SSX est-il toujours SSX ?

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Après des années de disette, la licence reine du snow débarque enfin sur consoles HD. Reste à savoir si elle n’a rien perdu de sa superbe…

Reboot en train

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Tous les largages se feront pas hélico.
Historiquement, SSX c’est du snowboard à la sauce n’importe quoi. Le fier successeur de Cool Boarders, illustre licence de la Playstation aujourd’hui tombée dans l’oubli.
En pratique, ça se traduit par des sauts qui défient la gravité, des figures complètement surréalistes, des pistes incommensurablement fantaisistes et une bonne grosse dose de fun. Vous le savez, nous le savons mais Electronic Arts le sait-il, lui ? Ou du moins, ne l’a-t-il pas oublié ? C’est la question qu’on était en droit de se poser lorsque l’éditeur a annoncé le reboot de la licence.

002-777.jpgIl faut dire que le marché du jeu vidéo ayant explosé avec cette génération, de très nombreux nouveaux joueurs ont afflué sur le marché. Ceci explique sans doute, du moins en partie, les raisons de cet engouement récent des éditeurs pour ces fameux « reboot ».
C’est vrai, quel est l’intérêt de se faire chier à pondre des suites, bien souvent trop soumises au dictat des règles établies plus tôt dans la licence concernée ? Au moins, avec le reboot, on profite pleinement de la réputation du jeu en question, tout en ayant la liberté d’en chambouler tous les codes.

Ça nous donne du Hitman s’orientant vers le jeu d’action, du Tomb Raider flirtant avec Heavy Rain, ou du Prince of Persia… non, je ne vais pas vanner sur celui-là, car contrairement à vous je l’ai bien aimé et je vous emmerde !
Bref, le reboot c’est la solution de facilité, mais c’est aussi souvent l’occasion de faire plonger une série vers la médiocrité ambiante qui entoure le jeu vidéo d’aujourd’hui, où le challenge est inexistant, le contenu ridicule et l’interactivité réduite à son plus simple appareil.
Je vous l’ai dit, avec cette génération l’afflux de nouveaux joueurs est considérable, faudrait pas les faire fuir en introduisant des mécaniques de jeu trop complexes faisant appel à plus de deux boutons.

C’est avec tout ça en tête que je me suis mis à attendre SSX, partagé entre la crainte d’une nouvelle déconvenue façon Def Jam Icon ou Burnout Paradise, et l’excitation, voire la fébrilité, de retrouver une licence chère, très chère, à mon petit cœur de gamer.

Hors piste

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Les incrust’ façon Splinter Cell Convictions, c’est classe.
Malgré les années, j’ai très vite retrouvé mes marques et les réflexes de mon glorieux passé de snowboarder virtuel, même s’il y a bien quelques variations évidentes dans les mécaniques de gameplay, très inspirées de Skate d’ailleurs… en plus accessibles.
Les sensations sont immédiates et font mouche, grâce à la fluidité jamais prise en défaut et la maniabilité du perso.

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Les figures sont un peu moins folles je trouve, mais restent très nawak-attitude.
En même temps il peut l’être… fluide. Parce que bon, force est de constater que ce n’est pas vraiment le jeu que tu vas lancer pour épater la galerie avec ses graphismes à tomber. Clairement, ce n’est pas beau, mais ça reste toutefois on ne peut plus correct.
Et puis de toute façon, à la vitesse où le paysage défile, on n’aurait pas vraiment le temps de s’extasier sur les textures photo-réalistes des arbres et des rochers, ou les particules de neige qui fondent en temps réel.
Moi en tout cas, ça suffit amplement à mon bonheur. Mais après, je ne suis pas spécialement du genre à courir après l’exploit graphique ; ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde, j’en conviens.

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Les descentes dans le noir sont super tendues.
Non, le problème dans tout ça, c’est surtout le manque d’inspiration, et surtout le manque de fantaisie du level design.
Car si par le passé, la série nous proposait des courses un peu nawak en pleine station, voire parfois au milieu des buildings d’une sorte de mégalopole improbable, perchée en altitude, aujourd’hui le jeu « se contente » de nous lâcher en pleine montagne hostile et sauvage.
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Les avalanches, c’est LE gros raté du jeu.
Les rares témoignages du passage des hommes (outre les rails rouges qu’on se demande bien comment ils ont pu atterrir là), sont généralement des lieux laissés à l’abandon : Une ancienne centrale nucléaire, un vieux barrage, des baraquements abandonnés, un avion crashé, etc.
Du coup, le jeu prend des allures de hors-piste impitoyable, au détriment du côté bon enfant qu’avait parfois certaines pistes de ses prédécesseurs ; et qui faisait d’ailleurs le charme de cette série.

De la mort qui tue

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La wingsuit n’est pas évidente à contrôler, mais une fois qu’on la maitrise, c’est fun.
Impitoyable, c’est le mot !
Car la thématique récurrente de ce SSX nouvelle génération, c’est le danger. Ce n’est pas pour rien que certaines épreuves sont pompeusement appelée « Descentes de la mort ».
Elles sont au nombre de neuf, et mettent en avant les différents traquenards que la montagne peut mettre sur votre route : Les arbres, la roche, les précipices, le manque d’oxygène, le froid, l’obscurité, la glace, les avalanches et les tempêtes de neige.

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Votre équipement est défini par différentes caractéristiques variables.
Pour y faire face, il va falloir s’équiper en conséquence, avec des piolets pour carrer sur la glace, une lampe frontale pour affronter les ténèbres du Kilimandjaro, une wingsuit pour planer au-dessus des ravins, une bouteille d’oxygène pour respirer au sommet de l’Himalaya, etc.
Malheureusement, si tout cela nous offre un jeu au challenge plutôt corsé et introduit de légères notions de RPG, avec l’achat d’équipement plus ou moins efficace, il est regrettable de constater que chacun de ces « dangers » se cantonne à une seule région du globe.
Pas de mix, avec des pistes tantôt dans l’obscurité, tantôt très arborées, où on serait forcé de faire un choix cornélien dans l’équipement qu’on souhaite emporter avec soi.

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Rider la glace sans piolets, c’est un peu comme piloter une F1 sans freins.
Pire, les descentes qu’on attendait tous, à savoir celles bousculées par des avalanches, se font en vue de face, avec une caméra particulièrement éloignée (un peu à la manière des clips de riders qu’on peut voir à la télé ou sur Youtube), façon prise de vue hélicoptère.
Du coup, leur intérêt frise le zéro, alors qu’il y avait clairement matière à souiller son calebar. Franchement, le mec qui a eu cette idée stupide au brainstorming chez EA, mériterait qu’on lui plonge les couilles dans la neige un soir de blizzard pour avoir gâché le kif de millions de joueurs. M’enfin…

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Le manque d’oxygène vous fait perdre connaissance. Mais la vitesse est un bon moyen d’y pallier.
A noter d’ailleurs, qu’outre les neuf descentes de la mort, qui constituent un peu le summum de la difficulté et autour desquelles s’articule la « campagne » solo, on retrouvera bon nombre d’autres pistes où vous aurez tout le loisir de tester votre équipement.
Car avec ses 150 descentes (en réalité 70 parcours, en épreuve course et épreuve tricks), il y a largement de quoi faire. D’autant plus qu’un bon tiers d’entre-elles vont vous en faire sacrément baver.

Tire-fesse book

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La présentation des persos façon BD, en anglais non sous-titré, ça aussi ils auraient pu l’éviter.
Il est d’ailleurs dommage que Electronic Arts se soit contenté de simples variations autour de la vitesse pure et des tricks. On aurait aimé retrouver, comme par le passé, des épreuves plus variées et plus courtes… juste pour le fun.
Où sont passés le Half-Pipe et le Big Air par exemple ? Où sont passées les pseudos compétitions officielles, organisées aux abords des stations ?!
Même les courses ne se font pas à plus de quatre riders, quand dans les anciens SSX on pouvait se tirer la bourre contre sept adversaires.

Même chose pour le multi, qui voit disparaitre le jeu à deux, en écran splitté. Pourtant grosse source de fun sur canapé.
En lieu et place, on se retrouve avec du multi en ligne, et surtout une compétition virtuelle aux allures de réseau social, à la manière de l’Autolog des récents Need For Speed.

Bon, il faut reconnaitre que c’est plutôt bien foutu.
On peut entrer dans n’importe quelle compétition, via une dotation, et tenter de se classer parmi les meilleurs pour remporter un maximum de crédits. Ou tout simplement signer un temps référence en mode Exploration, qui sera alors publiée sur le « mur » de vos amis, afin qu’ils puissent tenter de le battre.
014-96.jpgCela donne alors des joutes par chrono interposé, sans qu’il y ait besoin que tous les participants soient réunis au même moment.
Autre détail amusant, on peut placer des géotags, sortes de petites mapmondes lumineuses en fil de fer, qu’on planque dans les endroits les plus inaccessibles. Ceux-ci vous rapporteront plus ou moins d’argent, en fonction de leur valeur, jusqu’à ce que l’un de vos amis les trouve et les ramasse.
Le seul hic, c’est que la majeure partie du temps, ces géotags sont placés au fond des ravins, ce qui vous force à vous suicider pour le récupérer. C’est un peu débile.


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Le multi est vraiment sympa et complet, mais uniquement online.
Fort heureusement, une chute ne sera pas toujours synonyme de défaite, puisque le jeu propose un rewind, à la manière de ce qu’on trouve désormais dans les jeux de courses automobiles, pour remonter le temps et revenir quelques secondes avant la chute mortelle.
Sauf qu’ici, le rewind est bien plus intéressant que ce qu’on a l’habitude de voir. Car s’il permet effectivement de forcer un retour rapide de votre snowboarder, il ne remonte pas réellement le temps.
En effet, pendant que vous vous amusez à remonter sur vos skis, le temps continue de défiler et, du coup, vos adversaires en profitent pour se faire la malle. Son utilisation est donc à proscrire, ou du moins à réserver aux cas de force majeure.
Par contre, j’aurai préféré qu’il soit attribué à la touche Select, plutôt que le bouton de tranche gauche (sur 360… sans doute L1 sur PS3). Car en l’état, il n’est pas rare d’appuyer dessus par réflexe ou inadvertance, et ainsi de perdre bêtement quelques précieuses secondes.

SSX or not?

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Les pistes proposent énormément de chemins différents.
Au final donc, les bonnes idées pullulent dans ce SSX nouveau cru.
Le jeu est long, varié, jouable, fluide et fun, et il offre en plus un challenge relativement conséquent, ce qui fait toujours plaisir dans cet océan d’assistanat qu’est devenu le jeu vidéo d’aujourd’hui.

Bref, SSX a tout du très bon, voire de l’excellent jeu, et je ne saurai que vous le recommander si vous êtes un tant soit peu friand du genre (ne serait-ce que pour avoir d’avantage d’adversaires à confronter à mes temps).
Toutefois, je ne suis pas certain qu’on puisse encore vraiment l’appeler SSX, tant il dénature la saga et s’affranchit d’un bon paquet de ces choses qui faisaient l’essence de la série.



Clairement, on est loin du gâchis des licences Def Jam et Burnout, mais selon moi, Electronic Arts a encore failli dans sa tâche.
Malgré tout, des ratés comme celui-ci, j’en veux bien tous les mois !

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