Fallout 3 : Une vie après l’Apocalypse

7

S’attaquer à une licence mythique lorsqu’on n’en est pas le studio créateur n’est pas une mince affaire. Mais Bethesda n’est pas n’importe qui non plus. Alors comment est-elle cette vie après l’apocalypse ?

Renaissance

001-224.jpg
Washington a pris cher… résultat, les immeubles se sont écroulés partout et privent de toute liberté de mouvements.
L’entrée en matière dans Fallout 3, c’est tout un symbole ! Car, au même titre que la licence Fallout, c’est une renaissance au sens littéral du terme à laquelle le joueur assiste ; SA renaissance. En effet, toute la première partie, tutoriel du jeu, se passe durant l’enfance du héros (ou de l’héroïne) ; à commencer par son arrivée au monde où le joueur pourra déterminer son sexe et son visage futur. Par la suite, les fameux S.P.E.C.I.A.L. et Pipboy s’introduiront de façon tout aussi originale jusqu’à ce que votre personnage soit clairement défini et puisse se lancer dans un monde sauvage et sans pitié. Et justement, la définition de son personnage était précisément l’une des grandes forces de la série, c’est donc avec enthousiasme qu’on découvre que ces principes restent inchangés. Après avoir choisi son sexe et modélisé son visage, on passe alors aux caractéristiques de bases en partageant ses points entre la force, l’agilité, le charisme, la chance et l’intelligence. Ces cinq points sont les fondations qui détermineront comment votre personnage progressera dans l’aventure.
002-220.jpg
Dans le Wasteland, on est plus libre de ses mouvements… mais qu’est ce qu’on cavale, putain !
Mais ce n’est pas tout, puisqu’une fois ceux-ci répartis, vous passerez par un questionnaire type Q.C.M. pour déterminer vos facultés dans différents domaines (maniement des armes légères ou lourdes, capacités au corps à corps, en science ou médecine, dans le vol ou encore vos talents d’orateurs et j’en passe). Enfin il ne restera qu’à choisir son premier « perk », vous conférant des bonus bienvenues comme réussir plus aisément des coups critiques, être transcendé lorsque vous affrontez un adversaire féminin, être un as de la bricole pour trafiquer vous-même vos armes, etc. Bref, aucun doute là-dessus, nous sommes bien en présence d’un RPG dans toute sa splendeur !

003-213.jpg
Le PiPBoy est vraiment très agréable à utiliser et dans la parfaite lignée de la série.
Tout comme pour ses illustres prédécesseurs, Fallout 3 vous fera débuter l’aventure bien au chaud dans votre abri antiatomique, ignorant tout de ce qui se passe dehors. Car par le passé, une guerre nucléaire a ravagé la planète et, contrairement à toutes les prédictions qui ont pu être faites, il ne s’agissait là en rien de la fin du monde ; juste un changement d’ère… et d’air ! Car les principales conséquences de cette guerre, outre la destruction des infrastructures et la mort de milliards d’êtres vivants, sont les mutations opérées par les taux de radiations élevés. Mais alors que l’atrocité du conflit aurait du annihiler toute agressivité sur les rescapés de cet holocauste, c’est tout le contraire qui se produisit. Le monde tel qu’on le connaissait a disparu, entrainant dans sa chute toutes les valeurs civiques acquises au fil de notre histoire, ne laissant dans son sillage que barbarie et cruauté. C’est ce monde auquel vous allez être confronté en sortant de l’abri.
010-102.jpg
La confrérie de l’acier seront toujours très amicaux avec vous… même si votre Karma est au plus bas.
Un monde glauque au possible qui rend chacun de vos pas plus lourd que le précédent et vous plonge dans un état d’angoisse permanente et de pessimisme profond. Il faut dire que tomber nez à nez avec des super-mutants armés de gatling-gun dévastatrices au coin d’une rue, ou vous retrouver au milieu d’une rixe entre une bande de pirates et un béhémoth de cinq mètres de haut, ça n’engage pas à l’optimisme. L’objectif principal de ce Fallout sera donc avant tout votre survie.

Pseudo liberté

004-202.jpg
Le jeu est gore… vraiment gore.
Bien entendu, le titre se pare d’une trame scénaristique principale qui passe par les secrets de votre paternel et les espoirs d’un monde à l’agonie. Une histoire des plus classiques qui, il faut l’avouer, ne nous passionnera pas outre mesure. L’appréciation du jeu tient alors bien plus de son ambiance particulièrement réussie, que de son scénario convenu. Heureusement, outre les missions relatives à cette quête, on a accès à toutes sortes de missions annexes pour lesquelles il existe bien souvent différentes façon de parvenir à ses fins. Certaines missions pourront même être réussies sans même avoir été commencées, en mentant tout simplement à notre commanditaire si notre niveau d’éloquence est suffisamment élevé. Un excellent moyen de gagner de l’expérience sans trop se fatiguer, vous en conviendrez. Ces missions annexes sont particulièrement variées et vous envoie régulièrement à l’autre bout de la carte. Les voyages sont donc longs et incessants et on en viendra à déplorer l’absence de véhicules. D’autant plus que ces trajets à travers le Wasteland n’ont rien de bien passionnant et se résument avant tout à avancer droit devant en éliminant rats mutants et pirates particulièrement mal équipés. Bref, à part user les munitions et peut-être un ou deux stimpack pour se soigner, ils n’apportent pas grand-chose. Heureusement, une fois certains sites particuliers découverts, il sera possible de s’y rendre directement sans se taper toute la balade à pinces. L’autre particularité gênante de ces voyages interminables, se situe dans les trajets à effectuer dans Washington et sa périphérie.
005-183.jpg
Et quand je dis gore, je veux vraiment dire gore… avec un grand G !
Car outre le fait que les bandes de pirates inoffensifs y sont remplacés par des super-mutants et autres centaures, ces trajets sont bien souvent obstrués par des bâtiments en ruines bloquant toute progression, nous forçant à passer par les réseaux désaffectés du métro ou en passant par des bâtiments labyrinthiques bien souvent infestés d’ennemis. Ainsi, on passe beaucoup de temps à tourner en rond et à progresser au petit bonheur la chance tant la carte est mal foutue et illisible au possible. La liberté de mouvements qui nous était offert dans le wasteland se réduit alors à une sorte de donjon-couloir géant des plus frustrants.

006-167.jpg
Cibler différentes parties ne sert finalement pas à grand chose vu qu’une jambe arrachée provoque la mort immédiate de votre adversaire.
Outre ces problèmes d’orientation, le jeu souffre de nombreux bugs et incohérences, à l’image de ce qu’on avait pu voir dans les différents Elder Scrolls. Ainsi, il ne sera pas rare de voir certains ennemis léviter curieusement ou se retrouver coincés dans leur progression par un simple caddie de supermarché. Bon, je sais que les Super-mutants n’ont pas l’air bien fins d’esprit, mais de là à ne pas faire valser un caddie, ou au moins en faire le tour, faut peut-être pas pousser. Je me suis même retrouvé coincé dans une quête parce que le PNJ censé me fournir les informations me permettant de continuer avait curieusement disparu. Heureusement, il y a toujours des moyens détournés de parvenir à ses fins et j’ai pu m’en sortir sans avoir à recommencer le jeu du début… mais quelle angoisse ! Concernant les incohérences, il s’agit surtout de problèmes par rapport à nos agissements.
011-88.jpg
On commence l’aventure à notre naissance, puis le tuto se poursuit à dix et seize ans avant de pouvoir sortir de l’abri à 18.
Ainsi, je me suis retrouvé au milieu d’une fusillade en plein saloon et décapité mon adversaire d’un simple coup de fusil à bout portant. Une scène d’une barbarie sans nom qui n’a pas eu l’air de gêner la population locale puisque le barman continuait de trifouiller sa radio, la pute de faire le tapin et les paysans du coin de siroter une petite mousse accoudés au zinc. Pire, les cadavres décapités et délestés de tout leur attirail gisent indéfiniment sur le sol du saloon sans que personne ne les évacuent. Sans compter les personnages clés de l’aventure qui se relèvent comme par magie lorsqu’ils se font défoncer la tronche par un Béhémoth. Ça commence à faire beaucoup…

A la ramasse

007-150.jpg
Certains mercenaires accepteront de vous aider si votre karma correspond à leur état d’esprit.
Désormais Fallout se joue à la première personne, et même s’il est possible de passer à la troisième, on évitera de le faire si ce n’est pour se marrer à pleine dents de la pauvreté des animations du héros. Une pauvreté dans les animations assez récurrente d’ailleurs tant les déplacements et actions des différents protagonistes rencontrés sont ridicules. On retrouve également les mécanismes de dialogues d’Oblivion, et il faut avouer qu’ils font terriblement tâche quand on a joué à Mass Effect. Mais malheureusement, de FPS, Fallout n’en a que le nom. Il s’agit en effet d’une vue à la première personne, mais certainement pas d’un FPS tant les possibilités sont limitées. Un saut à la verticale nous ramenant aux prémices du genre sur nos PC 486, le tir, le rechargement et c’est à peu près tout. Bon ok, il s’agit d’un RPG, mais dans ce cas faudrait qu’on m’explique ces points d’actions qui remontent plus vite que la jauge de vie virtuelle de Gears of War. D’autant plus que contrairement aux précédents volets, ces points d’actions ne sont absolument pas affectés par vos déplacements qui pourront se faire sans aucune restriction. Reste le V.A.T.S. tant décrié dans de si nombreux tests. Pour ma part, je dois avouer que j’ai beaucoup aimé.
008-139.jpg
Le crochetage de serrure rappelle un peu celui de Splinter Cell.
C’est peut-être même l’un des points les plus appréciables à mon sens. Le principe c’est de mettre le jeu en pause et de viser une partie spécifique de vos ennemis. Cela permet de vous sauver les miches lorsqu’il y a du monde face à vous, pour pouvoir viser plus précisément tel ou tel ennemi. Mais je comprends que ce système puisse être décrié tant il s’avère répétitif. Car si on peut effectivement viser telle ou telle partie de votre ennemi, au final on passera surtout son temps à viser la tête pour la faire exploser dans une gerbe de chair et d’hémoglobine des plus jouissives.

009-125.jpg
Bienvenue dans Oblivion… euh pardon… Fallout 3 !
Toutefois, même si je reconnais que je ne fais quasiment que casser du sucre sur son dos depuis le début de ce test, j’avoue que ce Fallout 3 m’a quand même bien plu. Alors attention, rien qui ne puisse placer le titre de Bethesda au panthéon des jeux du genre, ni même parmi les meilleurs titres de cette fin d’année, mais il reste un bon jeu sympathique qui, passé la déception des errances un peu trop nombreuses, réussi à accrocher le joueur. Comme quoi un univers bien construit suffit parfois à faire d’un jeu moyen, un jeu attractif. Un tour de force qui n’en est d’ailleurs pas vraiment un étant donné que l’univers en question n’est pas signé Bethesda, mais BlackIsle, les créateurs de la saga. Bref, Fallout est buggé de partout, incohérent au possible, pas très joli, répétitif et parfois même ennuyeux. Pire, là où les deux premiers opus étaient satiriques et acerbes, Fallout 3 se prend lui très au sérieux… trop au sérieux même. Un constat qui en amène un autre : Le fait que les jeux vidéo ne sont plus aujourd’hui destinés aux fans, mais à un grand public de plus en plus friand de kill kill bute bute basique.
012-84.jpg
Ce bar représente à mes yeux tous les bugs et incohérences du jeu.
Et comme le grand public a le Q.I. d’un melon un peu trop mûr, on évite de leur servir du second degré. Lorsqu’on a compris ça, on comprend pourquoi Fallout a tant dérivé et on finit par l’accepter pour ce qu’il est : Un bon petit jeu de rôle post-apocalyptique qui nous fait passer autant de bons moments que de mauvais. Donc si vous comptiez vous l’acheter, laissez-moi vous donner ce conseil : Oubliez qu’il s’appelle Fallout !

Malgré bugs et incohérences, Fallout 3 réussit son pari de faire revivre une licence jusqu’alors disparue, même s’il n’a pas le coté provocateur et caustique de ses illustres ancêtres. L’industrie serait-elle devenue trop sérieuse ?

7 Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *