Shadow Tactics, Quand Commandos s’écrit en kanjis

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Vingt ans après Commandos, la recette du RTS tactique et infiltration fonctionne toujours aussi bien, et l’univers si peu représenté du Japon féodal lui va à merveille.

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Le shuriken est idéal pour éliminer un ennemi à distance en silence.
A la fin des années 90, un jeune studio espagnol du nom de Pyro Studios révolutionna le RTS, en inventant pratiquement un genre à part entière avec la série Commandos. Mêlant Stratégie en temps réel, Infiltration, voire même Puzzle Game, cette série nous mettait aux commandes d’un petit groupe de soldats alliés en pleine seconde guerre mondiale, effectuant des missions à hauts risques derrière les lignes ennemies, grâce à des capacités très spécifiques, propres à chacun des personnages. Au début des années 2000, Spellbound reprit avec succès cette formule, en la transposant dans l’univers du western avec Desperados, puis dans l’univers de Robin des bois avec le bien moins réussi Robin Hood. Ensuite ? Plus rien ou presque, jusqu’en 2016 où le studio Klei s’en inspirera dans son excellent Invisible. Mais c’est surtout Mimimi Productions qui lui rendra hommage cette année-là, avec le titre qui nous intéresse ici Shadow Tactics: Blades of the Shogun.

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Jouer de la flûte permet d’attirer un ennemi dans un piège préalablement posé.
A la manière de Desperados, le titre transpose les mécaniques de gameplay de Commandos à un tout autre univers, celui du Japon féodal. On y incarne ici un groupe particulièrement hétéroclites, mené par l’un des plus nobles et des plus loyaux samouraïs du shogun (sorte de général en chef des armées, au Japon), afin de mater la révolte sanglante menée par l’énigmatique Kage Sama. Cette équipe est donc composée de cinq soldats bien distincts :

  • Mugen, un samouraï suffisamment costaud pour porter deux corps à la fois, et seul capable d’abattre un samouraï ennemi (les autres devront s’y mettre à deux). Il possède également une flasque de saké, qui lui permet d’attirer les ennemis les plus stupides dans un coin à l’abri des regards.
  • Hayato, un shinobi vif et agile capable de grimper sur les toits, aussi à l’aise avec un katana qu’avec un shuriken. Il est aussi particulièrement friand du lancer de pierres, pour détourner l’attention de l’ennemi avant de se faufiler dans l’ombre.
  • Takuma, un vieux sniper unijambiste d’une précision implacable, accompagné d’un petit tanuki pouvant attirer les ennemis à lui grâce à sa kawaï attitude capable de faire fondre le plus endurci des mercenaires.
  • Yuki, une jeune adolescente orpheline aussi agile pour courir sur les toits que douée avec un couteau, adepte du piège à loup et capable d’attirer les ennemis à elle en jouant une douce mélodie à la flûte.
  • Aiko, kunoichi et épouse de Mugen, pouvant réduire provisoirement la vision des adversaires avec ses capsules de poudre irritante, également capable de se déguiser pour tromper la vigilance de l’ennemi, voire même de la détourner.

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Rien de tel qu’une jolie femme pour distraire un garde pendant qu’on étripe ses camarades…
Ces cinq héros sont plus que de simples pièces d’échec dans ces gigantesques puzzles que représentent les 13 niveaux du jeu. Ils ont une histoire, une personnalité et des aspirations qui leur sont propres qui les rendent assez touchants, tous autant qu’ils sont. Dans l’ensemble d’ailleurs, et même si on se doute très rapidement de la véritable identité du fameux Kage Sama, le scénario est plutôt bien ficelé et les dialogues anglais ou japonais (au choix), sous-titrés en français, sont particulièrement bien écrits pour un jeu de ce genre. L’histoire n’est donc pas juste un prétexte et se laisse suivre sans déplaisir. Seul petit bémol : Si on préférera sans doute les voix japonaises pour renforcer l’immersion, il n’est toutefois pas rare de rater quelques lignes de dialogues parce qu’on était concentré sur la routine de gardes adverses ou sur la planification des actions suivantes. Mais bon, ça reste anecdotique…

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Même les prisons les plus strictes ne sauront vous retenir très longtemps…
Les mécaniques de gameplay reprennent peu ou proue celles des Commandos, même si la 3D a remplacé la vue isométrique d’antan pour un meilleur confort visuel. On déplace nos personnages en temps réel, d’une planque à une autre, en marchant accroupi ou en courant, selon les besoins et les possibilités laissées par l’adversaire. Et si le jeu existe sur consoles (Xbox One et PS4 uniquement pour le moment), je n’ai eu l’occasion de l’essayer que sur PC et voit difficilement comment se passer de la souplesse du combo clavier/souris et des multiples raccourcis clavier, particulièrement salvateurs lorsque la situation demande un timing millimétré. D’ailleurs, à l’instar de Desperados, il est également possible de planifier une action par personnage, via le mode « Ombre », afin que tous les héros impliqués puissent agir en simultané. Un mode absolument indispensable, notamment lorsqu’il s’agit d’éliminer plusieurs gardes à la fois.

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La nuit c’est pratique pour se cacher. Mais quand c’est aussi illuminé, ça devient vraiment compliqué.
Cependant, si Shadow Tactics reprend l’essentiel d’un gameplay particulièrement éprouvé, il n’en oublie pas pour autant de le moderniser pour coller à notre époque. Ainsi, la météo va jouer un rôle prépondérant dans l’aventure : Vos traces de pas dans la neige trahiront votre présence si vous n’y prenez pas garde. Patauger dans les flaques d’eau, sous la pluie, s’avérera particulièrement bruyant. Et les sources de lumières, la nuit, révéleront votre silhouette à tous les ennemis avoisinants, même si vous vous tenez suffisamment loin d’eux. Le jeu multiplie également les actions contextuelles pour maquiller l’élimination d’un garde en accident, même s’il se contente un peu trop souvent d’un simple rocher tombant d’une hauteur. Bref, Shadow Tactics ne se contente pas de reprendre bêtement la formule des Commandos, mais l’embellit et la remet au goût du jour. Il est juste un peu dommage qu’il n’ait pas cherché à se différencier davantage de ses illustres modèles, en apportant une évolution type RPG à ses protagonistes par exemple. On est donc là face à un excellent jeu hommage, qui manque juste d’un poil d’originalité et de prise de risques.

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