Pourquoi Mass Effect c’est mieux que Star Wars

0

A l’occasion du N7Day (le 7 novembre), je me suis fendu d’un tweet un brin provocateur sur la supériorité de la saga de Bioware sur celle de George Lucas. Provocateur, mais tellement vrai. Je m’explique…

Bon, on ne va pas se le cacher : Je suis fan de Mass Effect.
Mais quand je dis fan, sachez que je considère tout simplement cette saga comme l’une des trois (cinq max) plus grandes licences de l’industrie du jeu vidéo, tous genres et toutes époques confondues. Je risque donc, dans les lignes qui vont suivre, d’être un brin partisan et d’orienter mon argumentaire dans une direction très subjective.
Toujours est-il que si j’aime bien Star Wars, je ne considère cette saga que comme un divertissement sympathique, pas comme un mythe. Pourtant, la Science-Fiction, et plus principalement lorsqu’il y est question de conquête spatiale et de vaisseaux qui font « piou-piou » avec leurs lasers, est un thème dont je suis particulièrement friand.

Il était une fois l’espace

01-30.jpg
Tu m’étonnes que la famille parte en couille, avec un père qui passe sa vie à faire du cosplay…

L’histoire de la première trilogie de Star Wars, c’est celle d’un élu à la con qui combat une sorte d’idéologie nazie futuriste, qui s’avère être menée par son père. Puis, sans idée, une deuxième trilogie s’attarde sur comment cet Adolf Hitler de l’espace est devenu ainsi. Pire, une troisième trilogie voit le jour, et cette fois, elle nous conte l’histoire d’un élu à la con, qui combat une sorte d’idéologie nazie futuriste, qui s’avère être menée par un ado rebelle émo-gothique. Bref, on reprend exactement la même histoire, mais on lui colle une héroïne plutôt qu’un héros, de façon à être dans l’ère du temps.
On ne va pas se le cacher : Le scénario de la saga Star Wars, c’est digne d’un téléfilm de TF1. On ne va pas les voir au ciné pour se passionner pour l’intrigue, mais pour voir des combats spatiaux en grand écran et entendre vrombir les sabres lasers dans nos oreilles lors des affrontements entre Jedis. Du pur divertissement, quoi. C’est d’autant plus le cas, que chaque film Star Wars peut être vu par un môme de six ans. Il n’y a pas vraiment de noirceur dans cet univers, un comble pour une saga où il est tant question de « côté obscur ».

02-29.jpg
Bonjour la crédibilité, quand tu viens anéantir toute vie dans l’univers avec une tête de poulpe !

L’histoire de Mass Effect est à peine plus originale, puisqu’il s’agit du combat d’un homme (ou d’une femme, selon votre choix inital), contre une race séculaire quasi divine : Les Moissonneurs. Ceux-ci s’avèrent être une sorte d’agriculteurs de l’espace, qui ont offert à toutes les races vivantes de la galaxie, la possibilité d’évoluer, bref de « pousser ». Celles-ci sont aujourd’hui arrivées à maturité, l’heure de la récolte est donc venue et les Moissonneurs s’apprêtent à anéantir toute vie dans la galaxie. Notre héros/héroïne prend donc la tête d’une coalition inter-espèces pour affronter les Moissonneurs et sauver tout le monde, non sans se heurter à de nombreuses difficultés, à commencer par les bisbilles latentes entre les différentes races. Après la première trilogie, un nouvel épisode baptisé Andromeda a vu le jour est était censé débuté une nouvelle trilogie. Son histoire débute en parallèle du 2ème épisode, chronologiquement parlant, dans une autre galaxie : Andromède. Quatre arches, renfermant les quatre grandes races représentées au Conseil, sont partie vers cette galaxie lointaine : Les Humains, les Asari, les Galariens et les Turiens. Et forcément, la sortie de stase ne va pas bien se passer pour tout le monde…

la_force.png
Le côté biblique de Star Wars se ressent dans les thèmes, dans les gestes et même dans les vêtements que portent les Jedis.

Le dénominateur commun entre ces deux sagas, outre le fait qu’elles se déroulent dans l’espace, c’est le rapport au divin qu’elles mettent en avant, de façon plus ou moins subtile. Pour Star Wars, il s’agit de la Force, son côté lumineux (Dieu) et son côté obscur (Satan) qui s’affrontent. Pour Mass Effect, il s’agit des Moissonneurs, perçus comme de véritable divinité ayant créé la vie, venant désormais la reprendre dans une sorte d’Apocalypse censée instaurée un cycle de perpétuel recommencement. Seulement, là où Star Wars est purement biblique, Mass Effect est davantage blasphématoire, puisque la vie se confronte à son créateur. La saga de Bioware est donc plus subtile, plus adulte, et à l’image de ses nombreuses licences (Dragon Age, KotOR, Jade Empire…), oscille sans arrêt entre le Blanc, le Noir, et une infinité de nuances de gris.

Ton univers impitoyable

9102076a3af01cf0cb773f70eee6e72b.jpg
Y en a pas deux qui appartiennent à la même race, hormis les humains…

Si je trouve l’histoire de Mass Effect plus intéressante que celle de Star Wars, c’est sur son univers et la crédibilité de celui-ci que l’écart se creuse réellement. Car à mes yeux, l’univers de Star Wars c’est du grand n’importe quoi. Une humanité dominante répandue aux quatre coins de la galaxie, sous diverses factions, et un patchwork d’aliens tous plus bizarres les uns que les autres, posés ça et là comme un cheveu sur la soupe. Il n’y a aucune cohérence là-dedans.
La domination de l’humanité, pourquoi pas. Mais ce qui me choque le plus dans cet univers, c’est l’absence pure et dure de civilisations, de peuples, de races. A part les Ewoks dans Le retour du Jedi et les semblables de Jar-Jar Binks dans La Menace Fantôme, vous ne verrez jamais trace d’une quelconque population. Par contre, vous allez voir une foultitude d’individus de races distinctes, évoluant à l’écran, mais ceux-là n’ont aucune appartenance. Ils n’ont pas de planète, pas de patrie, pas de cité. Alors peut-être y a-t-il une explication à tout cela dans l’une des nombreuses œuvres parallèles dont, j’avoue, je me fous royalement. Mais c’est un point qui me choque et prouve, selon moi, qu’il n’y a aucune réflexion profonde autour de cet univers. Juste une histoire de combats au sabre laser, parce que c’est méchamment classe (c’est pas faux d’ailleurs), et quelques extra-terrestres au look tantôt ringard, tantôt cool, pour la caution « exotisme ».

zddpwzgommxjctpi43gj.jpg
Une grande partie de l’univers de Mass Effect tourne autour des 4 grandes races et du Conseil ONUesque qu’ils ont formé.

Pour Mass Effect, c’est tout l’inverse : Tout est construit en étroite relation, dans un ensemble cohérent. Il y a une histoire derrière l’avènement de l’humanité. Il y a une histoire sur les moissonneurs et les relais cosmodésiques qu’ils ont créé, permettant ainsi aux races de se découvrir. Il y a une histoire pour chacune des races majeures de la saga, des liens forts et parfois très sombres. Pour ma part, c’est la première fois que je me retrouvais, en tant que joueur, à arbitrer un conflit entre l’un des scientifiques qui provoqua un génocide, et l’un des représentants de la race victime de ce génocide. Et le pire dans tout ça, c’est que lorsque vous comprenez les tenants et aboutissants de ce génocide, ou plutôt génophage (ils n’ont pas été exterminés, mais on leur a ôté toute possibilité de se reproduire), vous ne pouvez que donner raison à cette initiative, même si la méthode paraît un peu abrupte (c’est le moins qu’on puisse dire). C’est troublant, très troublant. Bien loin des histoires enfantines de Star Wars.
Il n’y a pas pléthore de races comme dans Star Wars, tout juste une douzaine, mais chacune d’elle ou presque, possède sa propre civilisation, ses propres planètes, son propre gouvernement, sa propre philosophie, ses propres aspirations. Il ne s’agit pas d’individus random posés là parce que ça fait joli et exotique. Et ça fait toute la différence.

Fossé générationnel

25-mai-1977-jour-star-wars-est-sorti-cinema.jpg
L’avantage de jouer dans un film de Science-Fiction en 1977, c’est qu’on ne te force pas à porter un sous-pull marron et un pantalon de velours à patte d’eph

Après, j’avoue que la critique est un peu facile, mais en vérité il est délicat de comparer ces deux licences.
Il est facile de trouver une saga de jeux vidéo des années 2010 (2012, pour le 1er) plus mature qu’une saga cinématographique des années 80 (1977, pour le 1er). A l’époque, Lucas n’aurait jamais imagé que, 40 ans plus tard, sa création deviendrait une véritable mythologie pour des millions de gens à travers le monde et les générations. Aujourd’hui, elle porte ce legs comme un boulet, un frein à son évolution.
Et puis Star Wars, c’est avant tout des films, qui sont devenus des jeux par la suite. Mass Effect c’est l’inverse : Des jeux, qui pourraient bien devenir un film. On ne raconte pas la même histoire dans un film de 2 heures et dans un jeu de 20 heures…
Il est ainsi plus facile, pour un studio de développement habitué à conter des histoires longues et complexes, dans des univers riches, où les créatifs se comptent par dizaines, de créer un ensemble plus profond et cohérent qu’une série de films, où chaque nouveau réalisateur se base sur l’œuvre de leur illustre prédécesseur en bridant leur créativité.
C’est d’autant plus facile lorsque la saga cinématographique en question, tombe dans l’escarcelle d’une compagnie habituée à faire des dessins animés pour mômes et que, chacune de ses itérations, représente des millions de dollars d’investissements et des milliards de bénéfice. Pas question alors d’en faire une œuvre dissidente, qui se permettrait de bousculer le spectateur. Il faut le faire rêver, peu importe son âge. Il faut le divertir.

star-wars-ix-intro.jpg
Cette image a le mérite de te rappeler que quand t’iras au ciné en décembre prochain, ce sera plus pour voir un remake du Roi Lion qu’un Star Wars…
63071_79_bioware-longer-andromedas-facial-animation-tech_full.png
On aura plus parlé des animations faciales ratées d’Andromeda que du jeu et de ses qualités.

Intrinsèquement parlant, oui Mass Effect est bien plus abouti, bien plus passionnant et bien plus cohérent que Star Wars. Pourtant, ça ne m’empêchera pas d’aller au cinéma en décembre prochain, pour voir la fin de cette troisième trilogie et râler sur l’absurdité de ce qu’est devenue l’oeuvre de Georges Lucas. C’est la grande force de Star Wars : Tout le monde gueule sur la direction prise, mais tout le monde continue d’aller voir ses films, des séries, des jeux et des jouets sortent régulièrement pour abreuver la machine.
La série Mass Effect quant à elle, n’aura pas survécu à de simples animations faciales ratées, pourtant très rapidement patchées.
C’est là toute la différence…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *