Feu, le roi Big L

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Comme Tupac ou Notorious B.I.G. avant lui, Big L fait partie de ces rappeurs rois décédés tragiquement dans la fleur de l’âge.

001-801.jpgSi aujourd’hui nombre de rappeurs sont de plus en plus cantonnés à devenir des produits marketing, de simples Lady Gaga ou Céline Dion underground, cela n’a pas toujours été le cas.

Durant les années 90, l’âge d’or du rap, les artistes venaient de la rue et retournaient à la rue.
Ils étaient les témoins d’une société violente et castratrice, qu’ils dénonçaient avec tout autant de véhémence. C’était l’époque où la conscience collective existait encore et où la contestation n’avait pas encore été étouffée par la sacro-sainte consommation et l’idolâtrie de la télévision.

Pour moi, les plus grands rappeurs viennent de cette époque, même si certains d’entre eux ont depuis vendu leur âme à MTV.
Avec son flow carré et précis, et ses instru sans artifice, Big L est selon moi l’un des meilleurs représentants de cette génération, d’un rap aujourd’hui révolu.

Membre du collectif Diggin’ in the Crates (D.I.T.C.) avec entre autres, Fat Joe et O.C., la carrière de Lamont Coleman, aka Big L, s’est arrêtée le 15 février 1999, tué de 9 balles à la tête et au torse. Il n’avait alors que 24 ans.

Le tireur n’a bien entendu jamais été arrêté et, c’est plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de penser que s’il avait été blanc et avait vécu à Manhattan, il en aurait été tout autrement.
Mais bon, Big L est né à Harlem, est mort à Harlem, dans ce fameux quartier nord qu’on appelait alors, et pas pour rien à priori, la « Danger Zone ».

002-775.jpgDe son vivant, Big L n’aura sorti qu’un seul album, Lifestylez ov da Poor & Dangerous (1995), dont les ventes ne décolleront jamais malgré les nombreux prix et critiques élogieuses décernés à l’encontre, notamment, de ses textes incisifs.

Toutefois, un deuxième album enregistré de son vivant, verra le jour post-mortem ; c’est peut-être même son meilleur selon moi : The Big Picture (2000). Par la suite, en 2010 et 2011, d’autres verront le jour, compilant des morceaux retrouvés à droite à gauche, mais on ne peut pas vraiment appeler ça des albums. Même ceux de son crew, D.I.T.C., ne sortiront qu’après sa mort.

Au chapitre des featuring les plus fameux, on notera bien sûr ceux de ses potes de D.I.T.C., à commencer par Showbiz ou Lord Finess à la production, mais aussi Jay-Z (dont un freestyle mythique), DJ Premier, Guru, Sadat X ou Big Daddy Kane. Une belle brochette parmi les plus grandes pointures de l’époque.

Sachez enfin qu’un film documentaire sur lui, baptisé Street Struck: The Big L Story, et réalisé par l’un de ses amis d’enfance, devrait sortir cette année.

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