State of Decay 2, La survie en communauté

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Comment survivre dans un monde hostile peuplé de zombies, où les ressources se raréfient à vue d’œil ? C’est l’équation posée par State of Decay 2 à laquelle vous allez être amenés à répondre.

I will survive

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Vous avez le choix entre quatre couples pour commencer votre aventure.
Beaucoup de choses ont été dites sur ce State of Decay 2, à tort ou à raison d’ailleurs. Un déchaînement de passion et de haine plutôt curieux même, pour un titre de cette envergure. Il faut dire aussi qu’avec un nombre d’exclusivités console relativement limité sur One, le nouveau jeu d’Undead Labs s’est retrouvé propulsé aux avant-postes médiatiques ; une place qui n’est clairement pas la sienne. Pour autant, je dois avouer que j’attendais particulièrement ce titre, tant le premier épisode m’avait enthousiasmé. Car pour moi, State of Decay est le seul et unique véritable jeu de survie zombie jamais sorti. Bien sûr, nombreux sont les jeux ayant traité ce thème, avec plus ou moins de réussite. The Last of US par exemple (même s’il ne s’agit pas tout à fait de zombies) est peut-être l’un mes jeux préférés, mais c’est un jeu d’action/aventures, pas de survie. Le The Walking Dead de TellTale est excellent également (surtout la première saison), mais c’est un pur jeu d’aventures, pas un jeu de survie. Dead Rising est plutôt apprécié par la communauté (même si moi, il m’a moins botté), mais là encore ce n’est pas un jeu de survie. C’est un jeu d’action fun où on fabrique des armes invraisemblables pour se marrer.

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Ici, les vivants ne se transforment pas en zombies à chaque morsure, mais les pestiférés aux yeux rouges vous transmettent une maladie mortelle.
Car la survie ne se traduit pas par « ne pas mourir ». Il s’agit plutôt de vivre, vivre dans un nouvel environnement hostile. Vivre dans un nouveau monde, avec des compagnons d’infortune et tenter de retrouver un semblant de société. Et c’est en ce sens que State of Decay et cette suite, sont uniques. Car ici les zombies ne sont que secondaires, tant ils n’ont rien d’une menace insurmontable ; du moins lorsqu’ils sont isolés. Car bien entendu, se retrouver à bout de souffle et de munitions au beau milieu d’une horde s’avère toujours problématique, mais il y a souvent moyen de l’éviter. A l’image de ce que raconte Kirkman dans le comics The Walking Dead, les hommes sont bien supérieurs aux zombies. Et ces derniers ne deviennent véritablement dangereux, que lorsque la routine s’installe et qu’un semblant de confort retrouvé fait perdre aux survivants toute notion de prudence. Et pour le coup, le titre d’Undead Labs ne déroge pas à la règle, et se faufiler entre les morts-vivants en les éliminant un à un silencieusement, est un jeu d’enfant. Ce n’est d’ailleurs certainement pas une coïncidence si le premier décès enregistré dans ma communauté fut lié à un affrontement… avec des vivants.

Sim Community

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Les citadins habitués aux lampadaires et lumières de la ville vont découvrir que la nuit c’est sombre… très sombre.
Les frénétiques de la gâchette risquent donc fort d’être déçus, mais ne croyez pas un seul instant que State of Decay est un jeu d’action. C’est une simulation de survie, un jeu de gestion humaine, une sorte de Les Sims version apocalypse zombie. La principale difficulté, c’est de vivre au jour le jour en subvenant aux besoins de vos ouailles et en gérant au quotidien les autres survivants, amicaux ou hostiles, avec qui vous partagez votre territoire. Pour cela, il y a la survie au sens propre du terme, aka « ne pas se faire tuer », mais aussi est surtout la vie au jour le jour, au travers de cinq ressources : La nourriture (pour manger), les médicaments (pour se soigner), les matières premières (pour construire), les munitions (pour les armes à feu) et l’essence (pour vos véhicules). De celles-ci découlent les fluctuations dans le moral de vos troupes et les différent conflits qui peuvent éclater au sein de votre petit groupe. Tout cela entre en jeu à chacune des décisions que vous prenez : Faut-il recruter ou non ce membre supplémentaire ? Que va-t-il m’apporter par rapport à ce qu’il va me coûter ? Faut-il aider ces étrangers en leur fournissant de précieuses ressources ou préférer les garder pour soi, au risque qu’ils deviennent hostiles ? En contrepartie, les communautés alliées finiront par vous apporter de précieux bonus (des hommes supplémentaires pour aller au charbon, une capacité de stockage supplémentaire pour vos médicaments, etc.). Ces choix sont d’autant plus cornéliens qu’une fois un bâtiment fouillé et vidé, il le reste jusqu’à la fin de la partie. Comprenez que les ressources sont ne pas en quantité illimitée sur la map.

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Lorsque vous aurez suffisamment amélioré le statut d’un de vos survivants, il pourra prétendre au rôle de chef.

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Les ressources sur la map ne se renouvellent pas, vous poussant à aller toujours plus loin pour vous approvisionner…
C’est cette limite qui vous pousse à aller de plus en plus loin, à prendre de plus en plus de risques. Car au début, instinctivement, vous vous contentez des bâtiments qui vous entourent. Vous vivez votre petite vie peinard à quatre (les deux héros du début, plus les deux personnages rencontrés durant le tuto) et ça se passe très bien. Vous avez assez de place pour loger tout le monde, assez de nourriture pour manger à votre faim… Mais très vite, les choses se compliquent. Les ressources se tarissent, votre communauté s’agrandit, vos voisins deviennent de plus en plus encombrants et les conflits, internes ou externes, gangrènent votre tranquillité. Sans parler du fait que la taille grandissante de votre communauté et sa modernisation, jouent sur le bruit qu’elle émet. Dès lors, plus vous serez nombreux et entamerez des travaux (bref plus vous ferez du bruit), plus vous attirerez les zombies du coin et devrez repousser leurs assauts. Et très vite vous vous rendrez compte que si le nombre vous rend plus fort, il vous rend aussi plus vulnérable et davantage sujet aux problèmes.

Héros du quotidien

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Les emplacements de construction dans votre bases sont limités, tout comme le nombre d’avant-postes à votre disposition.
On en revient au fait que State of Decay 2 n’est pas un jeu d’action, comme je le disais plus haut, mais un jeu de gestion. Car dans ce jeu, le héros c’est votre communauté, pas un homme ou une femme. Bien entendu, vous pouvez avoir votre préférence pour l’un(e) ou l’autre, et pourrez même l’élire Chef(fe). Mais s’il ou elle meurt, cela ne signe en rien la fin de l’aventure. Au départ, vous commencez avec deux personnages ; un couple parmi quatre à l’histoire et aux profils distincts (un frère et une sœur, un couple lesbien, un couple improbable ou des potes de lycée). Puis, durant le tutoriel, vous rencontrerez un(e) ex-militaire et un(e) médecin. Ce seront les quatre qui composeront votre communauté originelle. Toutefois, certains peuvent mourir (en mission ou être euthanasiés), certains peuvent être exilés ou partir d’eux-mêmes, et bien sûr d’autres peuvent et vont probablement vous rejoindre. Bref, c’est vous qui constituerez votre communauté et ce sont les éléments extérieurs qui la façonneront. Et tous ses membres seront jouables ; il est même plus que conseillé de tourner régulièrement entre les différents personnages.

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Comme dans le 1er, vous devrez prendre de la hauteur pour identifier les zones d’intérêt.
Vous allez devoir tourner pour la simple et bonne raison que vos personnages se fatiguent, se blessent, voire meurent. Mais ce turnover est surtout primordial, car vos résidents possèdent tous des capacités évolutives. Des capacités communes comme le cardio, le combat ou le tir, et des capacités uniques comme la médecine, la chimie ou l’électronique. Chacune d’entre elles peuvent être améliorées, au moyen de livres disséminés ça et là dans le monde qui vous entoure, ou tout simplement en pratiquant. Et lorsqu’un personnage monte l’une de ses capacités à fond, il se spécialise et gagne ainsi un bonus non négligeable. De plus, certaines capacités sont absolument indispensables à la construction d’ateliers dans votre base : Pas d’infirmerie sans un médecin, pas d’alambic sans un spécialiste en chimie, etc. Autant dire que si vous voulez que votre communauté tourne bien, il va falloir multiplier les talents et les entretenir. Enfin, sachez que toute mort dans State of Decay 2 est définitive. Alors si vous vous focalisez trop sur un personnage et qu’il vient à mourir, vous aurez toutes les peines du monde à vous en relever s’ils ne vous restent que des tocards pour prendre la suite. La tristesse et la rage de perdre l’un de ses meilleurs éléments sont déjà compliquées à gérer, inutile de s’ajouter bêtement des problèmes supplémentaires.

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Avec une infirmerie et le bon remède, vous pourrez soigner celles et ceux qui auront chopé la peste sanglante. Sinon, il reste l’exil ou l’euthanasie…

Grandeur et décadence

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La conduite des véhicules est délicate, mais finit par s’apprivoiser avec le temps.
Alors oui, le jeu est moche. Oui, le jeu croule sous les bugs, plus ou moins gérables (à ce stade, je n’ai encore jamais rien eu de rédhibitoire). Oui, le gameplay est perfectible (notamment la conduite de véhicules, aux réactions de savonnettes). Oui, il fourmille de bonnes idées mais ne va pas au bout des choses, ce qui peut s’avérer terriblement frustrant. On voudrait par exemple que les relations entre nos résidents soient moins mécaniquement liées aux ressources. Il arrive que certains se battent par exemple (parfois même, la rixe concerne un personnage qui, pourtant, vous accompagne en expédition), mais ça ne plombe pas plus que ça l’ambiance de la communauté. Pas de liaisons amoureuses non plus. Bref, rien de bien complexe et c’est un peu dommage. Il en va de même pour les communautés étrangères. On peut dépenser des points d’influence pour obtenir des items, une fois les relations au beau fixe on débloque quelques bonus bienvenue, mais on aimerait plus d’interactions. On aurait aimé que leurs quêtes soient un poil plus variées et scénarisées, voire que certains nous tendent des pièges, par exemple. Et surtout, on aurait aimé un multijoueur plus investi. Ici, le drop in drop out de joueurs qui viennent juste incarner des membres de notre communauté est bien trop limité, surtout pour les invités. Des interactions entre communautés, du PVP, des échanges commerciaux, il y avait sans doute bien plus à proposer avec pareil thème.

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S’attaquer aux cœurs de peste demande un minimum de préparation : Armes, explosifs et médocs sont indispensables.

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Vous passez la majeure partie du temps accroupi, à éliminer les zombies discrètement.
Mais non, le jeu n’a pas spécialement besoin d’histoire, autre que l’idée de survivre le plus longtemps possible. Pour ça, ce n’est pas les jeux de zombies qui manquent. On ne va pas demander à un Civilization, un Fifa, un Sims ou un Forza Motorsport d’avoir un scénario. Il faut juste savoir où on met les pieds au préalable. Non, il n’y a pas de soucis avec l’essence ou l’obscurité trop… sombre, comme on peut le lire ailleurs. Pas de problème avec le farming non plus, sauf si on n’aime pas le farming. Ça paraît con comme formule, mais à priori ce n’est pas évident pour tout le monde. Bref, si vous avez aimé le premier épisode, malgré son gameplay un peu bancal et ses innombrables bugs, vous adorerez celui-ci. Il est un peu mieux réalisé, un poil moins buggé, plus riche et peut-être aussi un peu plus facile, étant donné que le monde n’évolue plus lorsque votre console est éteinte. Si vous cherchez un gros jeu AAA avec une histoire prenante et une action exaltée, passez votre chemin. Et si vous vous trouvez entre les deux, pourquoi ne pas tout simplement le tester, grâce au Xbox Game Pass ? Vous aurez droit à 15 jours gratuits si vous ne les avez pas cramés avec Sea of Thieves. Au pire ça vous coûtera dix balles, grosso modo le prix d’un paquet de clopes. Et je peux vous jurer que, même dans le pire des cas, State of Decay 2 ne vous refilera pas le cancer, lui.

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