From Dust, éveille le dieu qui est en toi

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J’ai toujours aimé les god games, car il est difficile de résister à l’appel d’un jeu qui t’appelle Dieu.

Mauvais rêve

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Si cette statue représente dieu, et que le dieu de ce jeu, c’est moi… alors je suis un lama. CQFD.
Je l’ai sans doute déjà évoqué sur le forum, mais lorsque j’étais môme, j’ai eu ce qui reste l’un de mes pires cauchemars à ce jour, à cause d’un jeu vidéo. Ce n’était pas à cause de Silent Hill, ni même de Le Manoir de Mortevielle, mais à cause de Populous. Le jeu de Molyneux nous érigeait en dieu, dont le seul but était d’aplanir le terrain pour faire prospérer et évoluer son peuple d’adorateurs. Une fois leur nombre suffisant, on le sacrifiait alors sur l’autel de notre gloire, en déclenchant l’Armageddon ; ce qui les poussait à fondre tel un seul homme sur l’ennemi. Les plus nombreux l’emportaient. A la sortie du jeu, je m’étais rué pour l’acheter dès l’ouverture, au Micromania des Champs Elysées (à l’époque c’était un véritable spot), afin d’y jouer des heures durant, toute la journée. Résultat, l’une des pires nuits de mon existence, à voir des petits bonshommes grouiller tel des asticots, et moi enchainé comme un esclave, aplanissant le terrain pour l’éternité. Je n’ai plus jamais touché à Populous depuis cette nuit.

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Grâce au pouvoir du souffle, on peut prélever du sable, de la lave et même de l’eau pour la déplacer où l’on veut.
Et si je parle de Populous ce n’est pas un hasard. Non pas que From Dust m’ait provoqué des cauchemars, mais il existe bien des similitudes entre ces deux titres. La plus flagrante de toutes, c’est qu’il s’agit de ce qu’on appelle des God Games, où le joueur est considéré comme une divinité. Populous fut le précurseur du genre et From Dust son dernier représentant en date. De plus, à l’instar du titre de Molyneux, From Dust ne vous permet pas d’interagir avec vos adorateurs. Ceux-ci se développent seuls, se multipliant en fonction de la sérénité qui règne sur leur territoire. Votre seule influence sur leur comportement, c’est de désigner un point de ralliement vers lequel ils se dirigeront. Enfin, le titre d’Eric Chahi partage avec Populous ce goût immodéré pour la modification du terrain. Car si Populous nous demandait de l’aplanir, From Dust requiert que vous changiez la topographie des niveaux, afin de créer des voies d’accès ou tout simplement de sécuriser les villages face aux attaques incessantes de l’eau et du feu.

Hostilités

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Là, c’est la merde…
Car dans From Dust, la nature est hostile… très hostile. Elle est d’ailleurs, semble-t-il, à l’origine de l’extinction des anciens, sur les traces desquelles leurs descendants partent aujourd’hui. Il faut dire que ce monde est rythmé par les explosions volcaniques et les tsunamis… y a mieux pour bâtir un havre de paix, non ? Heureusement, en tant que dieu, vous êtes plutôt magnanime. Dès lors, vous usez de vos pouvoirs divins pour aider votre peuple à se reconstruire au lieu de les laisser se démerder seuls, comme le font nos supposés dieux, à nous pauvres humains. Des pouvoirs qui se gagneront tout au long de l’aventure, permettant de jouer avec les éléments, de figer l’eau, de créer un trou noir capable d’absorber la matière ou de déverser des tonnes de sable, comme sorties d’un chapeau. Ceux-ci sont obtenus à l’aide de totems, érigés au centre des différents villages. Si bien que la perte d’un village, peut vous faire perdre des pouvoirs, rendant certaines situations très délicates.

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Le pouvoir de repousser les tsunamis est impressionnant. S’ils avaient eu ça à Fukushima…
D’autant plus que le monde de From Dust ne laisse aucun répit. Celui-ci est en constante évolution et subit les caprices de la nature. Ainsi, une éruption volcanique qui paraît sans danger de prime abord, peut se révéler un véritable fléau avec la création de roches promptes à dévier la course des torrents de lave qui se déversent du cratère. Et lorsqu’on doit protéger plusieurs villages à la fois, tout en se créant un chemin vers les totems encore inaccessibles, cela devient un véritable casse-tête, doublé d’une course contre le temps. A ce titre, From Dust tient tout autant du Tower Defense, avec ses barricades naturelles à construire, ses arbres à eau et arbres à feu à planter, etc. Cela permet au titre de se renouveler quelque peu, même si les derniers niveaux n’échappent pas au sentiment de redondance que je pensais trouver bien plus avant dans la partie.

Préhistoire

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Un paysage aussi joli et accueillant, ça donne envie de s’y installer !
Car il est vrai que From Dust peut parfois devenir répétitif. Ce qui est assez paradoxal puisque le monde évolue en temps réel et donc jamais de la même façon, d’une partie à l’autre. Pourtant, une fois tous les pouvoirs débloqués, on n’a guère plus de surprise et les situations semblent se répéter à l’infini. Heureusement, ce sentiment ne nous habitera pas bien longtemps, puisque le jeu n’est guère très long. Avec un minimum d’acharnement, en deux après-midi c’est torché ; du moins pour la campagne. Car après, il reste de nombreux petits défis à accomplir, histoire de passer le temps. Toutefois, ces épreuves au nom souvent humoristique, ne s’imbriquent pas de la meilleure manière dans l’univers du jeu à mon sens. S’ils sont parfois amusants et/ou retors, ces défis perdent en effet, toute la poésie de l’ambiance tribale qui règne dans la campagne.

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Jouez avec les arbres à eau pour contenir les incendies provoqués par les arbres à feu.
Car cette ambiance, c’est bien la véritable force de ce jeu. Entre une terre désœuvrée et agressive, et des hommes portant des masques de Crackers Belin, on a parfois l’impression de revenir aux origines de l’humanité. Même les animaux, qui peuplent les niveaux dès lors que la végétation les recouvre entièrement, ont un look des plus préhistoriques. Bref, From Dust s’inscrit parfaitement dans la tradition des Summer of Arcade, événement qui a vu naitre des titres tels que Limbo, Trials HD ou encore Shadow Complex, avec un produit joli, créatif et original… prouvant une fois encore l’intérêt grandissant des jeux téléchargeables (versus les jeux boites copiés/collés). Bien sûr, tout n’est pas parfait et on aurait espéré une nature un peu plus variée, d’avantage d’événements aléatoires pour briser la monotonie qui s’installe parfois, et toutes sortes d’astuces du genre pour diversifier un peu l’expérience. Mais ça n’empêche en rien de ressortir conquis de cette aventure exceptionnelle, au sens premier du terme.

Une ambiance empreinte de poésie et de spiritisme tribal, une nature aussi belle que capricieuse et hostile, pour un jeu diablement envoutant, mais un brin répétitif sur la fin.

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