Retour sur Call of Juarez, traque au Grand Ouest

0

A l’occasion du dernier trailer de Call of Juarez : Bound in Blood, l’idée m’est venu de revenir sur ce sympathique FPS qu’était le premier Call of Juarez

Le Far West, voilà une époque à l’ambiance très marquée, très riche, avec ses propres codes, ses légendes, ses lois, ses innombrables luttes sanguinaires. Voilà quelque chose que l’on aimerait voir exploiter comme il se doit dans le jeu vidéo qui s’en est pourtant rarement approché et encore plus rarement avec la qualité au rendez-vous. Alors autant dire qu’à l’arrivée de Call of Juarez (sorti en septembre 2006 sur PC puis en juin 2007 sur 360) on ne pouvait être que content et méfiant à la fois…

Le traqueur et le traqué

ME0000714337_2.jpg
J’aime bien les gueules burinées des personnages. C’est tout à fait l’image qu’on se fait des cow-boys et autres rednecks de l’époque.
La première qualité de Call of Juarez se trouve dans son approche scénaristique, si sur le fond c’est une banale histoire de cavale/chasse à l’homme avec des relents de trésor légendaire enfouit, sur la forme on incarne à la fois le traqué et le traqueur. A commencer par Billy la Bougie, jeune et modeste métisse mexicain qui n’a jamais connu son père et qui rentre dans sa ville après 2 ans d’exile infructueux. Il se retrouve en plein face à face avec le cadavre de sa mère et de son beau père fraîchement assassinés lorsque que le révérend Ray (frère du beau père en question) débarque. Billy ayant pour triste habitude de se faire rosser de partout quoiqu’il puisse dire, il préfère décamper sur le champ. S’engage alors une poursuite à travers la région entre Billy accusé à tort du double meurtre et le révérend Ray qui se prend pour la main droite de Dieu et ce même si son passé est plus que trouble…

ME0000659385_2.jpg
Pan ! Pan ! Batard !
ME0000708177_2.jpg
C’est pas le meilleur aspect du jeu qui est montré sur cette image sentant bon le shooter surréaliste.
ME0000720929_2.jpg
Je ne sais pas vous mais moi le western en jeu ça me fait tripper total, je m’immerge totalement.

Pas mal de grands classiques du western sont inévitablement et bien heureusement (parce que trippant) repris au cours de cette cavalcade que ça soit l’attaque d’un train, le combat contre des indiens rebelles ou la poursuite à cheval. C’est sans aucun doute tout ce qui fait le charme de ce jeu : son univers. Avec un monde aussi dépaysant -dans un jeu vidéo- que celui-là il suffit d’offrir un titre pas trop mauvais pour réussir à accrocher le joueur et Call of Juarez nous immerge plutôt pas mal. L’excellent doublage français y contribue fortement, assuré par une partie de l’équipe en charge de celui de la très bonne série-western cru Deadwood, on ne peut qu’être convaincu par la crédibilité du ton des acteurs malgré quelques bugs de son qui viennent parfois gâcher la fête (comme une voix qui parait éloignée alors qu’elle ne l’est pas par exemple). On remarquera même que la voix de Billy est celle de Tobey Maguire dans Spider-Man, la grosse classe je vous dit. On en appréciera d’autant plus des dialogues sans édulcorant, avec insultes et anecdotes gratinées. L’orientation du titre est résolument adulte même si ce n’est pas pour autant d’une violence extrême, jamais très gore, on ne peut même pas tuer d’innocents (ni même tirer sur un cadavre, bordel). Adulte oui mais se refusant de laisser le choix du sens moral au joueur, soit. C’est peut-être un brin dirigiste lorsqu’on est habitué à la certaine liberté d’action des jeux du moment, mais pas foncièrement plus gênant que ça.

Le bourrin et le discret

ME0000805859_2.jpg
Les poursuites à cheval, ça c’est de la phase de jeu.
Découpée en épisode, l’histoire nous fait donc jongler entre le maniement de Billy et celui de Ray, plus ou moins à tour de rôle. Deux buts différents, deux façons de jouer différentes. Ainsi notre jeune fuyard est plus du côté souplesse et infiltration, avec la vue à la première personne ça fait idéalement penser à Thief mais on en est malheureusement assez loin. Si se planquer dans un buisson est tout à fait sympa à faire même si au final extrêmement basique, c’est toutes les phases d’escalades (il y en a un certain nombres) qui s’avèrent chiantes à souhait. Disposant d’un fouet à la Indiana Jones, Billy peut s’en servir pour s’accrocher à une branche et se balancer histoire de passer une crevasse ou un ravin sans encombre. Sauf que si on vise à un endroit de la branche où les développeurs ne l’ont pas décidé on peut toujours claquer du fouet sur sa putain de branche ça ne marchera pas, alors que c’est possible 0,5 millimètre à côté… C’est super frustrant, l’élément de gameplay qui vient briser notre trip en quelques sortes. Déjà que les sauts à la con façon jeu de plates-formes ne sont pas loin d’être pénibles… On en vient à surtout espérer des phases d’infiltrations lorsqu’on dirige Billy. A noter un petit passage légèrement aventure vraiment bienvenu où l’on se retrouve dans une grotte qui rappellera de nouveau quelques souvenirs aux fans de ce bon vieux Indiana.

ME0000805858_2.jpg
Dégaine plus vite cow-boy.
ME0000805860_2.jpg
Au moins y a pas de barils rouges…
ME0000805861_2.jpg
Tu la sens arriver entre tes deux yeux celle-là nan ?

coj2007061212561832_2.jpg
Tain merde, comment je vais faire pour récupérer son scalp ! ?
Pour ce qui est du révérend Ray c’est un gameplay tout ce qu’il y a de plus FPS, avec son look buriné façon Saint des tueurs dans The Preacher et sa plaque de métal sur le torse histoire de mieux encaisser les bastos, on ne peut que foncer tête baissée flingues en avant. A l’instar de l’invincible pistolero de la bande dessinée écrite par (ce putain de génial) Garth Ennis, Ray n’est pas loin de ne jamais crever non plus. Surtout sur la version 360 où la reprise de vie en ramassant des bouteilles de Whisky a été remplacée par le fameux système de reprise de vie pour gland © … Une facilité parfois d’autant plus aberrante que l’I.A. des PNJ ne va jamais au-delà du pigeon interactif… Et en parlant de facilité, la version 360 a définitivement été pensée pour les neuneu avec un système de sauvegarde automatique ajouté à l’arrache (il coupe parfois des dialogues tellement il a bien été implémenté… waw). Pour autant pas mal de bonnes petites idées amusantes ont été intégrées comme les pétoires qui peuvent exploser à force d’être utilisées, une gestion du feu réaliste qui permet de jouer avec les lampes à pétrole, ou cette possibilité de marquer un temps d’arrêt chez nos ennemis en s’emparant de sa bible main droite pour leurs réciter des versets tout en leurs tirant dessus main gauche, fun. Tirer des deux mains est bien entendu de la partie, de même que passer dans un espèce de mode Bullet Time où le temps se ralentit brièvement histoire de nous permettre de viser en toute tranquillité pour nous sortir d’une situation délicate (presque jamais en fait, vu la facilité). Les fameux duels si chers aux westerns sont également présents mais ils ne sont pas franchement palpitants, ça consiste en fait à dégainer puis rétablir le réticule de visée, devenu fou, et tirer. J’aurais largement préféré une manip’ qui aurait réellement pris en compte notre rapidité à dégainer, comme en vrai en fait…
Globalement l’aventure est bien rythmée et variée, on note juste quelques passages dispensables (qui ont peut-être pour but de rallonger un peu la durée de vie déjà hyper courte du titre (une dizaine d’heures pour le solo en comptant les missions bonus)). Une fois de plus je ne peux m’empêcher de dire que l’univers, l’ambiance du jeu fait la différence au point de nous faire oublier ces quelques défauts au final facilement surmontables.

Loin d’être sans défaut, Call of Juarez arrive malgré tout à être suffisamment immersif et varié pour nous tenir en haleine, principalement grâce à son univers si atypique dans un jeu vidéo. C’est tout simplement le meilleur western vidéo ludique qui existe à ce jour.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *