juste parce qu’on kiffe la couverture, avouez que c’est un peu ridicule. Car ouais, je kiffe la couv’ de ce manga, avec ces masques de lapins glauques à souhait. Je trouve l’idée géniale et le rendu très graphique. D’ailleurs à bien y regarder, il n’y a pas que le design qui est accrocheur. Le pitch n’est pas en reste. Certes, une histoire de jeunes gens enfermés contre leur volonté, assassinés les uns après les autres par l’un d’entre eux, ce n’est pas l’idée du siècle. Mais si c’est bien construit, ça peut très vite se révéler passionnant. On nous promet donc une histoire bien barrée, à la croisée des chemins entre Les Dix Petits Nègres d’Agatha Christie, et de 999 (des codes-barres sont tatoués sur chaque participant à ce jeu macabre, leur permettant d’ouvrir les portes). Franchement, on a vu pire comme références, non ?
Sans peur et sans reproche
Après une brève introduction, le manga commence tambours battants, avec un premier meurtre qui arrive très rapidement. Ce n’est pas pour me déplaire. Et puis en même temps, vu qu’il se décline en quatre tomes seulement, mieux vaut ne pas trainer avec la mise en place et la présentation des protagonistes. Malheureusement, très rapidement également arrivent les problèmes. Car ok, les japonais ont cette fâcheuse tendance à sublimer les adolescents. Les transformer en machines de guerre capables de tout encaisser. Mais franchement, ici l’auteur ne s’embarrasse pas vraiment avec la psychologie des personnages. Au fil de la lecture, on n’a pas vraiment l’impression qu’ils soient bouleversés, ni par ce qui leur arrive, ni pas la mort de l’un des leurs. C’est le genre d’attitude qui peut très bien passer dans un manga shonen, où un jeune lycéen va combattre toutes sortes de démons sans trembler. Mais dans une histoire censée nous asphyxier en s’appuyant sur le huis-clos et le quiproquo pour appesantir l’atmosphère, ça ne passe pas. Du coup, on se détache très vite du manga, pour uniquement le survoler jusqu’au dénouement final, oscillant entre l’improbable et le cousu de fil blanc. Cousu de fil blanc car on a une idée du coupable dès les trois premières pages, et la certitude sitôt le premier meurtre perpétué. Improbable car pour nous réserver une pirouette finale, l’auteur tombe dans le grotesque pour nous expliquer comment le meurtrier a pu perpétuer ses crimes. Bref, derrière une façade visuelle plutôt attrayante, Doubt se révèle finalement un manga raté. La déception est d’autant plus grande pour moi, que j’en attendais beaucoup… sans doute trop. Un peu comme ces nanas de magazines, maquillées et photoshopées, qui au naturel, ressemblent plus à Roselyne Bachelot qu’à Megan Fox.