Les grands débats du jeu vidéo : VF vs VO

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En 2011, alors que le jeu vidéo commence à toucher toutes les tranches d’âges et classes sociales, le jeu vidéo a encore du mal à s’affranchir de ses vieux travers lorsqu’il est question de doublage.

Investissements

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Le jeu vidéo cherche à copier le cinéma, mais est encore trop tâtonnant pour que ça fonctionne… Un conseil : N’oubliez pas que votre jeu vidéo doit rester un jeu vidéo.

Ce n’est plus une surprise pour personne, mais aujourd’hui le jeu vidéo tend de plus en plus à se rapprocher du cinéma, que ça soit au travers de graphismes photo-réalistes, de véritables acteurs pour doubler les personnages, ou de mises en scène hollywoodienne faisant passer Michael Bay pour un réalisateur de cinéma d’auteur. Toutefois, nous autres gamers vivons une époque charnière, bancale et tâtonnante où les éditeurs se contentent de copier ce qui existe de pire au cinéma, et oubliant ce qu’il y a de meilleur. L’une de ces tares communes à quasiment tous les éditeurs concerne le doublage et l’absence généralisée de mise à disposition des différentes pistes audio et sous-titres. Une aberration d’autant plus grande et frustrante, que ces pistes audio et sous-titres dans différentes langues existent bel et bien sur nos galettes. Ainsi, il suffit de configurer sa console en anglais pour jouer dans la langue de ces sales buveurs de thé (et de leurs cousins, ces enfoirés de buveurs de soda), mais il faut alors se passer des sous-titres français, pourtant existants afin que nos amis durs de la feuille puissent entraver quelque chose à l’histoire. J’imagine que les rendre disponible à tous ne doit pas prendre plus de dix minutes pour n’importe quel codeur manchot et trisomique, donc la raison d’un tel gâchis ne doit pas être une limitation technique.

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La première fois que j’ai entendu le héros de Darksiders se faire appeler Guerre… j’ai rebooté la console et l’ai passé en anglais. Faut pas déconner non plus !

Cette raison n’est pas bien difficile à comprendre et doit sans doute être en rapport avec les gros sous que dépensent les éditeurs dans la localisation de leurs jeux. Imaginez un peu la gueule des mecs de Bethesda, qui ont dû claquer 12 euros dans le doublage de Hunted : The Demon Forge (vu la qualité de ce dernier, s’ils ont dépensé plus c’est qu’ils se sont fait arnaquer), si tous ces cons de français optait pour la VO afin de préserver leurs capacités auditives. Du coup, afin d’éviter le gaspillage d’un argent qui manque si cruellement à cette industrie aux profits pourtant records, on préfère brider les jeux en ne proposant que la langue locale, ou pire, en proposant les autres langues via un DLC à la con, disponible six mois après que le commun des mortels ait torché le jeu en question (cf Fable III). Heureusement, de nos jours la localisation est généralement réussie, même si cela galvaude parfois l’intérêt du jeu (cf Darksiders et son héros au nom ridicule, Guerre, curieusement bien plus classe en anglais : War). Et puis, il faut bien avouer que comme pour le cinéma, il y a encore des joueurs qui préfèrent jouer en français plutôt qu’en vost.

Casting local

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Lire les sous titres en conduisant n’est pas forcément toujours très simple.

Cela peut se comprendre d’ailleurs, notamment pour ceux qui ont des difficultés avec cette langue. GTA nous a prouvé par le passé que lire des sous-titre tout en conduisant pied au plancher, dans le sens inverse de la circulation avec une armada de keufs au cul, n’est pas forcément évident pour tout le monde. Du coup, nombreux sont ceux qui ont du se passer de ces dialogues pourtant truculents entre le joueur et son ou ses passagers. Mais cela n’enlève rien au fait, qu’encore une fois, comme c’est le cas avec les jeux QTE, la 3D ou le motion-gaming, les éditeurs imposent aux joueurs des décisions plus décriées encore que Sarkozy dans un meeting de La fête de l’huma. Cette décision est d’autant plus dommageable, qu’à notre époque les acteurs les plus populaires (et/ou les plus doués) semblent de moins en moins frileux à doubler un jeu vidéo. Alors certes, je suis plutôt un partisan de la VO, mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est un gâchis incommensurable de faire appel à John Cleese pour donner de la voix dans Fable III, et devoir se contenter, nous autres cons de français, de Jacques Dugenou, pharmacien de son état et suivant des cours de théâtre à Cormelles-les-deux-alouettes un week-end sur deux. Alors non, je ne pars pas en guerre contre la VF. D’ailleurs, comme pour le cinéma, il m’arrive parfois de préférer la langue française… notamment pour les films/jeux d’action pop-corn, où le jeu des acteurs passe au second plan (voire au troisième).

Non, je pars en guerre contre cette pensée unique qu’on essaie de nous imposer. Contre cette volonté farouche qui anime les éditeurs lorsqu’il s’agit de raboter l’intestin grêle des joueurs. J’en ai clairement marre de me farcir les voix franchouillardes des commerçants du quartier quand nos amis outre-Atlantique peuvent compter sur des stars reconnues du grand écran. Et le pire dans tout ça, c’est que ce sont ces mêmes éditeurs qui viennent vous narguer peu avant la sortie du jeu, en balançant des communiqués de presse vantant la présence de tel ou telle acteur/actrice au casting de leur prochaine production. Qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à foutre puisqu’on ne pourra pas en profiter ? Surtout que, contrairement au cinéma (Films d’animation exceptés), le jeu d’acteur ne se ressent qu’au travers du doublage et pas via leur présence ou leur performance visuelle. Alors il est où le communiqué de presse nous annonçant la signature de Mauricette Durand pour doubler Lara Croft ? Il serait grand temps qu’on arrête de nous prendre pour des cons…

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