Stealth Bastard, l’infiltration pure race

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A une époque où on nous pousse à l’endettement pour consommer des produits de plus en plus avariés, on ne boudera pas le plaisir d’un vrai bon jeu totalement gratuit.

Jouer en temps de crise

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Si les robots vous repèrent, ils vous défoncent en un éclair.

Aujourd’hui, jouer est un luxe. Bon, vous me direz que si on revient quelques années en arrière, qu’on repasse en francs et qu’on tient compte de l’inflation, mine de rien jouer à toujours été un luxe. Seulement, la différence avec la bonne vieille époque d’antan, c’est que de nos jours le jeu vidéo s’est démocratisé ; on était donc en droit d’attendre une baisse significative des prix. Ce n’est clairement pas le cas… bien au contraire. Il aura fallu attendre l’avènement d’Internet et la fin de vieux frais de distribution (la location de locaux, la mise en rayon, etc.), pour voir les prix diminuer de quelques malheureux deniers. Toutefois, si les gros jeux boites coutent horriblement chers (prix de vente exorbitant + DLC abusifs), il est toujours possible de s’adonner à sa passion à moindre prix (et pas seulement en passant par l’occasion, désormais persona non grata chez les pauvres petits éditeurs indigents). Et parfois, voire souvent, on s’y amuse même bien plus qu’avec les Triple A, dont les trois quart mériteraient d’être déclassés par Standard & Poor’s.

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Les jeux d’ombre sont plutôt bien fichus.

Pour ce faire, on n’a que l’embarras du choix :
– Le shareware (XBLA/PSN/WiiWare/Steam), pas trop cher et très souvent sympatoche, voire carrément culte (Limbo, Braid, LostWind, World of Goo, etc.)
– Le Free2Play, souvent faussement gratuit car demandant de passer par de nombreuses micro-transactions pour véritablement en profiter, allant du jeu gamer (World of Tanks, Black Prophecy, …) aux social games sur Facebook et Smartphones.
– Le retro-gaming, pas cher voire gratuit dans le cas de l’abandonware.
– Et puis il y a la scène indé et ses jeux à très petits prix, qui n’ont l’air de rien et, avouons-le ne sont pas toujours très folichons, mais qui parfois nous gratifie de véritables pépites.

De l’ombre à la lumière

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Certains niveaux sont à vous arracher les cheveux.

Ce fut le cas de Stealth Bastard, sorte de mix entre Splinter Cell et Super Meat Boy, sorti en catimini en décembre dernier. Pour zéro euro (vous pouvez toutefois faire une donation… c’est même chaudement recommandé si on souhaite voir fleurir d’avantage d’initiatives de ce genre), le jeu vous propose deux douzaines de niveaux ainsi qu’un éditeur très complet, et la possibilité de télécharger les créations de la communauté. Bref, pour un peu de bande passante (et encore, pas grand-chose vu que le jeu fait 20Mo) vous avez presque autant de contenu que dans la majeure partie des Puzzle/Platformers payants. Bien sûr, la différence avec un jeu à gros budget, c’est la teneur graphique du titre. Ici, pas de bump mapping de ouf’, de motion capture de malade ou d’effets spéciaux cache-misère à base de flou comme on le voit parfois souvent. Non, techniquement le jeu se veut assez simpliste mais bénéficie cependant d’un level design tout à fait convainquant, d’effets de lumières plutôt réussis et d’une atmosphère graphique honorable, un peu retro mais parfaitement dans le ton. Sans parler de l’avantage considérable de pouvoir tourner sur quasiment n’importe quel PC, sans souffrir de ralentissements ou autres conflits DirectX11.

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L’éditeur de niveaux est très complet et le partage permet de défier la communauté.

Côté gameplay, là aussi le jeu fait dans l’économie : On marche, on saute, on pousse/tire, on se baisse, on actionne des interrupteur, on s’accroche aux plateformes en hauteur et c’est tout. Toute la philosophie du jeu se fait sur l’ingéniosité de ses niveaux et sur son sens du timing. Tout l’inverse des productions d’aujourd’hui, basées sur des mécaniques complexes mais proposant des niveaux fades et monotones, ainsi qu’une absence totale de challenge. Ici le but est simple et n’a rien de novateur : sortir du niveau proposé. Pour cela, notre petit bâtard pixélisé doit actionner divers interrupteurs et hacker différents ordinateurs pour accéder à la porte de sortie, mais aussi la déverrouiller. Et comme il n’a rien d’un surhomme et possède cette forte propension à se transformer en viande hachée dès qu’il croise un robot ennemi, ce Sam Fisher des années 16-bits doit tout miser sur la discrétion. Dans un premier temps, on avance donc à tâtons, on reste dans l’ombre et on serre les fesses à chaque fois qu’on pense avoir saisi la routine des rondes ennemies, et qu’on se lance dans une pièce baignée de lumière en priant pour passer avant d’être repéré. Ensuite, on prend ses marques et on devient très vite un véritable virtuose de l’infiltration, rapide, téméraire, efficace… prêt à prendre d’assaut le classement des scorers. Non vraiment, il y a quelque chose de grand dans ce petit jeu…

En bref

Des graphismes minimalistes mais parfaitement adaptés, un concept simple mais d’une efficacité redoutable… Et si finalement le roi de l’infiltration c’était un petit jeu gratos qui ne paye pas de mine ?

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