Agricola, 10 ans dans les champs

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Si vous nous lisez depuis longtemps (au moins quatre ans), vous aurez peut-être lu la critique de la 1ère édition d’Agricola par Toma021. Mais comme il s’agit cette fois de l’édition deluxe, un auteur de luxe s’imposait !

La critique de Toma021

Qu’est-ce que c’est ?

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Même la couverture a été remasterisée.
Agricola est un jeu de placement d’ouvriers, ou plutôt de fermiers, qui vous plonge dans l’univers ultra funky d’une exploitation agricole au XVIIème siècle. Créé par Uwe Rosenberg (Le Havre, Terre d’Arle…) et illustré par Klemens Franz (Le Havre, Orléans, Trambahn), ce jeu a rencontré un joli succès critique et commercial, qui dure depuis presque 10 ans maintenant (première parution en 2007). Dès lors, cet anniversaire se devait d’être fêté comme il se doit par son nouvel éditeur. Funforge profite donc de l’occasion pour nous proposer une version deluxe, 10th anniversary, remise au goût du jour.

N’espérez pas par contre une belle boîte de collection avec du matos d’exception et hors de prix, comme on a pu récemment le voir avec Les Aventuriers du Rail par exemple. Non, l’idée ici est plutôt d’upgrader la qualité du matériel et de dépoussiérer un peu les mécaniques de jeu, tout en restant abordable, et même moins cher que le jeu originel à sa sortie. Certains fans ne manqueront sans doute pas d’être déçus, mais les néophytes apprécieront.

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Les fermiers, animaux et ressources ont été retravaillés pour une meilleure lisibilité.
Du coup, on retrouve des plateaux de jeu (communs, individuels et annexes) assez épais et plutôt agréables, ainsi qu’un nombre incalculable de pions en bois, représentant fermiers, animaux, ressources ou céréales. Les cartes sont également de bonne facture et d’une taille que je considère idéale pour mes grosses paluches un peu gauches. Bref c’est du très bon boulot, pour un rapport qualité prix imbattable.

Les mécaniques de jeu s’articulent quant à elles autour de la pose d’ouvriers (fermiers), avec des actions fixes et d’autres se dévoilant au fil des 14 tours composant une partie. On laboure pour semer ses petites graines (au sens premier du terme, je vous vois venir), on agrandit son cheptel pour ne jamais manquer de saucisson à l’apéro, on pond des mômes à la pelle pour les envoyer au charbon, on se construit une chouette demeure pierres et poutres apparentes qui sera très prisée des bobos trois siècles plus tard, et on développe son petit business de produits éco-responsables à la sueur de son front. Le but étant de se développer pour se faire un max de blé sans jamais rogner sur ses besoins vitaux (bouffer, principalement).

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Occuper toutes les parcelles de sa ferme n’est plus aussi compliqué que dans mes souvenirs.

Pour nous aider dans cette tâche plus ardue qu’elle ne semble, 14 cartes représentant notre savoir-faire et les améliorations pouvant être apportées à notre exploitation, à jouer à bon escient lorsque la situation l’exige ou le permet (à condition d’avoir les ressources nécessaires). En sus de ces cartes nous étant personnelles, dix améliorations majeures sont à disposition de l’ensemble des joueurs, qui auront essentiellement pour but de transformer la matière première en nourriture pour ne pas obliger votre famille à tomber dans la mendicité (et prendre trois points de malus au passage).

Qu’est-ce qu’on en pense ?

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L’art et la manière de s’étaler.
Si l’idée de développer une ferme au 17ème siècle ne fait pas rêver en soi, il n’en reste pas moins qu’Agricola est particulièrement plaisant à jouer. Riche, varié et demandant une réelle réflexion afin d’optimiser au mieux ses tours de jeu, il offre à la fois du fun immédiat et une bonne marge de progression. Les nombreuses cartes et modes de jeu à disposition permettent aussi d’accroître la rejouabilité, même si on a quand même tendance à se répéter… au moins dans le positionnement de ses champs et enclos. Ceci étant, il y a tant à faire en si peu de tours de jeu, que même en respectant un placement relativement similaire de partie en partie, les pistes à explorer restent nombreuses : La culture de céréales, de légumes, l’élevage de moutons, de sangliers, de vaches, l’agrandissement de sa famille, la rénovation de sa ferme, etc. Alors, n’ayant pas suffisamment de parties à mon actif sur la version de base (et n’ayant pas rejoué depuis longtemps en plus), je ne saurais dire avec exactitude ce qui a changé depuis. Toutefois, je n’ai pas retrouvé cette difficulté qui m’avait semblé exacerbée il y a quatre ans. J’ai rencontré beaucoup moins de problèmes pour nourrir ma famille ou pour couvrir l’ensemble des cases de ma ferme par exemple. Alors, j’ai peut-être tout simplement gagné en maturité avec le temps et l’expérience du JDS (je n’étais encore qu’un noob à l’époque), ou est-ce simplement que je suis moins monomaniaque avec l’argile. Allez savoir.

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Le plateau de jeu ressemble enfin à quelque chose…

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Les aménagements sont essentiels à votre développement…
Ce qui a changé en tout cas, c’est le matériel. Le plateau de jeu est en un seul tenant désormais (avec une partie à fixer, façon puzzle, selon le nombre de joueurs) et les fermiers, animaux, céréales et ressources sont désormais de jolies illustrations en bois, plutôt que de simple jetons ronds. Les cartes Améliorations et Savoir-Faire ont aussi été rééquilibrées et considérablement réduites en nombre (48 de chaque, contre environ 150 dans la version de base). Autre nouveauté : Le jeu dans sa version actuelle est conçu pour un à quatre joueurs, contre cinq dans la version d’origine. Cela permet à priori de fluidifier les parties. Seulement, une extension 5-6 joueurs étant d’ores et déjà prévue, certains risquent fort de grincer des dents. Il est d’ailleurs dommage que pour une version anniversaire, le jeu ne soit pas proposé en version collector avec les extensions déjà sorties. L’idée de rester abordable et de toucher de nouveaux joueurs est louable, mais du coup les anciens ont moins d’intérêt à repasser à la caisse. Je peux comprendre que Funforge, l’éditeur de cette version anniversaire, souhaite rentabiliser sa licence, mais c’est dommage de passer à côté de la manne financière que représente la fanbase, pourtant souvent prompte à la dépense lorsqu’il s’agit d’acheter une version améliorée de leurs jeux préférés. Ça n’enlève en rien aux qualités intrinsèques du jeu ceci dit.

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Quand les savoir-faire vous faciliteront grandement la tâche.
Bref, si vous ne possédez pas ou n’avez jamais joué à Agricola et cherchez à investir dans une valeur sûre, n’hésitez pas une seule seconde. Moins chère, mieux pensée et plus esthétique que la version originelle, cette édition 10ème anniversaire vaut clairement que vous y jetiez votre dévolu. Par contre, si l’ancienne version trône déjà sur votre étagère, l’intérêt de replonger est plus limité mais pas négligeable pour autant. En effet, outre l’achat collection qui ne manquera pas de titiller la fibre fanatique de certains, l’intérêt de craquer pour cette version réside dans son allègement dans les règles et les cartes. Nul besoin de jouer en mode famille et de se priver de la moitié du jeu, ici les parties sont plus simples, plus fluides sans trop rogner sur la richesse et la diversité. Et si vous aimez Agricola, c’est toujours bon de pouvoir le ressortir avec des amis moins rompu à l’exercice, sans leur filer un mal de crâne, plutôt que de le voir prendre la poussière.

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