MGS HD Collection, 10 ans dans ma geule

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Metal Gear Solid 2 et 3 sont deux de mes plus grands souvenirs de joueurs, mais est ce une si bonne idée de vouloir revivre des instants du passé ?

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10 ans plus tard la prise en main de MGS2 est une plaie.

Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty

A l’annonce de Metal Gear Solid HD Collection je me souviens avoir un peu fait mon malin : « Quoi ?! Ils vont recoder une vraie caméra 3D pour Metal Gear Solid 3, mais c’est du révisionnisme artistique. MGS3 sans caméra foireuse c’est un peu comme Resident Evil sans scénar de série Z! Un jeu soit tu fais un portage HD sans toucher au gameplay soit tu fais un vrai remake, mais pas un truc bâtard entre les deux qui dénature l’œuvre originelle ». Mais bon, après m’être essayé au jeu je dois bien avouer que j’ai un peu révisé ce jugement à l’emporte pièce à cause d’un constat quasi immédiat : Metal Gear Solid 2 avec nos standards de maniabilité actuels post Splinter Cell est pratiquement injouable et du coup c’était peut être pas une si mauvaise idée la nouvelle caméra de MGS3.

Un constat brutal même qui m’a ramené 10 ans en arrière quand avec mon bac en poche et l’insouciance de mes 18 ans je m’essayais enfin à cette suite tant attendue et tant fantasmée au fil d’articles lus dans les magazines spécialisés (parce que oui, il y a 10 ans on lisait encore des articles et imprimés sur du papier carrément). Déjà à l’époque il faut bien reconnaître que le jeu n’était pas un modèle de jouabilité, mais ça ne m’avait pas empêché de prendre beaucoup de plaisir sur le jeu et même de le refaire un certain nombre de fois avec la combi d’invisibilité, le bandeau pour les munitions infinies ou même une fois juste à passer des heures à faire un safari photo avec l’appareil présent dans le jeu.

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Raiden et ses poses viriles.
Sauf que là une guerre en Irak, 2 présidents de droite, le changement climatique, la crise grecque, les consoles « next-gen »… bref une décennie plus tard, la donne a bien changé, mais pas le jeu. En même temps c’est quelque part normal, ils s’agit juste d’une version HD du titre histoire de rappeler des souvenirs aux vieux briscards qui avaient pesté contre la présence de cette tafiole de Raiden ou de permettre aux nouveaux venus de découvrir ce qui reste malgré tout un jeu culte avec son générique et sa scène d’ouverture mémorables (même si je ne comprends toujours pas à quel moment Snake attache son élastique avant de sauter du pont soit dit en passant) et son scénario de contrôle de l’information qui trouve une résonance toute particulière à l’heure de Facebook, Wikileaks et autres Anonymous. Mais donc au bout de quelques secondes de jeu à peine, la prise en main se révèle franchement désastreuse, à se demander comment Kojima et son équipe n’ont pas pensé à l’époque à utiliser un bouton pour se plaquer contre les murs plutôt que de gérer ça automatiquement et surtout quelle idée débile ils ont eu de faire gérer la caméra (partiellement) avec le stick droit en vue à la 3ème personne puis avec le stick gauche en vue FPS, sérieux c’est juste totalement débile, je m’en rends compte maintenant avec ma sagesse de quasi trentenaire. J’ai presque honte de le dire, mais MGS2 se révèle juste ultra pénible à jouer avec sa vue d’un autre temps et l’IA très limitée des adversaires avec leur routines du paléolithique vidéoludique. Du coup bon nombre de joueurs risquent d’être rebutés et de ne pas aller voir plus loin dans ce jeu et donc ne jamais connaître des expériences aussi essentielles que de regarder des oiseaux en vue à la première personne et se faire chier dessus, faire faire des cabrioles à poil à Raiden dans des couloirs, se battre contre un vampire ou encore de tenter de sauver la vie d’une geekette devant un coucher de soleil.

Metal Gear Solid 3 : Snake Eater

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La nouvelle caméra de MGS3, on se demande pourquoi ils n’y avaient pas pensé avant en fait.

Metal Gear Solid 3 a donc lui eu droit à une nouvelle caméra entièrement contrôlable par le joueur avec le stick droit alors que dans la version originale on ne pouvait bouger la caméra que légèrement par rapport à sa position de base fixe. Un ajout finalement appréciable qui ne dénature pas le jeu et apporte même une plus grande fluidité et liberté bien que cette cam et le perso restent assez rigides et qu’on atteigne pas le plaisir de mouvement d’un Splinter Cell il faut bien l’avouer. Presque paradoxalement même, dans certaines situations la « vieille » caméra fixe peut se révéler assez utile à cause du coté très scripté des routines des gardes et des angles de caméra prévus pour y coller. Rétrospectivement je me rends compte d’ailleurs que les environnements plus ouverts de MGS3 amélioraient déjà pas mal la maniabilité par rapport à celle du 2 même si il reste des détails encore très énervants comme Snake qui se relève dès qu’il rencontre un obstacle alors qu’il rampe au sol, pas terrible quand on se traine dans la boue précisément pour rester hors de vue des ennemis.

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C’est vrai que MGS fait parfois un peu dans la too-muchité niveau mise en scène.
Après MGS3 reste MGS3. Je ne rentrerai pas totalement dans tous les détails du jeu (je croyais que ce tocard de Fylo en parlerait dans sa critique du jeu sur 3DS) mais il est vrai que le titre de Kojima souffre de quand même pas mal de raideurs qui peuvent rebuter un certain nombre de joueurs. La première c’est bien sûr l’omniprésence de scènes cinématiques et de dialogues au codec interminables inhérents à la saga. L’autre c’est le design parfois un peu discutable de certains personnages. MGS3 Snake Eater apporte aussi pas mal d’éléments nouveaux dans la saga comme le trip survivaliste à la Man Vs Wild avant l’heure : on doit chasser et bouffer des animaux, se méfier des attaques crocodiles, soigner ses blessures ou encore choisir le camouflage adéquat selon l’environnement. Des idées intéressantes, mais parfois un peu contre-productives comme lorsqu’il devient juste chiant de changer de costume à chaque nouvelle zone ou que l’on doit mettre pause toutes les 5 minutes pour soigner un bras cassé face à un boss.

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Le Snake du début de MGS3…
Malgré ces critiques et réserves, MGS3 reste pour moi un jeu culte également. Culte principalement à cause de la transformation psychologique et même physique du personnage de Snake qui devient Big Boss au cours du jeu. Un sentiment de voir évoluer un personnage au travers d’une histoire que je crois n’avoir jamais vu avant ni même après. Culte également pour sa narration, peut être trop présente en effet, mais qui en fait un véritable film interactif. Culte enfin pour certaines scènes comme des combats contre des boss aux looks et abilités très « comics » et surtout deux scènes qui sont parmi les plus belles que j’ai jamais eu l’occasion de voir dans un jeu vidéo : celle de la rivière où Snake affronte les fantômes des gardes qu’il a tués dans le jeu et le combat de fin contre son mentor dans un champs en fleur juste sublime.

Metal Gear Solid : Peace Walker

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…est devenu le Big Boss en perdant une oeil et en gagnant une barbe.
En ce qui concerne Metal Gear Solid : Peace Walker, là encore je ne rentrerai pas trop dans les détails du gameplay pour lesquels vous pouvez aller lire ma critique de la version PSP en zappant toutes les critiques que je fais sur la console en elle-même et qui n’ont plus lieu d’être là. Ce dont je vais vous parler en revanche, c’est ce qui m’a frappé en refaisant le jeu et surtout après avoir refait le 2 et le 3 aussi avant, c’est donc de noter l’évolution de la maniabilité des jeux qui se rapproche ici vraiment d’un Splinter-Cell-like. Quelque part je ne peux m’empêcher de voir ça un peu comme un constat d’échec de la part de Kojima et de sa team qui ont dû revoir leur copie en terme d’ergonomie sans pour autant parvenir à se défaire d’une raideur persistante dans la prise en main et dans les mécaniques de jeu.

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Mais pourquoi diantre avoir inclus Metal Gear 1 et 2, mais pas Metal gear Solid 1 ?
Ce constat peut paraître amer, mais ce qui ressort pour moi de ce Metal Gear Solid HD Collection c’est que certains souvenirs font parfois mieux de rester à l’état de souvenir. MGS 2 et 3 sont pour mois deux jeux cultes (le 1 aussi bien sur, mais ils ne l’ont pas inclus dans la collection alors que les Metal Gear 1 et 2 si, allez comprendre) qui ont marqué ma vie de joueur il y a quelques années, mais des jeux qui resteront cultes pour ceux qui les avaient faits à l’époque, mais qui resteront incompris par ceux qui n’avaient pas accroché ou qui n’avaient pas eu l’occasion d’y jouer à l’époque.

https://youtube.com/watch?v=64NcNhp0atM

Au final l’intérêt de ce Metal Gear Solid HD Collection c’est pour moi un truc tout con de principe : la possibilité de rejouer à ces jeux (même si c’est donc pas la panacée des années plus tard) parce que mine de rien vous je ne sais pas, mais moi ma Playstation 2 ça fait quelques temps qu’elle ne marche plus et donc le seul moyen de pouvoir jouer à MGS 2 et 3 (vu qu’il n’y a pas le 1 je le répète) c’est ce HD Collection. Là normalement si vous avez bien suivi vous devez vous dire : « non, mais il est paradoxal ce mec, il nous dit qu’il faut laisser les souvenirs au passé parce que les jeux ont mal vieilli, mais que c’est bien d’avoir un remake HD pour y rejouer ! ». Ce à quoi je répondrai que oui, je suis paradoxal, mais que surtout même si ce revival a été pour moi décevant par rapport à mes souvenirs c’est quand même appréciable d’avoir la possibilité de rejouer à ces jeux au nom de la préservation de nos œuvres numériques pour le futur. Tiens c’est marrant comme quelque part on en revient au thème de MGS2, celui des traces que l’on va laisser derrière nous aux générations futures à l’heure de la société de l’information.

Quelque part je suis un peu triste de voir que ces jeux aient si mal vieillis (aussi parce que ça ne me rajeunit pas moi même), mais en même temps ça me permet de noter que le média n’a pas si mal évolué depuis et que je ne suis pas encore complètement un vieux con à radoter sur le passé et ça c’est plutôt cool je trouve.

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