Madworld, sang pour sang fun !

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Quand des japonais lorgnent du coté de la culture ricaine, ça donne Madworld, un jeu complètement barré où le mot ultraviolence prend tout son sens.

Adult only

On a souvent reproché à la Wii, et à raison d’ailleurs, d’être trop grand public, trop axé kids. Pourtant, il faut reconnaitre qu’en de rares occasions, celle-ci sait se dévergonder pour nous séduire. Cela a commencé avec No More Heroes et son coté subversif ; voire sa violence si on excepte la pitoyable version européenne censurée (un comble). Puis, peu à peu, un maigre catalogue de titres « adultes » s’est incrusté dans la vaste et inégale ludothèque de la console. Avec plus ou moins de réussite, les Resident Evil 4, Bully et autres Deadly Creatures sont venus côtoyer les jeux d’équitations et autres party games tous plus mauvais les uns que les autres. Et aujourd’hui, la console va encore plus loin, en accueillant ce qui est sans doute à l’heure actuelle, le jeu le plus violent du moment. Une violence outrancière tellement exacerbée qu’elle en perd toute crédibilité et devient drôle. Car, si on sort les choses hors contexte et qu’on parle d’un jeu dont le seul but est de démembrer, décapiter et empaler ses adversaires ça peut paraitre un brin choquant (si si). Pourtant, ici la violence est tellement poussée à son paroxysme et les situations tellement exagérées que le jeu prend presque des allures de parodie. Je dis bien « presque ». N’allez pas vous plaindre si votre femme s’étonne de voir votre petit garçon de 8 ans s’amuser à éviscérer ses camarades comme il l’a vu dans le jeu. Faudra pas me sortir l’excuse « Euh oui, mais Fylo il a dit que c’était une parodie. Alors moi j’ai cru bon… ». Non, même s’il est drôle, Madworld n’en reste pas moins un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains. Mais si la vue du sang ne vous fait pas défaillir, que votre profil psychologique ne vous a pas trouvé une quelconque pathologie meurtrière et que vous cherchez un bon jeu d’action qui ne se prend pas au sérieux, alors Madworld est fait pour vous.

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Plus vous ferez subir de supplices à vos ennemis, plus vous marquerez de points.
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Le chara-design des boss de fin de niveau est particulièrement soigné.
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Même les mini-boss qu’on rencontre ça et là au milieu de l’aventure sont réussis.

Naissance d’un héros

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Il est clair que le jeu ne s’adresse pas aux plus jeunes…
Le plus curieux dans tout ça, c’est que je pensais aborder ce jeu en toute connaissance de cause. Et d’ailleurs, les premières minutes n’ont pas trahi mes attentes : Quelques imprécisions dans les contrôles mais une bonne dose de fun et de grand n’importe quoi baigné dans des litres et des litres d’hémoglobine. Par contre, ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est qu’une réelle histoire puisse se cacher derrière tout cela. Bon, je pensais bien qu’il y aurait un scénario ; mais honnêtement je ne m’attendais pas à ce que ça tienne sur plus d’une ligne. Genre : « Jack arrive sur une île où toute civilité a disparu alors il décide de leur défoncer la gueule à tous. » Alors bien sûr, il ne faut pas s’attendre non plus à du Woody Allen ou du Gus Van Sant et penser que notre aventure se basera essentiellement sur la psychologie des personnages. Mais pour ce que je pensais n’être qu’un simple jeu d’action ; c’est assez élaboré. J’éviterais volontairement de m’étendre sur le sujet puisque l’histoire ne se révèle que tardivement dans l’aventure. Inutile de vous spoiler, mais sachez juste que si l’influence de Running Man et New York 97 parait flagrante dès le début ; cela va tout de même au-delà par la suite. La téléréalité est clairement montrée du doigt, mais les dérives du pouvoir politique font aussi parti du message qui se dessine au cours de l’aventure. D’ailleurs au chapitre des influences, la plus notable reste encore celle de Sin City. D’une part, le traitement visuel jouant sur le contraste entre le noir et le blanc, taché ça et là de rouge et de jaune nous ramène directement aux travaux de Franck Miller. Mais plus encore, ce sont les traits de Jack, marqués et bourrus, qui nous font irrémédiablement penser à Marv, le héros de Sin City. Tant mieux aurais-je envie de dire. Car largement influencé ou non, Jack n’en reste pas moins un vrai héros charismatique de jeu vidéo comme on aimerait en voir plus souvent. Il a une gueule, comme on dit. Et ça c’est encore bien trop rare.

Le meurtre facile

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On trouve tout plein d’armes pour varier les exécutions…
Mais malgré son style définitivement accrocheur et sa violence exacerbée, j’avoue que je m’attendais à une maniabilité peu inspirée. Tout cela sentait bon le jeu d’action injouable qui ne se résumerait qu’à une sorte de QTE géant. Il faut dire que les quelques jeux d’actions présents sur la Wii n’étaient pas là pour me rassurer. Et là encore, je suis bien content de m’être trompé ; enfin à moitié. Car même si le résultat dépasse mes espérances, on est tout de même loin du jeu parfaitement maniable. Il demeure de nombreuses imperfections, notamment autour des mouvements de caméra (décidément la bête noire des développeurs). Il arrive donc assez fréquemment de frapper dans le vide ; d’autant plus que le système de lock, bien présent, est délicat et pénible à utiliser. Les mouvements à réaliser à la wiimote pour les différents coups et exécutions ne souffrent par contre pas de problèmes majeurs, tant la plage de tolérance dans les mouvements est grande. En fait, les seuls moments où la tolérance est bien plus réduite, c’est surtout dans les exécutions de Death Blade, sorte de faucheuse sur patins à roulette qu’il faut éviter à tout prix sous peine de voir la tête de Jack s’exiler de son tronc. C’est dans ces moments là qu’on voit les faiblesses de la Wii et de son contrôleur très approximatif (vivement le Wii Motion Plus bordel !). Le niveau de Death Blade m’aura ainsi donné beaucoup de fil à retordre alors que l’ensemble du jeu est plutôt facile (faut dire que l’I.A. n’est pas ce qu’on a vu de mieux dans le genre, loin de là). Et comme il n’existe aucun checkpoint (comprenez que la perte de vos trois vies dans un niveau vous forcera à le recommencer du début, même si cette mort survient contre le boss de fin), certains passages peuvent jouer avec vos nerfs et faire de vous un serial killer si vous êtes un tant soit peu influençable (J’ai failli démembrer le facteur qui sonnait à ma porte pendant que je me faisais découper par le Death Blade). Mais bon, malgré ces quelques errances et de nombreux petits défauts qui s’accumulent, Madworld n’en reste pas moins un excellent jeu dans lequel on a plaisir à évoluer. Un, non LE , Must Have de la console !

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Le jeu propose de superbes idées déco pour habiller votre intérieur.
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Les scènes à moto ne sont pas chiantes, mais n’ont malgré tout que peu d’intérêt.
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Ces enfoirés de morts-vivants, c’est vraiment la plaie.

Allez j’ose ? Ouais, j’ose : Madworld est juste à ce jour, le meilleur jeu de la console. Et c’est peut-être bien aussi le meilleur jeu de ce début d’année, toutes plateformes confondues. Il est surprenant, violent, drôle et intelligent et son héros est un vrai héros comme on les aime. Alors au diable les quelques petits défauts quand le plaisir est à ce point incommensurable.

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