Tomb Raider, fait sa crise d’adolescente

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Après avoir massacré Deus Ex et Hitman, Square Enix s’attaque à l’une des plus grandes icônes du jeu vidéo : Lara Croft.

Reset

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La pauvre Lara prend cher, tout au long du jeu.
Tomb Raider. N’importe quel gugusse, où qu’il soit dans le monde, connait ce nom. Si ma grand-mère était encore en vie, je suis persuadé qu’elle connaitrait ce nom ; ou plutôt, celui de Lara Croft. Car si on peut considérer Mario comme étant l’Icone avec un grand I du jeu vidéo, Lara Croft est sans nul doute son pendant féminin, la tunique rouge et la bedaine en moins. Bref, comme à chaque nouvel épisode, Eidos/Square Enix a la pression. Une pression d’autant plus grande que la licence s’offre pour l’occasion, un reboot. Ce qui n’est jamais un exercice facile. Car un reboot, c’est une remise à zéro des compteurs d’une licence. On efface presque tout, et on recommence. Mais on ne recommence pas n’importe comment. Il ne s’agit pas de prendre le personnage principal et de le transposer dans un autre univers. Il faut respecter la licence, lui appliquer un lifting, sans pour autant mettre au rebus les codes qui la définissait jusqu’alors.

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Au début, on t’apprend à chasser. Mais en fait ça sert à rien…
Ici, la lara intrépide et inébranlable qu’on connait par cœur n’est plus ; ou plutôt n’est pas encore. Car avec ce reboot, c’est une Lara beaucoup plus jeune et inexpérimentée, une gamine presque, qu’on nous propose d’incarner. D’ailleurs, à bien y regarder, peut-on vraiment parler de reboot ? N’est-ce point là seulement une préquelle ? Possible, puisque le jeu s’attèle à nous faire vivre les tous premiers faits d’armes de l’héroïne qu’on connait par cœur. Toutefois, pour une « simple » préquelle, les mécaniques de jeu se trouvent sacrément bouleversées. Peut-être même trop, d’ailleurs. Car clairement, ce nouveau Tomb Raider tient plus d’Uncharted que de ses propres racines. Juste retour des choses puisqu’il ne fait aucun doute que Naughty Dog se soit inspiré de Tomb Raider pour écrire la légende de Nathan Drake (même si leur père à tous reste Indiana Jones). L’inspiration est flagrante, à la limite du plagiat, tant on retrouve les mêmes paysages luxuriant, la même mise en scène hollywoodienne et ce principe de t’en balancer plein la gueule du début à la fin, sans une minute de répit.

L’influence de Michael Bay

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Les environnements semblent ouverts, mais finalement très linéaires.
Sur ce principe, Square a plutôt réussi son coup. La mise en scène est globalement époustouflante, ponctuée régulièrement de quelques moments véritablement impressionnants, et même les gunfights semblent mieux gérés que dans les Uncharted (Plus dynamiques, moins nombreux, moins longuets, avec moins de respawns débiles et incessants). Et puis, après Nathan Drake et John McClane, Lara Croft nous prouve que se faire déchirer la gueule et jouer de malchance à chacun de ses pas est une manière particulièrement efficace de créer un lien entre le héros (ici, l’héroïne) et le joueur/spectateur. Ça le rend plus humain, même si objectivement, aucun humain ne pourrait endurer ce qu’ils endurent et que, dans le cas qui nous intéresse, Lara va rapidement passer du statut d’adolescente un peu rebelle à celui de Terminator que rien n’arrête. Bref, côté grand spectacle, le joueur en a clairement pour son argent. D’autant plus que le titre se place dans la moyenne haute des jeux du genre concernant la durée de vie.

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Le titre multiplie les séquences impressionnantes visuellement.
Le gameplay pur est lui aussi solide comme un roc, et que ça soit pour les combats ou la grimpette, Lara obéit au doigt et à l’œil (un vieux fantasme). On est loin des premiers épisodes, avec leurs caméras capricieuses et les mouvements de perso imprécis. Malheureusement, on en est aussi très loin lorsqu’il s’agit de ces moments de réflexion qui jalonnaient les titres d’antan, ces passages où tu galérais avec toutes sortes de mécanismes à la con. Dans ce reboot, les seuls moments de réflexion prennent place dans les tombeaux cachés optionnels, où pour atteindre le coffre convoité, il faut provoquer toutes sortes de réactions en chaine et réussir quelques sauts de classe. Rien d’insurmontable malheureusement, puisque en plus d’être facultatifs, pas un seul de ces mécanismes ne m’a tenu en échec plus de cinq minutes. Mais ces brefs retours aux sources sont comme des oasis dans cet océan d’action soutenue et de situations dantesques.

https://youtube.com/watch?v=_U0m8JxLVro

Est-ce vraiment Tomb Raider ?

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Une scène de viol, sale et violente ? On en rêvait… mais finalement elle n’aura pas lieu.
A contrario de ce qu’ils ont fait avec Hitman et Deus Ex, Square s’en sort donc plutôt bien avec ce Tomb Raider. Ce n’est certes pas parfait à mon goût, mais je dois bien confesser que je m’attendais à pire ; notamment au niveau des QTE qui ne sont finalement ni nombreux, ni envahissants. Dommage que les éditeurs nous prennent toujours autant pour des cons, à nous afficher en lettres de néon rouges ce qu’on doit faire, où on doit aller, sur quoi tirer, quel élément activer, etc. En effet, comme dans la plupart des grosses productions récentes, les endroits où tu peux sauter sont bien mis en évidence, les endroits que tu peux enflammer sont marqués d’une grosse icône disgracieuse, les endroits où tu peux tirer une flèche-grappin sont identifiés par une grosse corde blanche plus immaculée que la vierge Marie histoire de pouvoir la repérer à dix kilomètres à la ronde. Et si par malheur t’es un abruti et que t’as pas remarqué tous les éléments interactifs pourtant bien mis en évidence, t’as encore l’instinct qui te permet de les mettre en surbrillance. Putain, mais ça veut dire quoi ça ?! Le jeu étant déconseillé aux moins de 16 ou 18 ans, pourquoi nous pondre un truc pour gamins assistés ???!

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Le gameplay action est efficace, mais l’action en elle-même bien trop présente.
Dommage également qu’on ne sache toujours pas raconter une histoire sans passer par d’interminables cinématiques. On est encore loin de l’ennui incommensurable provoqué par les jeux de Kojima, mais j’ai bien failli piquer du nez à plusieurs reprises, tant les cinématiques sont longues, nombreuses et barbantes. D’autant plus que l’histoire n’a rien de bien palpitant, tant elle est cousue de fil blanc. Le thème est bateau, le déroulement est bateau, les rebondissements brillent par leur absence et toutes les ficelles sont tellement grosses qu’après une heure de jeu, on peut soi-même écrire l’histoire tant on l’a vue et revue dans moult téléfilms de la TNT. Mais bon, à quelques détails près, il faut bien reconnaitre que ce Tomb Raider nouvelle formule est un très bon jeu d’action. Il faudrait être sacrément aigri pour le nier (même moi, qui trolle plus que de raison, n’en suis pas capable). Un très bon jeu d’action, certes, mais clairement plus un Tomb Raider. Car tout ce qui faisait le sel de la licence a disparu. En tout cas, pour ceux qui ne possèdent qu’un PC ou une 360, voici enfin leur chance de jouer à Uncharted. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?

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