Nintendo Switch, et si on faisait le point ?

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Jeudi soir (enfin, vendredi matin plutôt), Nintendo levait le voile sur sa Nintendo Switch, entraperçue quelques mois plus tôt. Prix, date, line-up, on commence à y voir plus clair sur la nouvelle console de salon de BigN. C’est donc l’occasion idéale pour faire le point…

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La console sera vendue en grise ou en version plus colorée.
Après le bide retentissant de la WiiU, Nintendo cherche désormais à rebondir avec la Switch, en espérant secrètement revivre le succès indécent qu’ils ont connu avec la Wii. Pour ce faire, ils nous proposent aujourd’hui une console axée sur le jeu à plusieurs et l’hybride TV/Tablette pour offrir un côté nomade inédit à leur machine. Côté technique, la console est un poil en-deçà d’une Xbox One. Elle n’a pas spécialement à rougir de la concurrence, d’autant que Nintendo n’a jamais considéré la performance graphique comme une priorité. Tous les voyants semblent donc au vert pour un retour de la firme nippone sur le devant de la scène. Sauf que Nintendo fait encore du Nintendo et se saborde tout seul.

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Pour jouer avec un joycon seul, mieux vaut ne pas avoir de trop gros doigts…
Le premier problème déjà, c’est le prix : La console est vendue 329 euros en Europe. Dans l’absolu, c’est plutôt abordable pour une nouvelle machine, mais un peu trop cher lorsqu’on la confronte à la concurrence. D’autant plus que Sony comme Microsoft, installés depuis un bout de temps déjà sur le marché, viennent justement d’entrer dans leur période de rabais, et proposent nombre de bundles tous plus accessibles et attractifs. Or, à ce prix-là, Nintendo ne propose que la console, sa tablette et deux joycons (les manettes qui se… « switchent » sur la tablette). Si vous voulez un jeu avec (ce qui peut servir), c’est minimum 50 euros de plus. Si vous préférez jouer avec un pad traditionnel, c’est 70 euros. Et si vous voulez jouer jusqu’à 8 en local, c’est possible, mais il vous en coûtera 50 euro le joycon supplémentaire. Enfin, du côté du service en ligne, Nintendo s’aligne sur la concurrence en proposant eux aussi un abonnement mensuel. Notez toutefois qu’il ne deviendra payant que vers la fin de l’année. Les joueurs pourront donc l’essayer gratuitement les premiers mois.

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Les développeurs de Bravely Default annoncent Octopath Traveler sur Switch.
L’autre souci, c’est les caractéristiques de la machine en elle-même. En plus du branchement TV classique, inhérent à toutes les consoles de salon, la Switch propose une tablette pour jouer sur un deuxième écran. Or, l’autonomie tombe à un peu plus de deux heures lorsqu’on joue en mode tablette (jusqu’à 6h annoncé). Bien trop peu donc pour que la Switch puisse être vraiment considérée comme une console portable. Certes, pouvoir continuer à jouer à son jeu lorsque Madame (ou Monsieur) squatte la télé, c’est une bonne idée. Mais ça reste relativement gadget. De plus, Nintendo propose de jouer de mille façons différentes, avec le joycon seul, switchés sur la tablette ou sur un support les transformant en une sorte de gros pad carré, voire de jouer avec un pad pro plus classique. J’ai peur qu’à trop vouloir s’éparpiller, ils finissent par perdre le consommateur ; notamment lambda, qui a besoin d’être pris par la main.

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Travis Touchdown va faire son grand retour avec No More Heroes 3, en exclu.
Enfin, le principal problème de la Switch, ce sont les jeux. Mis à part Zelda Breath of Wild, Nintendo ne propose rien pour son lancement. Et encore, même si le jeu paraît très séduisant, il n’en reste pas moins un jeu WiiU, adapté à l’arrache sur la génération suivante. Même Mario, qu’on se tape 72 fois par an dans autant d’itérations et spin-off, ne devrait pas arriver sur la console avant l’automne. Bien sûr, de nombreux autres titres ont été annoncé, dont Xenoblade 2 ou encore un tout nouveau J-RPG par les auteurs de Bravely Default, mais ce ne sera sans doute pas pour tout de suite… 2018, au mieux (annoncés toutefois pour 2017). Ça fait quand même presque une année complète sans le moindre jeu à se mettre sous la dent, ou presque (j’avais oublié Splatoon 2 cet été). Alors oui, Ubisoft propose tout une batterie de titres type Just Dance ou Rayman, et EA sortira FIFA, Bethesda Skyrim, mais qui va acheter une Switch pour jouer à des jeux que tu trouves ailleurs, en mieux ? Sans parler du fait que la plupart des jeux proposés sont des titres destinés au grand public, alors que la cible de Nintendo pour cette première année c’est ses core gamers. Ces fans de la première heure qui se touchent la nouille sous la douche en pensant à Peach ou Samus. Ce n’est pas eux qui vont acheter Just Dance

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Le mode Tablette est sympa, mais l’autonomie de 2h calme les ardeurs…
Bref, tout ça fait qu’il y a fort à parier que Nintendo se vautre encore dans les grandes largeurs avec leur nouvelle machine. Et s’ils ont pour le moment le soutien des éditeurs-tiers (hormis EA qui ne sort que Fifa), ça ne durera qu’un temps. Si les ventes ne sont pas au rendez-vous, les éditeurs s’en iront. Heureusement, la console sera dézonnée et pourra donc accueillir les jeux américains et surtout japonais. Les fans les plus hardcore pourront donc se tourner vers le marché nippon pour se procurer des jeux ; du moins ceux qui pourront faire abstraction des barrières de la langue.

Pour les plus motivés, la Switch sera disponible le 3 mars prochain. On lui souhaite bien du courage…

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