Styx : Master of Shadows, la Nalyse

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L’infiltration, un genre en décrépitude dont la triste absence de nos étalages fait couler toutes les larmes de mon corps. Ne boudons pas notre plaisir avec Styx.

La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)

Je vous l’introduis tout entier

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Lui c’est Styx, et cette image (comme toutes celles de l’article) bien trop jolie pour être honnête vient de l’éditeur.
Après le RPG Of Orcs and Men qui en a touché plus d’une sans faire bouger les autres, Cyanide est revenu avec Styx : Master of Shadows qui se déroule dans le même univers, avant les événements du RPG, mais qui ne propose ni les mêmes personnages, ni le même genre de jeu. Place à l’infiltration, donc.

Le pitch dans ta potch

A Akenash, cité médiévale travailleuse dont les plus hauts sommets tutoient les nuages, humains, orcs, gobelins et elfes n’aiment pas cohabiter ensemble mais le font quand même sous certaines conditions. Pour les orcs il s’agit d’être tenu en esclavage par les humains. Pour les gobelins, il s’agit de vivre cachés. Et pour les humains et les elfes, ils font semblant de s’entendre pour garder dans la tour principale un Arbre-monde d’où s’écoule l’inestimable ambre. Une source de pouvoirs chelou mais aussi drogue liquide que les contrebandiers distillent à tour de bras pour alimenter la soif infinie des gardes à travers toute la ville. Notre héros, le gobelin Styx, à travers une quête qui lui fera remonter ses origines, souhaite ainsi réaliser le casse du siècle : chourer le cœur de l’ambre.

Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)

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Cyanide redore le blason au terme  »se planquer pour survivre » et ça, c’est bien.
Lorsqu’on parle de jeu vidéo français, on oublie assez facilement Cyanide. Pourtant ça fait maintenant 6 ans que le studio de Nanterre se consacre à des projets gamers – après toute une époque consacrée uniquement aux jeux de cyclisme – qui sans jamais avoir été des chefs-d’oeuvre sont très rarement médiocres. Autant le dire tout de suite, Styx est sans doute leur plus grande réussite. Derrière une plastique datée, même à sa sortie en fin d’année dernière, que ça soit sur PS4 (Nalyse effectuée sur cette version), Xbox One ou PC, et une technique presque atroce avec des temps de chargement interminables dès qu’il s’agit de changer de zone ou de (re)lancer une sauvegarde, se cache un jeu de puriste. Une fois les considérations futiles passées, Styx propose un vrai jeu d’infiltration jamais entaché par quelconque phase en tourelles, bastons ou autres plaies du genre qui viennent complètement dénaturer l’essence même du jeu de cache-cache comme c’est trop souvent le cas ces bien trop longues dernières années. Alors certes, on peut bien lorsqu’on se fait repérer tenter de combattre laborieusement nos adversaires ou courir aussi vite que l’on peut, mais Styx est un gobelin. Qui dit gobelin dit nabot, donc très peu habile lorsqu’il s’agit de foutre des baffes au monde qui l’entoure le dépassant au minimum d’un bon mètre, et jambes tellement courtes qu’il doit avoisiner la demie heure chrono aux 100 mètres à pleine vitesse. J’ai toujours fantasmé sur un jeu d’infiltration où l’on incarnerait (ces 8 derniers mots sont très importants) un enfant, sa faiblesse et sa petite taille justifiant à la fois le fait d’éviter l’affrontement frontal avec les adultes et le fait de se cacher en permanence. Alors bon, un gobelin ce n’est pas un gosse, mais dans l’idée on s’en rapproche, en un peu plus verdâtre de peau.

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Laisser traîner les cadavres derrière vous est une très mauvaise idée. D’une manière générale, tuez que si c’est absolument nécessaire (et cachez le cadavre).

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Les orcs ont plutôt sale caractère (quelques références à Of Orcs and Men se baladent dans le jeu d’ailleurs).
Et puis vous savez ce que font les vrais : lorsqu’on se fait repérer, on redémarre la sauvegarde. C’est la règle juste à s’imposer pour jouir au maximum des plaisirs d’être une ombre. De lui-même le jeu nous impose d’ailleurs régulièrement ces conditions, le temps de quelques objectifs, preuve qu’il a l’ambition pure et simple de faire renaître l’infiltration, la vraie, la belle, de ses cendres. Et le level design n’est pas en reste avec une multitude de passages possibles qui ne se contentent pas uniquement, tel le moindre Deus Ex venu, de proposer des kilomètres de conduits d’aérations. Égouts, corniches, rebords vertigineux, ombres des murs, placards, vasques, caisses, sont autant de moyens de se cacher ou d’avancer le plus discrètement possible. Qui plus est, Styx a la possibilité d’être invisible une très courte poignée de secondes à la suite d’une gorgée d’ambre, mais aussi de produire des clones. Ces facultés que l’on craint salement cheatées au début s’avèrent bien implémentées dans le game design qui propose des situations parfois pas loin d’être absolument impossibles sans leur utilisation. Se servir d’un clone pour faire diversion et passer tranquillement là où sans lui ces satanés gardes ne bougeaient pas d’un poil est bien plus amusant et ingénieux que je ne l’aurais pensé. Ça multiplie encore plus le nombres de stratégies possibles pour arriver à bon port sans se faire gauler une seule fois, tout en ayant à cœur de gérer au mieux sa possession d’ambre, qui n’est pas infinie. (En cas de panne sèche, pickpocketer un garde peut s’avérer salvateur.)

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Un jeu qui n’a pas peur d’offrir un peu de challenge.

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La physique des sauts est horriblement mal gérée.
Styx renoue avec des plaisirs oubliés consistant à repérer patiemment la routine des ennemis avant d’élaborer une stratégie visant à passer sans que personne ne s’en rende compte. Tous les petits trucs de l’infiltration réussie y sont, siffler, porter et planquer les cadavres, se plaquer contre les murs, se suspendre à un rebord. Ça parait essentiel, et donc évident, pour n’importe quel jeu d’infiltration (et ça l’est !) mais la tendance des derniers jeux pseudo infiltration visant à transformer le tout en un simili actionner mou où on peut éventuellement se cacher-mais-en-fait-c’est-pas-important-parce-que-tu-peux-buter-tout-le-monde-en-trois-coups méritait que je le souligne. D’autant que les objectifs secondaires offrent un challenge supplémentaire parfois vraiment super intéressant. Comme le fait de tuer certaines cibles en maquillant le tout en accident ou cette sous-quête, géniale bien qu’un peu courte, consistant à ramener le corps d’un type fraîchement tué par nos soins jusqu’à la planque. Creusage de tête primordial. Autre brillante idée, celle de donner aux différentes factions, différentes compétences. Par exemple les orcs ont l’ouïe fine, l’humeur bourrue et les réflexes au top, passer à côté d’eux durant leur sieste sans une extrême prudence nous fera systématiquement visiter leur estomac. Les elfes ont les sens aiguisés dont celui de l’odorat, ce qui oblige notre parfum corporel « gobelin dégueu en sueur » à se tenir à distance. (Les humains quant à eux sont les plus nombreux mais aussi les plus benêts.) Mais alors, Styx est-il parfait ? Non. Malheureusement quelques éléments de gameplay nous rappellent sans cesse que Cyanide a peu de moyens ce qui implique souvent une finition bâclée. La physique des sauts est ignoble et comme le jeu est beaucoup basé sur la verticalité, on crève énormément à cause du manque de calibrage. La physique des objets que l’on effleure et qui font trois salto triple loops piqué ferait sourire si ça n’engageait pas un bruit que les gardes entendent. S’accrocher à un rebord est automatisé et malheureusement vous ne compterez plus les fois où vous allez tomber dans le vide et crever, pensant naïvement que votre personnage allait faire le taff. Longer les rebords de corniche à bouts de bras ne comprends pas les virages ce qui oblige stupidement à remonter sur la corniche, et donc risquer de se faire repérer, prendre le virage, et se suspendre à nouveau pour continuer… Des défauts énervant qui mettent à rude épreuve votre patience. Mais le jeu d’infiltration nécessitant de toute façon en guise de vertu vedette cette fondamentale patience, on arrive à passer au-dessus. Et ce même si, preuve supplémentaire du manque de temps pour finir le jeu, les deux derniers niveaux nous font revisiter des endroits déjà traversés. J’ai noté aussi sur la fin des passages un peu too much avec orcs, elfes et humains en pagaille, placés un peu n’importe comment juste pour offrir du challenge. Reste l’univers (médiéval trash qui n’est pas s’en rappeler un certain Thief), dialogues so british en VOST obligatoire compris, plutôt agréable. Et un scénario parfois un peu confus et non sans quelques absurdités mais plutôt intéressant. Je vais vous dire, pour quelqu’un dont la première Xbox pleure encore des larmes de sperme en repensant aux trois premiers Splinter Cell, Styx c’est du pain béni. Vous êtes certainement passés à côté du fait de sa sortie en octobre dernier en même temps que trouzemilles titres bien plus en vogue, mais si vous êtes fans d’infiltration, on a là une valeur sûre.

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A droite, on voit bien l’elfe sentir soudainement une petite odeur anormale qui lui rappelle le slip de sa grand-mère.

Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix

– Un petit making-of de gameplay avec des barbus blasés histoire de :

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