Le Patient de la chambre 8 – Epsilon Escape

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Les passionnés d’Escape Games sont-ils à ce point déséquilibrés mentalement pour qu’un troisième hôpital psychiatrique leur soit dédié ? C’est en tous cas l’univers qu’a choisi Epsilon Escape pour sa toute première aventure.

[MAJ du 28/03/2017 : Cet article date de mars 2016, et la Chambre 8 a été retouchée en de nombreux points depuis un an. Nous avons pu y retourner plusieurs fois pour découvrir les nouveaux mécanismes et surtout les améliorations d’ambiance. Nos critiques de l’époque portaient sur le manque de musiques et bruitages, et ceci a été largement corrigé, l’immersion ne devrait qu’en être meilleure !]

Le joueur habitué au coté un peu bricoleur des différentes enseignes ne peut être que surpris à son arrivée devant cette nouvelle salle du boulevard Sébastopol. Le contraste est saisissant dès la vitrine, et ne fait qu’amplifier une fois à l’intérieur, où l’on imagine plus une étude notariale qu’un repère de joueurs masochistes. L’espace est divisé en petits salons séparés par d’immenses fauteuils et canapés Chesterfield, et l’on vous propose diverses collations pour patienter. Le gigantesque logo d’Epsilon Escape recouvre les murs, on se croirait presque dans une des stations du «Projet Dharma» de Lost.

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Nous pensions retrouver Clémence -Maître des clés- avec qui nous avions communiqué préalablement et qui nous avait invités à venir découvrir ce «Patient de la Chambre 8», mais l’organisation est ici assez différente des autres salles. Pas de discussion préliminaire, on nous remet un livret des aventures d’Edmond Epsilon, fil conducteur des différentes rooms de cette société. Nous devons lire ces quelques pages en guise d’introduction de notre visite de la clinique «Sinople».

Le Patient de la Chambre 8

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Il y a 25 ans, Edmond Epsilon a passé quelques mois dans le département psychiatrie d’une étrange clinique, et a développé un processus d’évasion avec le patient de la Chambre 8. A notre tour, nous devrons reproduire sa méthode pour nous échapper avant la prochaine ronde des gardes.

On nous dirige devant une porte au sous sol, et après quelques explications des règles de la room et de sa durée inhabituelle de 70 minutes, nous pénétrons dans la fameuse chambre.

Cet hôpital étant encore en activité, le décor n’est pas délabré, tout est ici en état de fonctionnement et l’on pourrait aisément se retrouver enfermés dans cette pièce. Murs capitonnés, carrelage froid, lit métallique, ceintures de contention à bracelet, tout y est. Mais à l’opposé de One Hour et son «Lost Asylum» des années 50, le registre n’est pas l’horreur et la peur, tout est plus léger et nous sommes face à une évasion classique. Les salles très sobres pourraient se situer tout autant en 1993 qu’en 2016, à l’exception de quelques objets aujourd’hui quasi oubliés qui agrémentent le décor, et entrent même dans la résolution de certaines énigmes. Ceux qui rêvaient de TDK MA90 Métal comprendront…

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La fouille est bien présente, et si elle est inégalement répartie dans le temps, elle reste néanmoins un élément important de cette room. L’observation est un point clé du «Patient de la Chambre 8», elle est indispensable à la réussite de la partie. Certaines énigmes très High-Tech sont originales, collent bien à l’époque, et leur conception est une belle réussite. Il n’y a aucune lassitude dans la résolution des casse-têtes, ni surabondance de cadenas. Pas de difficulté particulière, les énigmes s’enchainent facilement, et les manipulations sont intéressantes. La coopération entre les joueurs est réduite, mais pas absente.

L’immersion n’est par contre pas totale, l’éclairage est neutre et il manque surtout des musiques et bruitages pour rendre cela plus vivant et nous faire réaliser que le temps passe. Pourquoi ne pas avoir ajouté des bruits de pas, de rondes de gardiens et de portes qui claquent ?

Nous atteignons la sortie au bout de 38 minutes en étant persuadés qu’il reste encore une pièce à découvrir, et incrédules, nous retournons dans la room. Une immense frustration se fait sentir, terminer en pleine montée d’adrénaline à la moitié du temps prévu est assez décevant. Nous sommes la seconde équipe à passer sous les 40 minutes, et nous ne cherchions vraiment pas à réaliser un record.

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Le debriefing se passe à l’accueil en compagnie des deux concepteurs et propriétaires de la salle, Florent et Guillaume. Nous abordons inévitablement la question de la difficulté, mais leur discours n’est pas tout à fait en adéquation avec l’aventure que nous venons de vivre. Ils annoncent un taux de réussite de trois petits pourcents sans aide du GM, ce qui ne paraît pas réaliste vu notre résultat, lui même sans aide à l’exception d’un simple message dans les premières minutes. Le taux est évidemment plus élevé avec les indices du maitre de jeu.

Au final, cet Escape Game nous laisse un sentiment partagé. La réalisation est bonne, les énigmes High-Tech très réussies et parfaitement construites, mais il manque quelque chose pour qu’il puisse se confronter aux meilleures salles de Paris. La difficulté le destine selon nous à tous les joueurs, y compris débutants.

L’avis de Toma021

Le hasard a donc voulu que l’on enchaine deux rooms en une semaine (au moins Tsokoa, Smy et moi même) et que ces deux rooms soient sur le thème de l’asile. Alors forcement même si ce n’était vraiment pas l’idée, la comparaison ne peut que s’imposer à notre cerveau. Et comme l’indique Smy, la première différence se fait en arrivant dans les lieux. L’impression est exactement celle qu’il décrit. D’habitude, on arrive dans des petits lieux à moitié secret. Là, en plein milieu du boulevard Sébastopol, on est accueilli dans un espace qui nous laisse bouche bée. Des locaux somptueux, bien décorés et vraiment classes.

chambre_8_4.jpgLa deuxième différence est liée au scénario. Encore une fois comme l’indique Smy, nous sommes ici pour revivre l’évasion de la chambre 8 et donc l’asile est tout à fait opérationnel (et non abandonné, ce qui donne lieux à des décors bien plus inquiétants). Ce point change beaucoup de choses car finalement, en dehors de la première salle, très jolie avec murs capitonnés et lit métallique, on n’a pas vraiment le ressenti d’être chez les fous. On pourrait aussi bien être dans un laboratoire ou un hôpital.

Pour le reste, j’ai vraiment aimé la room. Les énigmes sont bien pensées, variées, on sent que les créateurs ont leur philosophie et y sont restés fidèles. Ici pas de succession de cadenas, cela ne correspond pas à leur vision sur la progression d’une salle. L’équilibre entre fouille, combinaisons, manipulations et observation était très bon.

Finalement le seul hic rencontré une fois à l’intérieur a été notre niveau exceptionnel. Car oui nous avons été bons, très très bons. Ne soyons pas faussement modestes. Et du coup, vu qu’on a enchainé toutes les énigmes sans bloquer, nous sommes sortis bien trop rapidement. Provocant chez certains d’entre nous un sentiment mitigé. Car s’attendre à une salle exceptionnellement dure (tellement que les créateurs sont obligés d’allonger le temps classique à 70min) et sortir en 38 ce n’est finalement pas si génial que ça. Et oui, si on cherche toujours à être les meilleurs en arrivant, on a découvert qu’on est quand même bien déçu quand on est trop bons.

Dernier point que je voulais aborder, le prix de la salle. Enfin une salle qui ne fait pas payer la session par rapport au nombre de joueurs. Je n’ai jamais compris pourquoi on payait plus à 5 qu’à 3. C’est exactement le même boulot pour eux. Malheureusement, le prix affiché a plutôt choisi l’option prix fort que prix médian. Du coup les équipes de 3 ne doivent pas être d’accord avec moi et préfèreront sûrement une salle où l’on paie en fonction du nombre de participants.

L’avis de Fylo

chambre_8_7.jpg Comme les copains, j’ai été impressionné par le luxe du bâtiment. Par contre, j’ai trouvé l’accueil trop impersonnel. En effet, on était assis dans un coin de ce gigantesque hall, à lire un fascicule retraçant les grandes dates du professeur machin dont j’ai oublié le nom tant ça m’a passionné. Personne n’est venu nous voir pour nous mettre dans l’ambiance alors que nous étions les seuls « clients » et, qu’en plus, nous étions invités (donc on avait déjà eu des contacts avec eux). Pourtant, ils étaient trois à attendre derrière la banque d’accueil qu’on soit prêt à débuter la partie. J’ai trouvé ça un peu dommage, comme si on faisait la queue pour une attraction EuroDisney. Il me manquait ce côté familial/copinage des autres rooms.

J’ai donc été un peu déçu d’emblée, mais je vais mettre ça sur le compte du rodage ou peut-être tout simplement que nos gueules ne leur revenaient pas ou qu’on était trop dissipés. Peu importe, une fois dans la salle, l’excitation a repris ses droits. Surtout que la cellule capitonnée dans laquelle on commence, est tout aussi sobrement que joliment mise en scène. Un peu simple, voire simpliste ; mais pour une mise en bouche c’était très bien. Le souci, c’est qu’ensuite tout s’est enchainé sans le moindre accroc. Les énigmes sont chouettes pour la plupart et c’est appréciable de ne pas se taper vingt-cinq cadenas à ouvrir ; quant au décor, il est vraiment chiadé.

Mais même si je veux bien croire qu’à force de cumuler les expériences on est devenu une team redoutable, je n’ai toutefois pas souvenir d’être sorti avec autant d’avance, et surtout de n’avoir jamais été mis en difficulté comme ce fut le cas avec ce Patient de la chambre 8. Je ne suis d’ailleurs jamais allé voir le temps qui nous restait sur l’écran de contrôle et ce final, où par reflexe on est retourné dans la room après être sorti tant on ne comprenait pas pourquoi on se retrouvait dehors si tôt, est le parfait exemple de cette frustration qui nous a tous habité à ce moment-là. On n’a d’ailleurs pas été les seuls surpris, puisque nos hôtes ne nous ont rejoints que quelques minutes plus tard.

Bref, si la salle est assez chouette, je la recommanderai plutôt aux joueurs débutants qu’aux joueurs expérimentés… surtout à ce prix. Pour résumer : De la déception en arrivant, de la frustration en terminant le jeu, mais une expérience plaisante compte tenu de la qualité des décors et de l’ingéniosité de certaines épreuves.

L’avis de Tsokoa

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Le truc cool c’est que j’arrive toujours à la bourre pour écrire ma partie en dernier et que tout a déjà été dit. Alors oui, Epsilon Escape a plutôt vu en grand avec des locaux assez impressionnants et une équipe étoffée. Ils ont aussi bien fait les choses avec une déco soignée et donc une room (à défaut d’avoir testé les autres), le Patient de la Chambre 8, vraiment réussie.

Dès l’entrée on est plongé dans le thème de cet hôpital psychiatrique par la décoration et la mise en scène des éléments qui la compose. Le Patient de la Chambre 8 est une room bien construite avec un bon équilibre entre la partie fouille, codes, réflexion. Les énigmes ont aussi le mérite d’être toujours logiques et cohérentes. Enfin, j’ai particulièrement apprécié l’utilisation d’appareils électroniques qui montrent là encore que les auteurs de cette room se sont creusés la tête et ont bien réfléchi à leur production.

Le problème, si s’en est un, c’est donc que nous sommes sortis en un peu moins de 40min pour une salle prévue en 70. A part un truc qu’on avait loupé comme des cons au début, on a jamais galéré ou stressé. Peut être est-ce parce que les énigmes sont justement logiques et bien pensées au lieu d’être tirées par les cheveux comme ça peut arriver parfois, peut être est-ce parce qu’on commence à être bons ou juste qu’on était dans la forme de notre vie, mais c’est vrai qu’au final sortir « si tôt » et surtout sans jamais se sentir en difficulté nous a un peu déçu.

Le Patient de la Chambre 8 est donc une room objectivement bien pensée et bien construite dont j’ai apprécié les qualités même si elle m’a un peu laissé sur ma faim. La faute à une difficulté et une durée qui la destine plus à des débutants ou juste à un hasard cosmique qui nous a tout fait déchirer ce soir là ? N’hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé si vous l’avez déjà testée ou sinon à y aller (plutôt à 5 vu le prix) et voir si vous pouvez faire mieux que nous.

Le site d’Epsilon Escape

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