NBA 2K10 Vs. Fifa 10 : Le choc des simulations

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A l’heure où la plupart nous ressortent les vieilles comparaisons éculées de Fifa contre PES, sur Polygamer on n’hésite pas à bousculer les codes et mélanger les univers du foot et du basket. C’est quand même le titre de Simulation Sportive de l’année qui est en jeu, merde !

La compète

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Avec le nouveau moteur physique, les contacts sont légions.
Mis à part les MMO sur lesquels des millions de joueurs détruisent leur vie sociale, il n’y a rien de tel qu’un jeu de sport en terme de longévité. Rien que sur Fifa 09, j’ai du passer plusieurs milliers d’heures (grosso modo 500 matchs en 2×6 minutes). Sur NBA 2K9, beaucoup moins, je le reconnais. En même temps c’est compréhensible, car si j’aime le basket, mon sport de prédilection reste le football. Je le pratique d’ailleurs rigoureusement et avec assiduité bien calé au fond de mon canapé, que ça soit sur la console ou devant les matchs à la télé (C’est vrai que ça fait un bail que je n’ai pas touché un ballon… un vrai ballon). Bref, revenons à nos moutons. Le problème quand on se retrouve avec ces deux titres à tester (d’autant plus qu’ils sortent relativement à la même période), c’est que ça vous bouffe un sacré paquet de temps. Bien sûr, j’aurai pu faire deux tests séparés en ayant joué cinq matchs, comme ça se fait un peu partout ailleurs, mais j’ai préféré prendre mon temps pour ne pas fausser mon jugement par quelques errements dû à un manque de pratique et d’expérience. J’ai beau avoir joué aux précédents millésimes, une nouvelle année c’est souvent l’assurance de devoir réapprendre à jouer (même si les bases et automatismes restent évidemment).

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NBA 2K10 fêtait le dixième anniversaire de la licence… en grandes pompes. Au moins du 46 !
Et cette année, l’adage n’est pas tronqué. Que ça soit FIFA 10 ou NBA 2K, pas mal de choses ont changé ; beaucoup de détails, certes, mais des détails qui mis bout à bout, font toute la différence. Bien entendu, je n’évoquerais même pas l’existence de PES ou de NBA Live, tant ces deux jeux sont aujourd’hui à la ramasse en comparaison. Le but est avant tout ici d’analyser les deux meilleurs simulations sportives, dans leur domaine respectif, pour déterminer quelle est LA simu de l’année (parce que bon, on aime ça aussi la compétition, hein ?) mais aussi et surtout pour mettre le doigt sur les forces et faiblesses de chacun et se prendre à rêver qu’un développeur de l’une ou l’autre des licences passe ici et se dise « hummm c’est vrai qu’il n’a pas tort ! Peut-être qu’on devrait lui envoyer un gros chèque pour le remercier de nous avoir mis sur la voie». Car selon moi, ces deux jeux ont tout à gagner à s’inspirer l’un de l’autre…

Nouvelle saison

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Le nouveau système de coups francs personnalisés est bien foutu, mais au final pas très utile.
En attaquant cette nouvelle saison dans la confortable position de leader, les deux titres d’EA et 2K n’ont guère eu à se mouiller. Cela se ressent d’ailleurs très vite. Ces deux ténors ont en effet en commun de s’être appuyés sur leurs acquis ; et notamment Fifa. La plus flagrante des évolutions, dans l’un comme dans l’autre, c’est la prépondérance de la puissance physique. Comme le disait Aimée, les deux protagonistes ont quelque peu musclé leur jeu. Dans Fifa cela résulte par la fin de l’extrême supériorité des joueurs rapides qui trouaient les défenses sur les ailes, par d’avantage de percussion sur les têtes et, de manière plus générale, sur les contacts. Mais, curieusement, cette puissance physique s’en trouve bridée par des arbitres particulièrement pointilleux, qui n’accepteront que très rarement les contacts un peu virulents… à l’anglaise quoi. Mais il faut reconnaitre que c’est tout de même bien agréable de constater que le ballon seul n’a plus le monopole du moteur physique. Chez nos basketteurs, le constat est un peu similaire. Les contacts se font plus courants, plus vigoureux et, pour faire court et clair, on se sent homme dans toute la splendeur de ses testostérones exacerbées. Concrètement, cela amène (un peu paradoxalement c’est vrai), de la vivacité par ces accélérations coup de rein/coup d’épaule et cette prise en charge plus soignée des centres de gravité de chacun. Dans l’un comme dans l’autre des jeux, les joueurs petits, grands, gros ou sveltes ne se diffèrent plus uniquement par leur modélisation graphique, mais aussi par leur maniabilité.

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L’ambiance sur et autour des parquets est exceptionnelle et galvanise dans les grands moments.
Malheureusement, on sent que si des efforts ont été faits pour corriger les errances passées et améliorer certains points perfectibles (ce qui n’est pas négligeable), on a parfois l’impression d’une copie rendue au strict minimum. Les uns comme les autres auraient pu d’avantage se creuser la tête. Et là encore, je pointerais du doigt Electronic Arts qui n’a guère su innover et s’appuient encore et toujours sur des fondamentaux archaïques, datant de la précédente génération. En cause essentiellement, les conditions climatiques. Non contents de nous proposer une météo dépendante des stades et non du calendrier, Fifa 10 semble se complaire avec des pluies et des neiges non évolutives. Pire, les excellentes conditions climatiques d’UEFA 2008 n’ont toujours pas été adoptées ici et au final, mis à part un rendu graphique des plus agréables, on ne verra guère de différence en jeu. Je ne parlerais même pas de la sempiternelle absence d’une quelconque gestion du vent, pourtant absolument indispensable à toute simulation qui se veut pointue. Forcément, NBA 2K n’a pas ce problème, vu que ces frileux de basketteux préfèrent les stades surchauffés (en pantoufles pour pas rayer le parquet) aux pelouses verglacés des footeux. Quelle bande de mauviettes ces grands dadets !

Comme un pro

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les Pays Bas sont enfin de la partie… Fini les Van Nistelboom.
La nouvelle lubie dans les jeux de sports collectifs aujourd’hui, c’est bien entendu ces modes où on ne contrôle qu’un seul joueur, et de préférence son avatar. N’en déplaise à certains (enfin j’en connais surtout un qui fait son rabat joie), cette lubie on l’a doit quand même beaucoup (pour ne pas dire surtout) au « Be a pro » de Fifa (même si la version jap’ de PES, Winning Eleven, proposait quelques mois auparavant, un mode joueur fixe tout pourri et très loin des standards imposés par Fifa). On s’attendait donc, avec ce millésime 2010, que la licence d’EA repousse encore l’expérience au-delà de nos espérances. Et finalement, le bilan est là encore un peu mitigé. D’un coté, il y a du positif… beaucoup de positif. La possibilité d’uploader sa tronche sur le serveur avant de l’importer dans son jeu par exemple (enfin quand ça veut fonctionner). Mais surtout, une évolution du joueur particulièrement intelligente, car dépendant principalement de ses actions et performances. Ainsi, le joueur nouvellement crée se positionnera dans une certaine gamme, en fonction de sa place sur le terrain et de sa morphologie, puis chaque point de compétence gagné, se fera pas le biais des gestes réalisés en matchs ou en entrainement… et ce peu importe le mode de jeu. Ainsi, un joueur altruiste améliorera d’avantage ses compétences en passes, quand un pur attaquant aura d’avantage l’occasion de s’aguerrir en tir ou en finition, en réalisant ciseaux, bicyclettes, têtes plongeantes et autres acrobaties à faire pâlir de jalousie notre bon vieux JPP. Malheureusement, cette bonne nouvelle se voit aussitôt pondérée par un mode complètement à la ramasse, s’étalant encore une fois sur quatre pauvres années sans saveur, avec une courbe de progression toujours trop forte à mon goût. Bref, une saison Be a pro quasi copiée collée à la précédente (cachez votre joie). De plus, avec un joueur importable dans tous les autres modes, y compris la carrière, je ne vois plus vraiment l’intérêt d’un Virtual Pro (c’est le nouveau nom du Be a pro)… autant proposer de jouer en position fixe dans le mode carrière, ça irait plus vite et serait mieux fini.

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Ils ont encore trouvé le moyen de rendre les lancers francs plus chauds à mettre qu’avant.
Pour la première fois cette année, NBA 2K10 proposait lui aussi son mode « pro », baptisé Mon Joueur (gros brainstorming chez 2K pour trouver ce nom). Et pour une première, il faut admettre que ça a de la gueule. Lui aussi n’est pourtant pas exempt de reproches. A commencer par cette progression obsolète, toujours basé sur des points d’XP à répartir selon diverses (et nombreuses) capacités comme le tir de près, tir enchainé, contre, rebond offensif, défensif, lucidité, vitesse, puissance, lancer franc, dribble mauvaise main, et j’en passe et des meilleurs. Ainsi, alors que Fifa fait évoluer votre joueur en fonction de vos actions, ici vous pourrez toujours dépenser vos points pour améliorer votre capacité en rebonds, même si vous n’en faites pas un du match et que vous mesurez 1m20. C’est d’autant plus rageant, que NBA 2K propose, lui, ce qu’on attendait de la simu de foot d’EA Sports, à savoir des ateliers d’entrainements spécifiques. Bien sûr, en obtenant l’or sur ces ateliers, vous obtiendrez un bonus en rapport avec ce dernier, mais rien ne vous empêche par contre de dépenser les points gagnés en tir, dans la capacité interception ; une aberration ! Ceci mis à part, ce mode est tout simplement exemplaire, de part sa progression très lente (peut-être un poil trop d’ailleurs) qui vous fera passer de longs moments sur le banc de touche, dans une équipe de division inférieure, avant de pouvoir avoir la joie d’apporter le Gatorade aux stars de la NBA. Bien entendu, ce qui est possible ici, dans une équipe de basket composée de 5 joueurs et proposant des remplacements quasi infini, n’est pas forcément applicable au football et ses 11 pèlerins courant sur grand terrain avec trois remplacements max par match. Mais il y a de l’idée qu’il serait bon de reprendre dans la future itération.

Télé amateur

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Les gardiens sont plus réactifs, trop réactifs parfois même, mais ça ne les empêche pas de cumuler les boulettes. Rageant…
Si le gameplay est d’une importance capitale dans un jeu vidéo, et à fortiori dans une simulation sportive, il y a un autre point qui me semble essentiel pour favoriser l’immersion et galvaniser les foules. C’est la réalisation ! Je ne parle pas ici de qualité graphique pure. Personnellement je m’en cogne des textures ou que les plombages de Ronaldo soient modélisés dans le jeu. Non, par contre ce que j’attends d’un jeu de sport, c’est de retrouver les sensations d’une retransmission télé. Et là, si NBA 2K10 est juste irréprochable, c’est encore loin d’être le cas de Fifa, qui stagne sur sa vieille formule des années 90 sans jamais se remettre en question. C’est à se demander s’ils ont déjà vu un match de foot à la télé. Ce que j’attends d’un jeu de foot, c’est une réalisation pêchue, des plans dynamiques, sur les remplaçants qui s’échauffent, sur le coach qui vocifère, sur les joueurs qui se remotivent ou s’engueulent. J’attends aussi du public qu’il soit plus réactif, qu’il soutienne son équipe dans les moments chauds, qu’il s’époumone en entamant des chants barbares, voire qu’il se casse en cours de partie. Mais là rien, c’est l’encéphalogramme plat. Les séquences d’entrée sur le terrain sont banales, les ralentis sont mal fichus et encore trop souvent mal choisis (montrer une passe en retrait et pas une frappe sur l’arrête, y a que Fifa qui sait le faire !) et le public reste inlassablement le même durant chaque match… sans une seule petite variation dans le taux de remplissage du stade. Pourtant je ne suis pas certains que les nantais remplissent La Beaujoire ces dernières semaines.

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Toutes les petites animations et séquences en dehors du jeu renforcent le coté retransmission télé.
Bon, c’est vrai que lorsque je me relis comme ça, j’ai l’air d’en avoir gros sur la patate et de considérer Fifa 10 comme un mauvais jeu. Mais en fait pas du tout… je crois surtout que la passion et la déception qui résulte de l’absence d’éléments que j’attendais par-dessus tout, m’ont rendu quelque peu amer. Mais si Fifa 09 pouvait être considéré en son temps comme le meilleur jeu de foot jamais réalisé, Fifa 10 le surclasse de la tête et des épaules et s’approprie très logiquement le titre. J’apprécie notamment le fait que les écarts se réduisent entre les joueurs de différents niveaux. Les piquettes, et de manière générale, les gros scores, se font plus rares ; ce qui est particulièrement plaisant en multi. Le jeu physique est jubilatoire, tout comme les dribbles bien plus agréable, notamment grâce aux fameux déplacements à 360°. Toutefois, puisque comparaison il y a, il faut bien admettre que, comme l’an passé, NBA 2K reste LA simulation sportive incontestée, tant elle maitrise son sujet dans quasiment tous les domaines. Le millésime 2010 n’est pas parfait bien entendu, mais ses défauts sont si minimes en comparaison de ses qualités qu’il serait bien mal venu de les prendre sérieusement en considération. Alors forcément, d’aucun me diront qu’il est plus facile de faire un jeu de basket qu’un jeu de foot. Oui et non. C’est sûr que seulement 10 joueurs et un terrain trois ou quatre fois plus petit, ça facilite les choses. Mais que ça soit dans la précision de son gameplay, la mise en scène des rencontres, la justesse de ses graphismes et des ses animations ou la complexité de ses modes de jeu, NBA 2K10 force le respect. Et en tant que fan de foot, je ne peux que supplier EA d’y jouer, pour en tirer les conclusions qui s’imposent et faire avancer Fifa au-delà des simples, mais néanmoins indispensables corrections de gameplay.

Un seul verdict pour deux jeux, tant ces deux titres dominent leur sujet de la tête et des épaules. Alors bien sûr, Fifa remporte mon prix du cœur car je suis plus foot que basket (quoi qu’en ce moment ce serait presque le contraire). Mais, objectivement, lorsqu’il s’agit de réalisme, NBA 2K10 met une petite pilule à Fifa… ça devrait les inspirer du coté d’EASports.

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