Destiny, pour un demi-milliard t’as plus rien

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Oui je sais, Destiny est sorti il y a longtemps maintenant, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de faire un raid, LA feature la plus intéressante du jeu. Maintenant que c’est chose faite, je peux enfin vous en parler.

Bis Repetita

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Les trois classes disponibles : Chasseur, Titan et Arcaniste
Développeur historique de Microsoft, créateur de la licence Halo, Bungie avait surpris tout le monde en 2007, en quittant le constructeur américain pour s’acoquiner avec Activision. Si on ne connaîtra sans doute jamais les raisons qui ont poussé le studio à partir, on pouvait vraisemblablement penser qu’ils s’étaient lassés de leur saga emblématique. On pouvait également se demander si le rythme et les échéances imposés par la firme de Redmond ne leur pesait pas trop. Et puis, toutes nos supputations sont tombées à l’eau. D’abord quand ils ont annoncé s’être associés à Activision, éditeur loin d’être connu pour sa bienveillance et son empathie. Ensuite, lorsqu’ils ont annoncé Destiny, une sorte de Halo à la limite du plagiat parfois (mais peut-on parler de plagiat lorsqu’on se copie soi-même ?), sans Masterchief. Mais qu’importe, redevenus (presque) indépendants, le studio allait enfin pouvoir se lâcher avec leur Halo-like, et les premiers échos donnaient même l’illusion que Destiny serait un MMO… ou du moins, qu’il en reprendrait les fondations. A l’arrivée, ce ne sont pas les fondations du MMO qu’ils ont repris, mais seulement la première pierre. Je m’explique…

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Graphiquement, le jeu est plutôt propre, même s’il abuse du blur.

Activités

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Vous passerez presque plus de temps sur cet écran que sur l’intégralité du jeu. Vous l’aurez compris, il s’agit de l’écran de chargement !
Destiny est un jeu censé mêler solo et multi dans un seul et même mode ; du moins c’est comme cela qu’il était annoncé. Au final, c’est surtout un jeu coop’ avec un semblant de scénario pour justifier des joutes où la subtilité n’a cure. Pour un jeu qui s’annonçait comme un MMO, la première surprise fut d’apprendre qu’il ne se jouerait qu’à trois joueurs en simultané, soit moins que Borderlands, Left 4 Dead ou… Halo: Reach, pour ne citer qu’eux. Certes, il est possible d’y jouer à six, lors des raids, mais ces raids en question manquent singulièrement de contenu. En effet, dans le jeu de base (comprenez DLC exclu), il n’existe qu’un seul raid. Et pour y participer, il faut atteindre le niveau 26 (le niveau 30 étant le maximum, 32 avec le DLC). En sus de ce raid, le jeu propose une vingtaine de missions plus ou moins scénarisées et une demi-douzaine d’Assauts (un peu comme un raid, mais en plus court et à trois joueurs seulement). Enfin, il existe quatre missions bac à sable correspondant aux quatre planètes proposées (enfin trois plus un satellite) : La Terre, Mars, Venus et La Lune. Ici, les joueurs sont lâchés par escouades de trois maximum, sur un gigantesque terrain de jeu où ils pourront accomplir, en théorie, moult activités différentes. En théorie seulement, car en pratique, ces missions se ressemblent toutes : Se rendre à un endroit X et tuer tout le monde jusqu’à atteindre 100% de complétion. De temps à autre, un événement aléatoire se déclenche, et tous les joueurs présents sur la map s’activent pour l’achever. C’est à peu près tout. Avouez que pour un jeu qui se prend pour un MMO, ça fait un peu (beaucoup) léger, non ?

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On nous promettait de voyager à travers l’espace… on se sera bien foutu de notre gueule.

Asocial

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La Tour, vous y viendrez souvent… très souvent. Vous n’y ferez rien… quasiment rien.
Outre les activités, l’autre point fort des MMO c’est l’interaction sociale entre les joueurs. Dans Destiny cette interaction sociale se limite à regarder la fiche de personnage des autres joueurs. Rien de plus. Impossible de vendre/s’échanger objets, armes ou argent, impossible de créer une guilde digne de ce nom (on peut créer un clan, mais ça n’apporte absolument rien). Pire, il n’existe qu’un seul et unique lieu de rendez-vous pour les joueurs : Une cité dont la taille ridicule n’a d’égal que l’absence de choses à y faire. On y trouve bien une boutique d’armes (qui vend des flingues obsolètes), une boutique de vaisseaux (qui n’ont d’autre intérêt que l’esthétique) ou encore un fournisseur de contrats, pour gagner de l’XP en effectuant des actions bien spécifiques, mais c’est à peu près tout. De temps en temps, une zone inaccessible auparavant s’ouvre pour quelques jours, le temps d’y accomplir quelques contrats supplémentaires. Enfin, « de temps en temps » je m’avance un peu : En réalité ce n’est arrivé qu’une seule et unique fois. Car là encore c’est la grande différence entre Destiny et un MMO : Il n’y a absolument aucun suivi. Aucune mise à jour apportant du contenu supplémentaire. Pire, le DLC vendu 20 euros (soit le tiers du prix total du jeu), propose trois pauvres missions et un seul raid. Soit la plus grande arnaque en matière de contenu payant, depuis l’armure de cheval d’Oblivion. Et quand on sait que le contenu originel de Destiny est famélique, on ne peut que s’interroger sur le bien fondé de ce départ du studio, vers ce qui est sans doute à l’heure actuelle, et depuis de nombreuses années, le pire éditeur de jeux vidéo de l’histoire.

« Un plagiat ? Non, un hommage » – Arthur

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Voici un AT-TE… non, un Scarab… Euh non, un Devil Walker.
Côté design, Bungie a sans doute ressorti ses vieux artworks d’Halo tant les similitudes sont flagrantes… limite gênantes même. Mais force est de constater que ça fonctionne plutôt bien. Le studio joue même sur la fibre geek en nous gratifiant de nombreux véhicules très largement inspirés de StarWars (Devil Walker vs AT-TE, Passereau vs Speeder bike…). D’ailleurs, puisqu’on en est à parler de « l’inspiration » de Bungie, sachez que de très nombreuses (et encore plus gênantes) similitudes existent avec le free to play des canadiens de Digital Extremes, Warframe. Mais si on ferme les yeux sur ce manque de créativité, on se retrouve face à un univers plutôt cohérent et très accrocheur (vous me direz, ça commence à faire beaucoup de choses sur lesquelles fermer les yeux). Et comme le gameplay pur est plutôt soigné, avec trois classes différentes possédant chacune deux arbres de compétences distincts (bon ok, l’Arcaniste est un peu cheaté par rapport aux deux autres à priori…) et pléthore de pétoires bien classieuses, ça marche encore mieux. Moi en tout cas, passé la déception de voir un pseudo MMO être moins orienté multi que n’importe quel FPS coopératif, j’ai plutôt bien accroché. J’ai accroché pour de multiples raisons : L’univers d’abord, qui me plait bien (je suis très friand de Sci-Fi pure en même temps). Le gameplay, importé directement (ou presque) d’Halo et donc éprouvé depuis de nombreuses années. Et enfin le challenge, puisque malgré une répétitivité accrue par un contenu misérable, la lassitude s’efface devant différents niveaux de difficulté parfaitement maîtrisés.

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Les armes comme l’équipement peuvent être améliorées.

Victime de la mode

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Les raids, ou plutôt LE raid, est quand même bien sympa. Dommage qu’il y en ait qu’un, justement.
Bref, c’est d’autant plus rageant de voir Bungie se planter à ce point qu’à mon sens, Destiny semblait taillé pour s’imposer et en imposer aux joueurs de cette maudite nouvelle génération. Il lui aurait suffit de s’inspirer d’avantage d’un Guild Wars, de proposer d’avantage de contenu et d’autoriser des escouades un poil plus larges. Au final, comme nombre de ces congénères, Destiny est sans doute sorti trop vite, sur une génération de console prématurée… du moins, du point de vue du joueur. Car d’un point de vue business, sans doute pas. En effet, il ne vous aura pas échappé que PS4 comme Xbox One ont un catalogue plus ridicule encore que celui de feu la Lynx d’Atari. Dès lors, pour un studio renommé, sortir un FPS futuriste, même bâclé, est l’assurance d’assurer la pérennité d’une nouvelle licence, faute de concurrence. De plus, le gamer ayant une mémoire de poisson rouge et l’immuabilité des convictions d’un politicien, il y a fort à parier que ceux qui crachent aujourd’hui dans la soupe soient parmi les premiers à pré-commander Destiny 2. Si à cela vous ajoutez la puissance de la machine promotionnelle d’Activision, vous comprendrez aisément que la licence ne devrait pas avoir trop de mal à s’installer sur le long terme. Pour résumer, le jeu est bâclé, l’univers est plagié, les promesses foulées du pied et les joueurs arnaqués ; malgré tout, et sans pouvoir l’expliquer objectivement (si ce n’est peut-être pour justifier l’achat d’une console sans ludothèque) j’ai vraiment beaucoup aimé. Les voies du jeu vidéo sont définitivement impénétrables !

Contenu additionnel

Je suis arrivé à la fin de cette critique, et je m’aperçois que j’ai oublié de vous parler d’un truc : Le multi compétitif ! Donc, à la manière d’Ubisoft et consort, je me fends ici d’un contenu additionnel pour vous proposer ce qui aurait du être dans le texte originel. Au moins, moi j’ai la décence de ne pas vous le faire payer !

Contre toute attente, le versus de Destiny est une vraie merde déception. On parle quand même de Bungie, les maîtres et précurseurs en matière de FPS compétitifs sur consoles. Loin d’être aussi fun, ni aussi exigeant que Halo, les différents modes PvP sont d’une banalité affligeante et presque aussi excitants que Nadine Morano en string. Je ne sais même pas si l’équipement exclusif à ce mode vaut le coup… En vérité même, je m’en fous. Hors de question de me cogner des heures d’ennui sans borne pour gagner un flingue, aussi classe soit-il.

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