Assassin’s Creed Unity, La Nalyse

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Victime du plus gros « bad buzz » jeux vidéo de ces derniers mois, le nouvel Assassin’s Creed mérite t-il qu’on lui fasse autant caca dessus ?

La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)

Je vous l’introduis tout entier

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On commence gamin, à Versailles.
Dans la famille Assassin’s Creed, un épisode sur deux (voire parfois sur trois) est authentifié comme épisode majeur. C’est-à-dire un épisode qui fut développé en plus de deux ans et qui implémente plein de nouvelles idées qui viennent ramener la licence sur le devant de la Seine scène. Assassin’s Creed Unity en fait partie avec ses quatre années de taff derrière lui et une sortie exclusive aux machines de nouvelle génération. Ubisoft en profite au passage pour s’affranchir de toute numérotation pour que le grand public ne se sente pas larguer. Il faut dire qu’avec un épisode annuel, sans compter l’épisode Libération conçu à la base pour la Vita, ni le stand-alone en DLC d’Adéwalé pour Black Flag, nous en sommes au septième Assassin’s Creed en sept ans…

Le pitch dans ta potch

Un père assassiné en plein palais de Versailles, le père de sa meuf assassiné au même endroit mais quelques années plus tard. Arno Dorian est du genre veinard, d’autant qu’il est accusé à tort du dernier meurtre et envoyé en taule à la Bastille en plein 14 juillet 1789… L’occasion de rencontrer son futur mentor qui l’engrainera dans la confrérie des assassins dont il va se servir pour mener à bien sa quête vengeresse.

Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)

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Arno sera bien vite confronté à la mort. En même temps il avait qu’à vivre à un autre siècle.
Autant plier tout de suite l’affaire pour passer à autre chose, Assassin’s Creed Unity est foutrement buggué, oui, c’est un fait. Je n’ai pas vu autant de clipping dans un jeu depuis les GTA sur PS2 qui eux, au moins, poussaient la bécane dans ses derniers retranchements. Et encore le clipping ça n’empêche pas de jouer, tandis que les bugs d’escalade, si. Les bugs de son et d’I.A. également. A croire que quatre ans n’ont pas suffit à Ubisoft pour finir leur titre. Parce que le drame c’est bien que le jeu n’est pas fini (ou alors à la pisse). A l’heure où j’écris ces lignes, un patch sort toutes les semaines et Ubisoft s’est excusé publiquement en proposant pour se faire pardonner un DLC gratuit pour tous (Dead King, qui était visiblement fini dès la sortie du jeu mais qui devait être payant…) (et qui sortira début 2015) ou un jeu gratos de leur catalogue récent pour ceux qui auraient acheté le season pass. Ce qui me chagrine encore plus là-dedans c’est que Assassin’s Creed 3 subissait déjà les mêmes problèmes mais qu’il ne s’est pas autant fait tacler dans la presse et sur les forums. Alors bon, mieux vaut tard que jamais, et si ça peut faire prendre conscience à Ubi que se foutre de la gueule des joueurs n’est pas une bonne chose tant mieux. Mais ils avaient déjà fait le coup et c’était passé tranquille, souvenez-vous. D’ailleurs il existe toujours ce bug de manque de cohérence entre cinématiques et phases temps réel. C’est beaucoup moins prononcé mais il arrive toujours que notre perso porte une arme en cinématique que l’on n’a pas en jeu. Je chipote pour le coup, parce que par rapport au bordel flagrant du 3 ce n’est rien du tout.

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Les intérieurs à Versailles sont plutôt jolis, bien entendu.

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Arno, adulte.
Ce sont presque (j’ai dit presque) les seules catastrophes d’Unity qui est à ce jour le meilleur épisode de la série pour tout un tas de superbes raisons. Déjà, il est quand même beau, voire très beau. Il propose bons nombres d’intérieurs modélisés dans lesquels on pourra se balader librement. Son ambiance est remarquable. Et je n’ai jamais vu de ma vie autant de personnages apparents à l’écran. C’est bien simple, je n’ai jamais autant eu l’impression de graviter dans une ville aussi vivante, dont les rues sont pleines à craquer de gens qui vaquent à leurs occupations. A chaque épisode principal, Assassin’s Creed pousse cet aspect qui atteint ici son paroxysme. C’est vraiment hyper agréable et bluffant. Malheureusement, on se tape en contrepartie non seulement des bugs mais aussi d’énormes temps de chargement à chaque mort ou chaque fin de missions. Mais c’est plus dû au foutage de gueule d’Ubi qu’à quelconque problème de performance des machines actuelles si vous voulez mon avis. Toujours est-il qu’Unity va rester quelques petites années je pense une référence en terme de modélisation de ville d’un point de vue vie à l’intérieur. Ils ridiculisent tout ce qui s’est fait jusqu’ici.

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Plusieurs courses poursuites au milieu de la foule sont à prévoir, comme d’hab’.
Et ils en ont profité pour enfin donner aux missions ce qui était visé dès le premier épisode : de véritables multiples approches pour chaque assassinat que l’on va planifier soi-même, en ayant la possibilité de jouer à fond l’infiltration. On peut enfin se baisser manuellement en plus de se plaquer contre les murs et donc être parfaitement discret. Mais Ubisoft est ce qu’il est et pour des idées qui renforcent l’immersion ils en enlèvent une autre : on ne peut plus cacher les corps. Un comble pour l’épisode qui s’y prête le plus puisqu’on passe son temps à jouer les fantômes. En tout cas, je me tue à répéter qu’un Assassin’s Creed vaut véritablement le coup lorsqu’on se force à le jouer infiltration, c’est d’autant plus vrai avec Unity qui nous en donne les pleines possibilités. Jouissif, même si, encore et toujours, les bugs d’I.A. et d’escalade viennent entacher quelques passages.

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Paris entourée de verdure à quelques kilomètres à peine. Une image qui en fera fantasmer plus d’un.
Et pourtant l’escalade avait elle aussi été repensée sur de bonnes bases avec une combinaison gâchette bouton pour la grimpette, et une combinaison gâchette autre bouton pour rester au sol et courir en passant par-dessus ou en dessous les obstacles sans se mettre à escalader comme un connard n’importe quelle porte ouverte sans qu’on ne l’ai demandé. Ou encore la même combinaison pour descendre des bâtiments sans sauter dans une charrette de foin, plutôt comme on grimpe les murs : avec style et rapidité. Mais, parce qu’il y a toujours un « mais » dans cet épisode, paf, les bugs de finition viennent foutre la merde en nous bloquant parfois en pleine ascension ou en pleine descente. Le pire c’est que la grande force des Assassin’s Creed qui consistait à pouvoir juger directement de visu ce qui pouvait être escaladé ou non en prend un coup, puisque désormais des murs aux prises et à la hauteur convenables et parfaitement identifiables et visibles peuvent ne pas être franchit. Pourquoi ? Ben vous êtes cons ou quoi ? Je ne fais que de le répéter : parce que le jeu a été mal fini. Pour la première fois les phases d’escalades pures ont réussi à me frustrer dans un Assassin’s Creed

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A contrario d’AC 3, on sent bien le peuple révolté dans les rues d’Unity.

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Un gros plan d’assassinat pour notre audience amatrice de sang.
Revenons aux missions, il est absolument classe de repérer une bonne femme chargée de nettoyer les vitres d’une bâtisse dans laquelle on veut rentrer, d’aller la soudoyer pour qu’elle laisse la fenêtre du bureau où se trouve notre cible ouverte et de tranquillement aller à destination. Là où on aurait très bien pu si l’envie nous en prenait escalader les toits pendant des plombes pour passer par une autre fenêtre pour rentrer dans le bâtiment et s’infiltrer au milieu des gardes, ou même « simplement » crocheter une porte d’entrée, ou encore se la jouer méga bourrin et essayer de buter tout le monde jusqu’à la cible, et j’en passe. Je dis bien « essayer » parce que les combats ont été revu pour la bonne cause, les PNJ attaquent enfin ensemble et n’y vont plus chacun leur tour, ils peuvent parer et esquiver selon leur classe (gros bras, bretteurs de compétition, garde lambda, artilleur), et notre parade à nous n’implique plus un combo automatique de meurtre direct (du moins au début, parce qu’une fois les meilleurs armes et meilleurs coups achetés il n’y a même plus besoin de parer…). Notez que l’exemple de la laveuse de vitres vaut pour une mission en particulier et que pour les autres ce sont des types d’événements différents qui seront exploitables, point de répétition. Des missions qui gagnent donc en variété et en immersion pour livrer quelques passages vraiment hyper plaisants. La prochaine étape sera donc de permettre à nouveau de planquer les corps, de bosser l’I.A. et de permettre de se déguiser librement pour tromper l’ennemi. Au passage je ne comprend toujours pas comment on peut se sentir pleinement immergé dans un univers où le seul connard avec une capuche et une tenue de gala est le seul que personne ne remarque. Quoique c’est selon les missions puisque parfois même au milieu d’une énorme foule un garde va réussir à nous repérer à 100 mètres de là… Là où 2 minutes avant, hors mission, il n’était pas capable de repérer ses propres pieds. C’est un gros bémol, selon le contexte l’I.A. varie de façon hyper bizarre et mal branlée, durant mes sessions de jeu j’ai vu deux gardes ne pas réagir le moins du monde devant un de leurs collègues tombé raide mort du toit, là, juste sous leurs yeux, à un mètre de leurs champ de vision. Tout comme j’ai vu des gardes me repérer sans aucune raison apparente alors que j’étais incognito à des dizaines de mètres de là. Des réactions qui brisent beaucoup l’immersion puisqu’elles ne sont pas naturelles et qu’elles manquent en plus de constance.

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Les quêtes annexes d’enquête sont basiques mais intéressantes et amènent de la variété.
Il serait aussi judicieux de permettre de désactiver les surbrillances absurdes et d’oublier ce système de jeu permettant de voir à travers un hologramme éphémère le dernier endroit où l’on a été repéré. C’est moche, ça facilite trop le jeu et ça casse l’ambiance. Surtout que maintenant, il n’y a plus de passages dans le présent en dehors d’une intro où l’on incarne notre propre rôle de joueur fouillant une mémoire génétique (et c’est très bien comme ça). Abstergo ayant commercialisé l’Animus dans le monde à travers un système de jeu vidéo où l’on peut revivre les séquences ADN mémorielles de multiples personnes. Au risque tout de même de perdre en cohérence lorsqu’Arno se tape des failles temporelles qui l’emmènent pour quelques brefs passages dans le Paris du Moyen-Âge, dans le Paris de la Belle Epoque et dans le Paris occupé par les nazis. Des moments qui donnent envie de vivre ces époques en ces lieux dans un AC, certes, mais qui frôlent quand même le ridicule lorsqu’en tenue de Révolutionnaire on se retrouve sur la Tour Eiffel aux commandes d’une tourelle en train de shooter des avions Allemands… Ça aurait mérité plus d’efforts scénaristiques et d’immersion. En créant par exemple un autre personnage, dans une tenue d’époque. Ces failles temporelles n’en auraient été que plus immersives et jouissives.

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Chaque mission coop’ commence par un plan classe de dos de nos protagonistes.
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Des fourches tendues, des têtes plantées sur des pics et autres joyeusetés. C’est la Révolution.

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La foule est très réussie (et en image fixe y a aucun clipping).
Mais pas de quoi jeter trop fort la pierre aux développeurs (ils en sont déjà à deux ou trois parpaings sur le coin du museau) qui ont pondu parmi les meilleures missions annexes que j’ai jamais vu en dehors des sempiternelles collectionites à la con. C’est bien simple, habituellement je ne les fais jamais, dans n’importe quel jeu, tellement elles sont chiantes et sans intérêt. Ici elles sont variées, scénarisées, et mettent en scène des tas de personnages historiques que l’on ne rencontre pas forcément dans l’histoire principale. Que ça soit pour les enquêtes tuyautées par Vidocq, les clubs de réunions après avoir rénovés les cafés théâtre, les nombreux « récits parisiens » qui portent bien leurs noms (ça va de récupérer des têtes décapités pour Madame Tussauds en manque de modèle pour sculpter, à achever des missions pour un surprenant Chevalier D’Eon undercover etc etc etc) et même les missions coop’ qui s’activent comme des missions au sein même du jeu solo. Dommage que ces dernières voguent sans grande cohérence entre les années peu importe l’instant que l’on vit en solo.

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Cette image illustre des moments particulièrement cool à vivre dans le jeu.
J’en profite pour souligner une fois de plus l’immense travail historique du jeu, absolument admirable et passionnant. Je suis surpris de voir d’ailleurs des débats au sein de la presse en ce moment qui proclame comme un conseil de sage super cultivé de ne pas appréhender le jeu comme une leçon d’Histoire. Ça a toujours été le cas les mecs, depuis le premier épisode, et ça fait sept ans que ça dure. Pour quelles raisons ce soudain réveil ? Assassin’s Creed est un jeu, pas un documentaire, qui n’en est pas moins ultra renseigné sur l’époque qu’il aborde et sur ses personnages historiques. Pour un anachronisme servit pour les besoins du spectaculaire ou du symbole qu’il représente auprès du grand public (la Marseillaise chantée dès 1791 dans le jeu alors qu’elle n’a été créée qu’en 1792) on a tout de même une encyclopédie intégrée qui le stipule noir sur blanc (« la Marseillaise a été créée en 1792 ») en remettant dans le contexte l’histoire de sa création. Oui Assassin’s Creed a toujours mélangé faits historiques et fiction, y compris dans les biographies de ses personnages et l’historique de ses bâtiments, mais on se rend généralement très vite compte de ce qui est vrai ou faux si le jeu ne le mentionne pas lui-même en rendant les choses visibles comme le nez au milieu de la figure.

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Les armes sont variées mais comme d’hab’ je n’en utilise que trois tout au plus tout au long du jeu.
Concluons en parlant du scénario. A l’instar d’Assassin’s Creed 2 et d’Assassin’s Creed 3, le conflit entre Templiers et Assassins est une toile de fond un peu plus légère que dans les autres épisodes pour s’effacer par moments devant les motivations vengeresses et donc intimistes de notre personnage. Ce n’est pas très original mais il y a eu d’incontestables efforts de produit pour rendre l’histoire un peu moins chiante que le conflit Assassins / Templiers dont l’aspect conspirationniste s’intègre par ailleurs vachement bien à la Révolution Française faites de manigances, de trahisons et de jeux de pouvoir. Mais ne criez pas victoire trop vite puisque même s’il y a des passages presque surprenants, il reste inévitablement le coup des artefacts d’Eden et toutes ces conneries hyper lourdes qui viendront toujours entacher l’intrigue. Et la love story avec laquelle on cherche à nous émouvoir ne prend pas, mal écrite comme elle est, bien qu’Elise soit plutôt charismatique. Les passages d’années en années se font aussi assez maladroitement cette fois, et la mise en scène de Napoléon ne sert strictement à rien (visiblement les passages du personnage ont été charcutés dans un souci d’intérêt du DLC à venir…). Il faudrait vraiment qu’Ubisoft se sortent les doigts du fondement et se décide à rebooter cette histoire de conflit débile Assassins Vs Templiers, usé jusqu’à la moelle par leurs propres soins. Pour nous proposer des histoires plus personnelles, en accord avec la vie du personnage principal, et qui aborderaient de façon habile et avec un peu plus de burnes les sujets politiques de l’époque qu’ils mettent jusqu’ici en scène en les effleurant à peine (on en veut du Adéwalé qui libère les esclaves Haïtiens du joug français, et pas en DLC incognito). Dans les années à venir il ne suffira plus d’un changement d’époque et des réajustements de gameplay pour renouveler l’intérêt d’un Assassin’s Creed, il faudra plus que jamais renouveler ses intrigues.

Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix

– J’allais oublier mais la VF du jeu est très bonne.

– Notre-Dame de Paris a été modélisée par un seul employé d’Ubisoft (en 8 mois).

– Ubisoft a implémenté dans le jeu un système où tout doit désormais être acheté – des compétences que l’on apprenait avant avec son maître comme le double assassinat, jusqu’aux tenues et leurs couleurs, aux armes, au renforcement de la santé etc – avec les vraies fausses thunes du jeu (que l’on peut obtenir, heureusement, à foison), ou, bien évidemment, avec nos vraies micro-thunes. Business is business… Perso ça m’a fait vomir.

– Le drapeau bleu blanc rouge est un des anachronismes que propose le jeu pour les besoins du symbole auprès du public mondial. Il fut adopté en 1794 et non pas dès 1789.

– A noter l’absence dans le jeu du mode multijoueurs. Une bonne idée pour éviter la lassitude. Il reviendra probablement avec de nouvelles idées dans un prochain épisode.

PS : Pour rappel, les images, artworks et screenshots de jeux sur Polygamer.com et y compris sur cet article appartiennent à leurs auteurs respectifs et aux sites où ont les a piqué.

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