OIO, silence ça pousse

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Un personnage dur comme du bois qui balance sa semence un peu partout, non je ne vais pas vous parler de DSK, mais bien d’OIO, le premier jeu d’un studio indé français.

Limbo écolo

Vous n’avez peut être pas encore entendu parler d’OIO et je ne vais pas vous jeter la pierre vu que moi non plus je ne connaissais pas son existence avant que l’on nous propose de tester « un jeu de plateforme indépendant français un peu dans le style de Limbo ». Forcément il n’en fallait pas plus pour raviver en moi les bons souvenirs du titre de Playdead et la flamme patriotique déjà exacerbée par les envolées lyriques de François Hollande lors du dernier débat avec Martine Aubry et le parcours fantastique de l’équipe de France de rugby à la Coupe du Monde.

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Des personnages comme figés dans le temps, une bonne idée pour une narration en filigrane, visuelle et intégrée au gameplay.
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Qui a dit que les rayures n’étaient plus à la mode ?
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L’acier c’est l’industrie et donc le mal, c’est bien connu.

Dans OIO, on contrôle un petit personnage humanoïde en bois à la bouille très attachante avec ses deux gros yeux ronds et un peu tristes façon Wall-E. Un attachement amplifié par la solitude de ce petit bonhomme esseulé dans un monde souterrain peuplé uniquement de silhouettes inanimées. C’est d’ailleurs la force de l’histoire d’OIO, à savoir qu’il n’y a en fait pas vraiment d’histoire à proprement parler. Il y a bien une progression au fil des niveaux et même une fin, mais les développeurs ont intelligemment su ne pas s’embarrasser du bon vieux scénario traditionnel pour y préférer une forme de gameplay narratif où les thématiques de l’histoire sont juste évoquées par les décors et les personnages immobiles plutôt que lourdement assenées par des dialogues et des cinématiques qui n’auraient surement pas manqué de rendre cette fable écolo assez naïve voire même ridicule, alors que là tout en faisant l’économie d’un scénario (au sens propre et figuré) Uncanny Games est parvenu à faire un truc cohérent et évocateur de manière symbolique et allégorique dans la simplicité ce qui contrairement à ce qu’on pourrait croire n’est pas forcément le plus simple à faire.

Une graine qui ne demande qu’à germer

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Le jeu vidéo pour les joueurs à la main verte.
Au niveau du gameplay aussi les développeurs ont fait dans la simplicité avec un jeu de plateformes en 2,5D assez classique dont l’originalité est l’utilisation de graines. Deux sortes de projectiles qu’il faut utiliser, l’un faisant pousser des troncs d’arbres sur des espèces de bourgeons et l’autre permettant de détruire ces troncs car il n’est possible d’en avoir que trois à la fois. Un idée de gameplay intéressante en adéquation avec la thématique du jeu et qui va permettre de résoudre des puzzles la plupart du temps assez simples, même si certains demanderont un peu plus de réflexion notamment pour retrouver les bouts de parchemins plus ou moins cachés dans les 12 niveaux aux noms de meubles Ikea et qui permettent de dévoiler une fresque racontant l’histoire de la peuplade.

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Le feu, une bonne idée un peu tardive qui aurait pu être un peu plus creusée.
Un premier jeu indépendant qui allie talent et créativité, mais dont on sent quand même qu’il s’agit d’un premier « petit » jeu (3-4 h de jeu, 7,99€). Le principal reproche que je ferais à OIO c’est que son évolution est trop tardive. Au fil des niveaux on sent la progression de l’aventure du personnage dans des décors qui évoluent petit à petit, mais surtout à partir du 4 ou 5ème niveau. De même le gameplay fait trop dans la redite dans les premiers niveaux en n’explorant de nouvelles idées comme le feu ou les boutons qu’assez tardivement. Autre point qui m’a un peu déçu, la musique qui prend parfois des airs de plages électro-atmosphériques assez sympa, mais qui finit par moments à sonner un peu comme une musique d’ascenseur là où il aurait peut être été plus en adéquation avec le reste du jeu d’avoir quelque chose de plus subtil et effacé, d’autant que le jeu parfois un peu piégeur (même si voir le perso exploser comme du petit bois sur des pics n’offre pas le plaisir SM qu’avec un petit enfant façon Limbo) nous amène à mourir assez souvent, à ressusciter assez souvent et donc à écouter la musique en boucle. Dernier petit point qui aurait pu être amélioré, les 100 « boules » à ramasser par niveau dont je n’ai pas trop compris l’intérêt car dans 99,9% des cas il n’y a aucune difficulté à toutes les ramasser au contraire des 3 éléments de fresque. Des petites critiques qui ne sont pas du tout rédhibitoires, mais juste à mon avis le révélateur de ce qu’est le jeu et ce qu’il doit donc être pris pour, à savoir un premier petit jeu indé globalement très réussi qui porte en lui les promesses d’un jeune studio à surveiller de près.

Pour un premier jeu indépendant, il faut saluer le travail et la patte d’Uncanny Games qui a réalisé un jeu de plateforme et une fable écolo cohérente et plaisante très encourageante pour l’avenir du studio.

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