Virtue’s Last Reward, le retour du Zéro

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Dans la mesure où je considère 999 comme l’un des meilleurs jeux de la DS, voire l’un des meilleurs jeux auxquels j’ai joué tout court, je ne pouvais décemment pas fermer les yeux sur sa suite, dussé-je racheter une 3DS pour cela.

Nonary Game

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Les neuf participants au complet…
Sorti il y a quelques mois sur 3DS et PSVita dans l’indifférence la plus totale (tout comme son aîné d’ailleurs), Virtue’s Last Reward est la suite directe de 9 Hours, 9 Persons, 9 Doors. Et si on peut très bien y jouer sans avoir terminé ce dernier, je vous le déconseille fortement tant les références et les spoils sont légion. En effet, l’histoire se déroule ici, deux ans après les événements du chef d’œuvre de la DS, en 2028 (Ce côté futuriste a son importance pour justifier certains détails et technologies relevant de la science-fiction). De plus, outre Zéro (le kidnappeur), deux personnages de 999 ont rempilé, bon gré mal gré, pour ce nouveau Nonary Game. Baptisé « Ambidex Edition », ce nouveau jeu sadique diffère quelque peu du Nonary Game de 999 et introduit une nouvelle variante pour le moins cruelle : La trahison !

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Tout l’esprit de ce Nonary Game Ambidex Edition, résumé en une image.
Le principe y est relativement simple : Neuf personnes se réveillent enfermés dans un gigantesque complexe. Pour en sortir, une seule solution : L’étrange montre fixée à leur poignet doit afficher 9 points ; condition sine qua none pour pouvoir ouvrir l’issue finale. Or, cette gigantesque porte ne s’ouvrira qu’une seule et unique fois, laissant tous ceux n’ayant pas pu la franchir, enfermés pour le restant de leur existence. Bien sûr, quiconque tenterait de franchir la porte sans avoir porté son compteur à 9, se verrait immédiatement pénalisé… comprenez qu’un poison mortel, stocké dans la montre qu’il porte au poignet, le tuerait instantanément. Il est donc impératif pour chaque participant, de faire grimper son total de points à 9 ; d’autant plus que si le compteur d’un joueur tombe à zéro, il meurt.

Règlement

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L’arborescence scénaristique est un mini-spoiler, mais on lui pardonne tant c’est pratique.
Pour monter leurs points, les neuf participants doivent d’abord dénicher des cartes magnétiques, leur permettant d’accéder aux « Ambidex Room » ; sortes d’isoloirs où, par un vote caché, ils pourront s’allier ou trahir leurs coéquipiers. Ces votes s’articulent autour d’un système de répartition des points particulièrement pervers. En effet, chaque vote est organisé comme suit :

  • Chaque round est le théâtre de trois affrontements distincts, opposant une équipe de deux personnes, contre une équipe d’une seule (2vs1 x 3= 9).
  • S’affrontent, les participants ayant des couleurs complémentaires, leur permettant de franchir les portes chromatiques ensemble .
  • Les personnes ayant la mention « Paire » affichée font équipe contre ceux ayant la mention « Solo ».
  • Chaque équipe, qu’elle soit composée de deux participants ou d’un seul, représente un seul vote.
  • Chaque équipe a le choix entre deux options : S’allier à l’équipe adverse ou la trahir.
  • Si les deux équipes choisissent de s’allier, elles marquent deux points. Si les deux équipes choisissent de se trahir, aucune ne marque. En revanche, si l’une équipe choisit de s’allier et l’autre de trahir, celle qui trahit reçoit trois points, celle qui s’est fait trahir en perd deux.
  • Si une équipe ne souhaite pas ou se trouve dans l’incapacité de voter, « S’allier » est sélectionné par défaut.
  • A la fin de chaque round, les points sont ajoutés ou soustraits (les participants dont le total tombe à zéro, meurent dans les neuf minutes qui suivent. Les survivants ont tout loisir de récupérer la montre du défunt), et les couleurs sont redistribuées.
  • In nobody we trust

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    Chaque participant porte une montre identique, avec son total de point, sa couleur pour ce round et la notion Paire ou Solo.
    Bien sûr, il est évident que pour s’en sortir, les neuf participants n’ont juste qu’à s’allier à chaque tour, pendant trois tours, pour parvenir à un total de neuf points chacun. En théorie, c’est simple comme bonjour et cette nouvelle édition du Nonary Game n’aurait dû être qu’une formalité.Toutefois, comment faire confiance à son voisin, quand on ne sait rien de lui et que toutes les suspicions sont permises? Comment Phi peut-elle connaitre votre nom par exemple ? Pourquoi K est-il scellé dans une armure ? Quelle relation lie Tenmyouji à Quark ? Qui sont réellement toutes ces personnes et, surtout, pourquoi sont-elles toutes réunies ici ? C’est là tout le problème auquel sont confrontés les participants. Impossible de faire confiance à qui que ce soit, quand tous cachent quelque chose, que les morts s’accumulent, que la trahison est le chemin le plus rapide pour sortir de cet enfer et, qu’en plus, l’un d’entre eux se trouve être un loup dans une bergerie.

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    Graphiquement, ça pique quand même sacrément les yeux.
    Car dès le début, les participants sont informés que parmi eux se cache Zéro, leur ravisseur et tête pensante du jeu sadique auquel ils sont confrontés. L’un d’entre eux est donc l’ennemi de tous, mais qui ? A ce stade de l’aventure, ça peut être n’importe qui. Phi, K, Dio, … même Quark, malgré son jeune âge ou Luna dont la gentillesse et la naïveté ne peuvent que cacher quelque chose. Qui croire ? A qui s’allier ? De qui se méfier ? Comment faire grimper son total de points, tout en s’assurant que personne n’atteigne ce 9 salvateur avant vous et ne vous enferme pour toujours dans ce gigantesque mais non moins lugubre complexe ? Le petit jeu du chat et de la souris, où tout le monde soupçonne tout le monde, peut alors commencer.

    9 – Zéro

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    Les personnages en 3D n’ont pas le charme de la 2D de 999 à mon goût.
    A l’instar de 999, le titre se déroule en deux parties : Le visual novel, qui vous relate les faits et l’Escape Room, où enfermé dans une pièce, vous devez résoudre nombre de puzzles tordus pour récupérer la clé qui vous permettra de sortir, les cartes magnétiques pour pouvoir voter au prochain round, ainsi que des indices laissés par Zéro qui aident autant à la compréhension de la situation, qu’ils ne sèment la zizanie dans le groupe. Mieux vaut donc savoir où vous mettez les pieds avec ce jeu, car tenant d’avantage du « Livre dont vous êtes le héros », l’interactivité n’y tient pas forcément une place prépondérante. Et surtout, compte tenu de l’omniprésence des dialogues et de la narration, vous avez plutôt intérêt d’aimer la lecture et de posséder un bon niveau d’anglais, le jeu n’étant malheureusement pas traduit en français. Ceci étant, et compte tenu du fait que je vous déconseille d’y jouer sans avoir fait 999, tout cela ne devrait pas être nouveau pour vous, tant les similitudes entre les deux titres sont nombreuses. Cependant, n’allez pas croire qu’on se retrouve ici face à un copier-coller où seul le scénario aurait changé. Non, bon nombre de choses ont évolué, que ça soit dans le principe même du Nonary Game, ou dans les fonctions du soft.

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    Certaines énigmes sont d’une simplicité enfantine… d’autres beaucoup moins.
    Si vous avez pris la peine de lire ma critique de 9 Hours 9 Persons 9 Doors, vous n’êtes pas sans savoir que ce jeu possède plusieurs fins, et surtout que contrairement aux titres plus classiques proposant des dénouements multiples, il est ici nécessaire de connaitre toutes les fins pour comprendre l’histoire dans sa globalité. Dans Virtue’s Last Reward, c’est à peu de choses près semblable, sauf qu’ici vous allez devoir recommencer des parties et emprunter des routes différentes, avant même d’avoir vu la moindre fin (pour info, j’ai vu ma toute première après quatre parties, dont un Game Over, et 18 heures). En effet, à certains moments de l’aventure, vous serez confrontés à des situations nécessitant d’avoir découvert des preuves et des informations dans une partie antérieure. Si tel n’est pas le cas, vous devrez alors découvrir ces infos dans une partie postérieure, puis revenir, via l’arborescence scénaristique, à ces moments clés. Au début, je dois bien avouer que c’est assez troublant, car les premières parties s’achèvent par de frustrants « To be continued ». Mais une fois le principe assimilé, on ne peut s’empêcher de crier au génie.

    Héritage

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    De manière générale, ça se finit rarement bien pour tout le monde.
    Ne vous trompez pas. A l’image de son prédécesseur, Virtue’s Last Reward est un putain de chef d’œuvre, original, passionnant et superbement écrit. Certes, le complexe dans lequel le joueur évolue tout au long de l’aventure est bien moins enthousiasmant que la réplique du Titanic de 999. De la même manière, on ne peut que regretter que la pression engendrée par le naufrage programmé du navire dans le premier épisode, ne trouve pas écho ici ; du moins pas à première vue. Enfin, l’histoire en général est un peu plus fantaisiste et prend quelques raccourcis pour se faciliter la tâche (le système Red/Dead était plus intelligent, et surtout plus détaillé qu’une « simple » pénalité sortie d’un chapeau). Mais ces quelques points de détail mis à part, les développeurs ont su nous replonger dans cette aventure terriblement excitante qu’on ne saurait lâcher une fois débutée, sans tomber dans la facilité de la suite 1.5. Notez également que si les énigmes de 999 étaient relativement simples, dans cette suite la difficulté est clairement montée d’un cran. Prévoyez donc quelques prises de tête en perspective.

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    Les japonais ont un truc avec les nichons… ils en parlent dans tous leurs jeux/mangas/animés.
    Mais le véritable coup de maître de ce jeu, c’est bien entendu la personnalité des neufs participants et ce plaisir indescriptible de découvrir leurs secrets, leurs relations, bref tout le soin apporté à leur écriture. Vous allez soupçonner tout le monde (vous, Sigma, compris), partir dans des déductions semblant évidentes, qui s’avèreront pourtant très souvent erronées. Le joueur est sans arrêt bluffé, baladé de suppositions en révélations, renouant avec l’état d’esprit aujourd’hui disparu des Agatha Christie et autres thrillers ayant bercé la jeunesse de toute personne de plus de trente ans. A ce titre, Virtue’s Last Reward est un ovni dans le paysage vidéoludique. Plus que jamais donc, ne pas avoir joué à 999 et Virtue’s Last Reward, c’est avoir raté sa vie de gamer.

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